FLNKS : la stratégie de l’échec

Le FLNKS a fêté en grandes pompes et en couleurs son 30ème anniversaire, l’occasion pour les responsables qui étaient présents, d’entamer l’antienne des actions à venir. Mais quel est le bilan de ces 30 années d’existence ?

Ce 24 septembre, NC 1ère a eu la bonne idée de retransmettre le reportage diffusé il y a 30 ans pour la création du FLNKS : images de force, de cohésion, d’union. 30 ans plus tard, le FLNKS semble avoir rétréci comme peau de chagrin, mais surtout il ne parvient plus à cacher que les courants et mouvements qui le composent encore, ne sont plus du tout sur la même longueur d’onde. Certes, et c’est le leitmotiv des indépendantistes, le FLNKS est capable de se retrouver sur l’essentiel à savoir le concept d’indépendance, mais pour le reste le langage n’est plus le même. Les différentes interventions de ce 30ème anniversaire organisé à Nouville en ont administré la preuve. Entre l’humanisme d’un Deteix et le radicalisme d’un Wamytan, le gouffre est profond. Mais pour le FLNKS, ça n’est pas là le pire des échecs.

Le mono-ethnisme du FLNKS

La réalité est qu’en 30 ans, le FLNKS n’est pas parvenu à faire progresser d’un centimètre l’idée d’indépendance dans le pays. Ethno centré sur le fait que l’indépendance était d’abord et essentiellement kanak, le FLNKS s’est politiquement fourvoyé et il est désormais trop tard pour renverser la tendance. En 30 ans, alors qu’une part non négligeable de la population kanak professe sa volonté de rester française, le FLNKS n’a pas réussi à s’implanter ailleurs que dans sa seule sphère ethnique. Les Wallisiens et plus encore les Européens revendiquant l’indépendance, om en admettant le principe, sont ultra-minoritaires. En 30 ans, l’organe de lutte qu’est le FLNKS n’a pas fait modifier d’un iota le rapport 60/40 en faveur du maintien de la Nouvelle-Calédonie dans la France.

Tartufferie

La déliquescence du FLNKS comme outil politique ne tient pas seulement à l’absence de leader naturel, ni aux divergences de vues, ni même à la multiplicité ou la stérilité de ses discours et de ses attitudes, mais surtout au fait qu’il a été incapable en 30 ans de présenter un projet viable et cohérent. 30 ans après le 24 septembre 1984, la majorité loyaliste n’a toujours comme idée de l’indépendance que ce qu’elle voit du Vanuatu, repoussoir ultime ! Rien ne lui est venu du FLNKS qui aurait pu changer ses certitudes ou ses a priori. Le FLNKS n’a même pas su profiter de la fenêtre de tir que représentait l’affaire des deux drapeaux pour présenter sa vision de la Calédonie qu’il appelle de ses vœux. Voilà pourquoi la grosse tartufferie se situe là, ce 24 septembre 2014 les discours radicaux et vengeurs prononcés par les uns et par les autres s’opposaient frontalement avec le fait que le drapeau français flottait sur le terrain Bétoé. Le FLNKS, tel qu’il est aujourd’hui gouverné, n’est plus une hypothèse d’avenir, et si l’idée d’indépendance ne disparaitra jamais tout à fait du paysage, l’organe chargé de la promouvoir lui, s’éteint peu à peu.