Avec elle, ça ne change pas

Cinq mois après avoir remporté l’élection municipale de Nouméa, Sonia Lagarde semble être au cœur des critiques. Absences des élus, manque de leadership, discours ambigu, projet en stand-by, communication inexistante… certains s’interrogent. Ambiance.

« Ça se passe plutôt mal » La réflexion ne vient pas d’une adversaire politique mais bien d’une proche de la députée-maire. Bien intégrée au sein du microcosme politique local, celle-ci évoque les soucis que traverse son « amie de vingt ans » aujourd’hui à la tête de la plus grande commune du territoire.

Des « couacs » à répétition

Les auditeurs branchés sur leur radio ce matin ont du s’étonner. Interrogé sur la rénovation du mur d’escalade par les journalistes, à la surprise générale, c’est le maire honoraire Jean Lèques qui a pris la parole pour défendre l’action municipale. Celui qui n’exerce plus de mandat exécutif depuis le 30 mars dernier est sur le front quand l’équipe de Sonia Lagarde brille par son absence dans les médias, et ailleurs… Ainsi, dimanche dernier, pour la première fois de mémoire de Nouméens, la coupe Clarke s’est déroulée sans que la mairie de Nouméa soit représentée ni par son maire, ni par son 1er adjoint. Une absence qui a fait les choux gras de l’opposition municipale qui se gausse de cet « amateurisme » sur les réseaux sociaux et qui critique de manière de plus en plus audible la gestion « déstructurée » de cet « Etat dans l’Etat » que représente la mairie.

« Ça va nous péter à la gueule »

Elue sur le thème de « Changer la ville », Sonia Lagarde avait su faire naitre de nombreux espoirs chez ses partisans qui s’attendaient à voir émerger rapidement des projets structurant en terme de rééquilibrage entre les quartiers, de lutte contre l’insécurité et qui attendaient un nouveau souffle dans les domaines économiques et culturels. Un espoir qui commence chez certains à se muer en véritable désillusion face à l’absence de réforme. En effet, interrogé sur le sujet, l’un de ses propres conseillers municipaux en vient à confier sur un ton désabusé :

Il faut se rendre à l’évidence, pour l’instant y-a rien qui avance et si ça continue, ça va nous péter à la gueule

Forte de ses plus de 1200 agents et de dizaines de milliards de budget, la mairie de Nouméa – qui a presque toujours vécu sous la même ligne politique – est un mastodonte que Sonia Lagarde aurait encore bien du mal à dompter. Confrontée à des équipes mises en place sous l’ère Yanno-Lèques et à une administration sur le qui-vive, la députée-maire a, semble-t-il, choisi de laisser le temps au temps, au grand désarroi de ses administrés.

A la recherche d’un cap

D’autant plus que celle qui fut la 1ère femme députée de Nouvelle-Calédonie a choisi de repousser la date de sa démission de l’assemblée nationale. Pour l’un de ses élus :

Evidemment elle fait ce qu’elle veut, mais elle a encore dû partir à Paris près d’un mois. C’est autant de temps où elle ne peut pas être à son poste ou sur le terrain

Pressée de question sur le sujet depuis la campagne électorale, Sonia Lagarde souhaite éviter les contacts avec les médias. D’ailleurs, les journalistes de la place se plaisent à rappeler qu’aucune conférence de presse n’a jamais été organisée par la mairie depuis le changement de majorité. Méfiance mutuelle ? Rien n’est mois sûr. Faut-il alors s’étonner qu’ils se tournent vers une figure connue et accessible, c’est-à-dire Jean Lèques ?

Sans cap clair, sans annonce d’envergure et entourée de ce que ses détracteurs considèrent encore comme des « novices », Sonia Lagarde risque d’apparaître bientôt comme déconnectée des préoccupations des Nouméens qui, pour leur immense majorité, ont de grandes attentes quant à l’avenir de leur ville.