Tyuienon attaque le haussaire en justice

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harold martin

Le vice-président du gouvernement va porter plainte pour diffamation contre le représentant de l’État. Une première en Nouvelle-Calédonie et une escalade dans l’affrontement qui oppose maintenant les deux hommes.

La rumeur courrait depuis jeudi soir dans les couloirs du gouvernement mais sans qu’elle soit confirmée. Hier, une source proche du cabinet de Gilbert Tyuienon a attesté devant plusieurs personnalités que le maire de Canala allait bien porter plainte devant la justice suite aux propos tenus par Jean-Jacques Brot lors de sa dernière interview sur RRB. Après l’affaire de Canala et le clash au gouvernement, qui a déclenché le départ du haussaire lors de la réunion du 18 février, cet énième épisode démontre que l’opposition entre les deux hommes ne cesse de s’accentuer. A l’origine, le refus du Haut-commissaire de rendre un hommage à Eloi Machoro sur les terres de Gilbert Tyuienon, en pleine campagne électorale. Sont surtout en cause ses explications radiophoniques le 28 février : « J’ai de quoi répondre, disait-il, le moment venu, sur le sujet de l’embuscade pathétique, médiatique, politique, doctrinaire, qui m’a été tendue, et sur d’autres qui concernent la même personnalité dont vous évoquez la fonction ». Depuis, les rapports entre les deux hommes sont glacials. Gilbert Tyuienon refusant même de serrer la main au représentant de l’État alors que celui-ci la lui avait tendue devant l’ensemble des membres du gouvernement lors de leur dernière réunion de collégialité.

L’assentiment du président Martin

Force est de constater que le vice-président n’a pas accepté les « traits » de Jean-Jacques Brot à son propos. L’élu indépendantiste aurait donc attendu et consulté autour de lui, jusqu’à finalement avoir le soutien d’Harold Martin. Une affaire judiciaire de ce genre, sans précédent, nécessitant pour le deuxième homme du gouvernement un soutien politique tacite du chef de l’exécutif. Pour certains observateurs de la vie politique calédonienne, Harold Martin, empêtré dans sa campagne pour conserver la mairie de Paita, aurait pu échanger son accord contre un renvoi d’ascenseur des indépendantistes pour le second tour des municipales. D’autant plus que Jean-Jacques Brot a, suite à la fameuse réunion du 18 février, instauré en accord avec la majorité des membres du gouvernement une « coutume institutionnel » issu de l’interprétation de l’article 122 de la Loi Organique selon laquelle « le haut-commissaire ou son représentant doivent absolument siéger au gouvernement pour que le celui-ci fonctionne valablement ». A la veille des élections, il est probable que ce retour en force de l’État rue des Artifices risque de gêner ceux qui s’apprêtaient à faire passer un certain nombre de textes et de nominations pas toujours orthodoxes mais pourtant habituelles en ces fins de mandature.

Les internautes unanimes

Sur les réseaux sociaux, la nouvelle de cette plainte a fait abondamment réagir les internautes calédoniens durant le week-end. « Pathétique », « n’importe quoi », cette décision de Gilbert Tyuienon est unanimement condamnée quand ce n’est pas l’homme lui-même qui est conspué. Ainsi, pour Jean-Luc, celui-ci « estime qu’il est déjà en Kanaky comme à Canala. Ben non, il faut laisser parler les urnes ». Selon Pierre, cette décision est « plus facile que de porter plainte contre les voyous de Canala qui détruisent les biens municipaux ». Pour plusieurs internautes, c’est là carrément la preuve de la déliquescence d’un pouvoir à bout de souffle. « Avoir un si beau pays avec un gouvernement aussi véreux et tordu …. il serait temps que tout ça change !!! Aux urnes citoyens !!! » a ainsi écrit Philippe sur la page Facebook de soutien à Jean-Jacques Brot. Monique est, elle, encore plus directe : « vivement les élections pour faire du ménage, là ça devient urgent ! »

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