Internet calédonien : état des lieux

Suite à la contribution de melkoni ayant soulevé la polémique au sujet des nouveaux contrats d’abonnement à internet de la filiale de l’OPT-NC (Lagoon), certains internautes proches de Calédosphère se sont intéressées au fonctionnement d’internet.

Il n’a échappé à aucun internaute calédonien que tous les fournisseurs d’accès (FAI) ne sont pas égaux quand il s’agit de qualité de connexion. En la matière, deux mesures servent de référence pour évaluer la performance de l’opérateur : le temps de réponse, ou ping, exprimé en millisecondes (ms), et le débit, c’est-à-dire la vitesse de téléchargement instantanée, exprimée sur l’écran de l’utilisateur le plus souvent en ko/s ou Mo/s selon les cas (le « o » signifiant « octet »). Des services tels que speedtest.net permettent de mesurer ces valeurs.

La difficulté pour cette seconde mesure qu’est le débit réside toutefois dans l’amalgame qui peut être fait avec les vitesses théoriques maximales vantées par le FAI dans ses publicités, qui sont exprimées en mégabits/s (Mb/s), et les vitesses réelles constatées par l’internaute, puisqu’il faut 8 bits pour compter un octet. D’autre part il existe parfois un certain fossé entre la théorie maximale et la pratique réelle, même après conversion…

Le travail du FAI consistant à « acheter des tuyaux » (la fameuse bande passante) à l’OPT au prix fort pour les revendre à ses clients à des tarifs abordables, il lui est nécessaire en pratique de « tasser » plusieurs abonnés sur un même tuyau, à la manière de la compagnie aérienne pratiquant le surbooking.

L’explosion récente des usages

Or, avec l’explosion récente des usages d’une part (Facebook, Youtube et autres vidéos en streaming) et la démultiplication des appareils connectés d’autre part, notamment sous l’impulsion du gouvernement de la Nouvelle-Calédonie via ses opérations MIPE ou « Education numérique pour tous », il devient difficile pour les FAI de partager les tuyaux dans les mêmes proportions qu’auparavant.

Afin d’optimiser le service fourni à leurs abonnés, les FAI utilisent donc des solutions techniques leur permettant de prioriser les flux (le « shapping ») ou de copier localement les plus gros fichiers, tels que les vidéos, pour les redistribuer plus rapidement (la « mise en cache »).

Une autre solution possible consiste à instaurer des quotas afin de forcer les internautes à se limiter dans leurs usages durant les heures de pointe, pour canaliser les téléchargements en dehors de ces heures. C’est ce qu’a maladroitement entrepris Lagoon, avec la polémique que l’on connait, là où d’autres FAI, comme Nautile ou MLS, avaient réussi à proposer cette formule à leurs abonnés avec pédagogie et semble-t-il un certain succès.

La neutralité du net

Au-delà de ce débat technico-commercial, cette polémique récente soulève la question du principe de la neutralité du net, avec le risque de conduire à des accès à internet à deux vitesses entre ceux qui peuvent se le payer et les autres.

Aux USA, le débat sur ce sujet semble s’orienter vers la possibilité pour les opérateurs de faire payer les fournisseurs de contenus les plus gourmands en bande passante (Youtube, Netflix…). Des voix s’élèvent de façon originale pour dénoncer cette proposition.

En Europe, l’avancement des travaux de la proposition de règlement sur la neutralité du net, adoptée récemment en 1ere lecture par le Parlement Européen, sera étudiée par les ministres du Conseil de l’Union ce 6 juin.

En Calédonie, la question semble pour l’instant se discuter de façon confidentielle entre l’OPT et les FAI. Considérant que les internautes calédoniens doivent connaitre les tenants et les aboutissants de ces discussions, nous entendons suivre ce dossier au plus près afin d’informer en temps réel les utilisateurs du Web local quant à leurs futures conditions d’abonnement…