Nicolas Sarkozy le come-back

Après son annonce, Nicolas Sarkozy a décidé de clôturer cette première séquence médiatique par une interview sur France 2. Durant plus de 40 minutes le perdant du 6 mai 2012 a eu du mal à cacher une ambition plus large, presque un déroulé de son futur programme présidentiel. Un nouveau visage ?

Il n’avait « pas le choix », en plus d’en « avoir envie ». Invité du 20 heures de France 2, Nicolas Sarkozy termine son marathon médiatique. C’est un Sarkozy nerveux mais contenu, présentant les mêmes gestes d’agacement, la même pugnacité qui a fait face à Laurent Delahousse. D’emblée il assure :

J’ai fait le tour de la vanité de mes sentiments. Il n’y a pas de réussite possible si on est tout seul. L’âge apporte un peu moins d’énergie, mais plus de sagesse, plus de recul

En deux ans et demi, l’ancien locataire de l’Elysée, se serait-il bonifié ?

Convaincre les sceptiques

Je ne suis pas venu pour dire aux français que je serai candidat à l’élection présidentielle de 2017. Je suis venu pour rassembler au-delà des clivages

Nicolas Sarkozy s’adresse ainsi aux poids lourds de sa famille politique, tels Alain Juppé et François Fillon, l’un et l’autre candidat aux primaires de 2017. La réforme qu’il envisage se fera en profondeur et, se défend-t-il, avec l’aide de tous :

Vous allez voir que nous allons créer un enthousiasme, un rassemblement. Si moi je ne fais pas ce travail, qui le fera ?

Quant aux doutes soulevés par le maire de Bordeaux au sujet des primaires ouvertes, l’ancien chef de l’Etat l’affirme « je n’ai pas besoin de rassurer Alain Juppé ». Lorsque le présentateur vedette du 20 heures de France 2 met sur le tapis le sujet épineux des nombreuses affaires judiciaires c’est un Sarkozy serein qui s’exprime :

Est-ce que vous croyez que si j’avais quelque chose à me reprocher je viendrais m’exposer dans un retour à la politique ? Est-ce que vous me prêtez deux neurones d’intelligence ?

Le temps de la reconquête

« Pas seulement quand je me rase » voilà la phrase qu’avait lancée l’homme pressé Sarkozy avant 2007, mais cette-fois ci, même s’il assure ne pas penser à 2017, l’ancien homme fort des Hauts-de-Seine se projette déjà dans un futur élyséen :

Il est venu le temps de réintroduire le référendum dans le fonctionnement de nos institutions

Quand on l’interroge sur le mariage pour tous, l’ancien président de la République se montre très critique, « j’ai vraiment détesté la façon dont ça été mené ». Une manière de se démarquer de François Hollande car pour Nicolas Sarkozy « on a humilié la famille ». Accablant son successeur, il multiplie les critiques « moi, je n’ai pas menti » et ajoute « je ne pense rien du tout de lui »…

En Calédonie, tous sarkozystes ?

A 22000 km de là, ses soutiens s’affichent avec véhémence. Lors de l’élection présidentielle, c’est en effet la Nouvelle-Calédonie qui lui a offert l’un de ses plus beaux scores au plan national avec plus de 63% des voix. Depuis son « come-back » Pierre Frogier, Gaël Yanno et différents élus proches de l’UMP jouent des coudes par voie de presse. C’est aujourd’hui à celui qui sera son plus farouche partisan et le plus ardent défenseur de son action. Peu de chance en revanche que Nicolas Sarkozy, une fois revenu à la tête de l’UMP, accepte sans broncher les divisions et les batailles de clocher au sein de la droite calédonienne. Un élu calédonien qui dernièrement l’a rencontré brièvement à Paris aurait ainsi été rapidement « recadré » : l’ancien chef de l’Etat l’aurait, selon un de ses proches, « remis dans l’axe » lui rappelant qu’il n’y avait pas d’avenir en dehors de l’union. En doutait-il ?