Présidence du gouvernement : la liste des favoris !

Depuis la chute de l’exécutif et l’annonce de la fin programmée du CGS, le monde politico-médiatique bruisse de rumeurs quant au nom du successeur de Cynthia Ligeard au poste de président du gouvernement. Tour d’horizon parmi les 5 favoris de cette élection.

Hier soir, interviewant le porte-parole de Calédonie ensemble, Gwen Quemener n’a pas manqué de lui demander s’il serait le candidat de son mouvement à la présidence du prochain gouvernement. Une évidence puisque Philippe Dunoyer figure aujourd’hui sur une très courte liste : celle des possibles successeurs de Cynthia Ligeard. A l’heure actuelle, cinq personnalités sont pressenties :

Gilbert Tyiuenon

Certes, le maire de Canala est indépendantiste et ces derniers n’ont pas la majorité au congrès (lequel choisit les membres du gouvernement). Certes, tout laisse à penser qu’il y aura bien au gouvernement (même en cas de liste unique de part ou d’autre) 6 “ministres” loyalistes et 5 autres indépendantistes. Pour autant, étant donné que Gilbert Tyuienon sera le candidat de l’Union Calédonienne et dans l’hypothèse où les élus du Palika choisiraient de tous voter pour lui à l’élection du président, si un seul élu non-indépendantiste venait à voter pour lui, il deviendrait alors le premier président du gouvernement indépendantiste depuis la signature de l’accord de Nouméa. En fait (et certains comme Philippe Blaise le redoutent) le ou les représentants du FPU-RUMP pourraient être tentés par cette stratégie. Ainsi en 2011, les élus du R-UMP avaient voté par deux fois pour Roch Wamytan à la présidence du congrès. Interrogé sur le sujet sur NC 1ère, Philippe Dunoyer l’a estimé improbable :

Je vois pas pour quelle raison un parti non-indépendantiste refuserait de voter pour le candidat de la sensibilité loyaliste (Philippe Dunoyer)

De son côté, Roch Wamytan ne cache pas sa volonté de profiter de la chute du gouvernement pour porter un membre de l’UC à la présidence. Reste à savoir si Paul Néaoutyine, qu’on dit plutôt rancunier, laissera son adversaire des provinciales s’installer au 4ème étage du gouvernement.

Philippe Gomès

Il l’avait promis avant les élections : le leader de Calédonie ensemble ne souhaitait plus occuper de fonction exécutive pour privilégier son mandat de député et travailler à l’avenir institutionnel. Mais comme en politique « les promesses ont la durée de vie des fleurs » et que la situation n’est plus celle issue des provinciales (le CSG ayant cessé d’exister), Philippe Gomes pourrait, selon certains observateurs attentifs de la vie politique, être tenté de retourner au charbon. Confronté à une opposition tenace du R-UMP sur les principaux sujets qu’il juge prioritaire (nickel, réformes sociales, sortie de l’accord,…) le vainqueur des dernières élections pourrait sentir le besoin d’aller lui-même à la tête du gouvernement comme par le passé pour, comme il l’avait souligné récemment devant ses proches « nettoyer les écuries d’Augias ». Reste que le parti des députés a fait campagne sur le non-cumul des mandats et avec Sonia Lagarde, une maire qui est toujours députée, avoir un autre « cumulard » risquerait de fragiliser davantage le discours de son parti.

Sonia Backes

Certains estiment que Calédonie ensemble se verrait bien laisser à d’autre le soin de prendre la tête du gouvernement et d’assumer ainsi les difficultés économiques et les hausses d’impôts et de taxes rendues obligatoire par la situation catastrophique des finances publiques. Comme à la Province Sud où l’exécutif est dirigé par Calédonie ensemble et l’Union pour la Calédonie dans la France (Gil Brial de l’UCF est en effet Vice-président de l’institution), les deux mouvements loyalistes pourraient choisir de s’unir afin de déposer une liste commune qui leur assurerait 5 sièges sur les onze du gouvernement tout en envoyant un signal très ferme à Pierre Frogier. Dans cette hypothèse, afin de sécuriser cette alliance de circonstance, un membre de l’UCF explique à ce propos :

Calédonie ensemble peut promettre à l’UCF la présidence et CE obtiendrait un représentant de plus qu’aujourd’hui au gouv

Gaël Yanno occupant déjà le perchoir du congrès, c’est donc Sonia Backes, la tête de liste de l’UCF aux provinciales qui, dans ce cas, pourrait après 5 années au gouvernement en prendre la présidence. Mais si quelques élus voient d’un bon œil cette alliance qui semble faire ses preuves ailleurs, les antagonismes entre Sonia Backes et le député de la seconde circonscription – ainsi que leurs tempéraments mutuels – ne plaident pas pour un tel rapprochement. Naturellement, en politique, tout peut aussi changer très vite.

Philippe Dunoyer

C’est le favori du microcosme. Journalistes, élus, responsables ou militants, qu’ils partagent ou non ses convictions, se rassemblent sur un point : l’actuel adjoint au maire de Nouméa présente toutes les qualités pour occuper ce poste. Après avoir été membre de l’exécutif durant cinq ans et être resté le second de Philippe Gomes d’abord et de Sonia Lagarde ensuite, Philippe Dunoyer attend son tour. Cependant, s’il venait à être élu à la tête du gouvernement, il devrait alors renoncer à se présenter dans le cas d’une législative partielle. Car du côté de Calédonie ensemble, on ne cache pas le fait que c’est lui qui doit – si Sonia Lagarde démissionne de son mandat – être le candidat à sa succession dans la première circonscription. Or, il lui serait impossible d’assumer une hypothétique campagne électorale s’il préside le gouvernement de la Nouvelle-Calédonie, notamment pour des raisons de restriction du cumul des mandats. D’une certaine manière, son avenir politique est à court terme entre les mains de la députée-maire de Nouméa.

Philippe Germain

Au sein du monde économique, l’actuel membre du gouvernement en charge de la fiscalité est le favori des pronostiqueurs. Revenu en politique après trois années « d’exil » qui ont suivi la chute du gouvernement Gomès, Philippe Germain serait pour Calédonie ensemble le symbole d’une future mise en œuvre de l’ensemble des réformes validées lors de la conférence économiques et sociales car Philippe Germain en a été le principal maître d’œuvre. Pour autant, contrairement aux autres prétendants, il dispose d’une assise politique très réduite. Ni élu de terrain comme Gilbert Tyuienon ou Philippe Dunoyer, ni tête de liste comme ont pu l’être Sonia Backes et Philippe Gomès, il entretient avec les électeurs un rapport plus distant et – surtout – à l’instar de Cynthia Ligeard, il ne contrôle absolument pas le parti politique dont il est issu. De plus, même s’il s’est longtemps opposé au « système Lafleur » Philippe Germain reste aux yeux de la population inféodé aux organisations patronales, notamment la CGPME et la FINC qu’il a longtemps dirigée. De quoi constitué un important handicap en termes de popularité…