Ligeard se prend-t-elle pour Sarah Palin ?

Dans le dernier « Challenge », la présidente du gouvernement continue à axer sa communication sur sa personnalité et, désormais, sur ses croyances religieuses. Un positionnement qui rappelle celui de l’égérie des Néo-conservateurs américains. Sainte Cynthia priez pour nous.

Une interview étonnante ; Si au premier abord le lecteur pourrait confondre avec « Closerteen » ou « OK-Magazine », il s’agit en fait de celle d’un magazine axé sur l’actualité et l’économie. La présidente du gouvernement accorde en effet une interview pleine page dans le dernier Challenge dans laquelle elle invente un nouveau concept : le nunuche-test. Cédant à la nouvelle mode selon laquelle les électeurs sont plus intéressés par la vie privée de leurs élus que par leurs propositions ou leurs actions politiques, la chef de l’exécutif s’est ainsi « confiée » au travers d’une cinquantaine de questions-réponses axées sur « l’intime ». Florilège :

Quelle est sa vision de l’au-delà ? « L’humanité réconciliée avec elle-même »

Son livre ? « La bible »

Qu’est ce qui l’agace ? « On ne prend plus le temps de voir l’autre »

Qu’est-ce qui l’émeut ? « La puissance de la vie »

Son lieu pour méditer ? « Dans ma plate, à la pêche à la dérive… »

Pour certains observateurs, cette logorrhée dépolitisée (Impossible en effet de se rendre compte qu’il s’agit là de l’interview de la présidente du gouvernement et non pas d’une candidate de télé-réalité) s’inscrit dans une stratégie de communication utilisée pour humaniser un élu en difficulté vis-à-vis de l’opinion publique. Cynthia Ligeard est en effet confrontée depuis son élection au scandale « Prony-Pernod », à l’absence de vice-présidence mais aussi à l’impopularité de certains membres de son gouvernement.

La Sarah Palin calédonienne ?

Comme l’ex-candidate à la vice-présidence des Etats-Unis qui clamait son amour pour la chasse, pour la pêche et pour les valeurs traditionnelles du Middle-West américain, Cynthia Ligeard exalte son côté « terroir » et sa personnalité « émotive et naturelle ». De quoi, pour ses communicants, améliorer l’image de l’élue au sein de son électorat échaudé par les premiers couacs de sa présidence. De plus, à l’instar de Sarah Palin en son temps, cette pirouette lui permet de ne pas aborder les sujets de fonds et d’éviter les polémiques sur ses compétences que le dossier « Prony-Pernod » avait déjà révélées.

Un œil sur l’électorat catholique du pays, elle avoue ensuite que le soir « [Elle] prie en mettant [sa] journée entre les mains de Dieu ». Un positionnement très « Christine Boutin » qui pourrait être une façon de remplir le vide que le départ de Jean Lèques a creusé depuis sa retraite politique. L’ancien maire de Nouméa ayant toujours représenté pour l’électorat catholique un repère dans le paysage politique local comme garant des valeurs chrétiennes. A l’adresse de l’électorat féminin, la présidente du gouvernement n’oublie pas également de placer « Yves Saint-Laurent » comme l’exemple d’un homme d’influence. De quoi, peut-être, ravir les féministes et les amatrices de mode.

A quelques jours de l’ouverture de l’enquête sur le dossier « prony-Pernod » mettant en cause la manière dont elle avait octroyé le fameux massif minier à ERAMET-SLN, pas évident que face aux questions qui ne manqueront pas de lui être posées, elle puisse répondre comme dans cette interview : « Ma bonne raison de demeurer optimiste, c’est tous les matins du monde »