On reparle des effectifs des parlementaires. Le Parisien a relancé le débat en proposant de réduire de moitié le nombre de députés et de sénateurs. Régime minceur.

Tout le monde veut-il réduire le nombre de parlementaires ? Alors qu’aux Etats-Unis, on retrouve un parlementaire pour 590 000 habitants dans l’hexagone ils sont huit fois plus soit un pour 71 000 habitants. La France est un pays d’élus. En effet, tout mandat confondu, 1 français sur 100 est un élu. Et aujourd’hui avec le cumul des mandats (la loi sur le non-cumul n’entrera en vigueur qu’au dernier semestre 2016) la députée-maire Sonia Lagarde devrait encore cumuler jusqu’en 2017. Elle fait partie de ces 1 000 parlementaires qui sont à cheval sur deux sièges : à la tête d’une commune ou membre de conseils généraux ou régionaux, et élus nationaux. Ceux-là ne viennent généralement au Parlement que les mardis et les mercredis – les jours où les séances de question au gouvernement sont filmées.

Tradition « gauloise »

Véritable serpent de mer de la vie politique française, la réduction du nombre de parlementaire revient dans le débat public à chaque fois que le pouvoir en place traverse une phase d’impopularité. Cependant, depuis l’Ancien Régime et la réunion des états généraux, chaque territoire français se doit d’être représenté à Paris. On touche là à une constante de l’histoire de France dans laquelle la représentation nationale se veut être la vitrine du « Pays » ou « Païs ». Un pays qui se doit d’être représenté dans ses moindres recoins, ses terroirs, ses villages et ses spécificités. Est-ce toujours nécessaire aujourd’hui ? Pour l’heure, le débat n’est pas tranché. De plus, les députés et les sénateurs seront ceux qui devront discuter et voter une hypothétique réforme de la loi et de la constitution. Vont-ils vraiment se supprimer eux-mêmes ? Leurs électeurs semblent l’attendre et ils réclament que leurs parlementaires « donnent l’exemple » afin que «chacun fasse des efforts ».

Du côté des responsables politiques, Alain Juppé n’est pas le seul à proposer la réduction du nombre de parlementaires. François Bayrou l’avait proposée en son temps. Nicolas Sarkozy, Marine Le Pen et même François Hollande pensent pouvoir la mettre en œuvre même si le chef de l’Etat n’a plus aujourd’hui la majorité des 3/5ème pour le faire. Il y a, en tout cas, dans le discours politique, l’envie de faire bouger les choses. Il faut dire qu’avec un taux de confiance estimé à seulement 8%, les parlementaires français sont attendus au tournant. Le quinquennat, l’absence de proportionnelle, le poids des partis politiques et les « combines politiciennes » ont chacun à leur tour entamé le crédit des élus des assemblées. Selon un sondage du CEVIPOF du début de cette année, « 87 % des Français considèrent que les responsables politiques se préoccupent peu ou pas du tout des gens comme eux ». Raison pour laquelle ils n’auraient que faire de la diminution de leurs effectifs…

Une réforme en trompe-l’œil

Cependant, cette réforme qui fait presque consensus est mise en avant sous des faux prétextes. Le premier c’est d’expliquer que cela fera faire des économies au pays. En réalité, supprimer 100 députés permettrait d’économiser environ 30 millions d’euros par an. Ce n’est pas rien évidemment, mais rapporté au déficit et à la dette de 2000 milliards, c’est une goutte d’eau… La seconde raison, c’est que la France, comparée à ses voisins, aurait trop de députés. Et là encore, ce n’est pas exact. Sur les 28 pays de l’Union européenne, la France est classée 26ème si l’on rapporte le nombre de députés à la population.

Et pourtant, si on organisait aujourd’hui un référendum – tel que le souhaite le candidat Nicolas Sarkozy – le résultat serait connu d’avance, tant la défiance vis-à-vis de nos gouvernants est immense. Cependant, connaissant l’antiparlementarisme ambiant, on imagine mal comment la suppression de quelques postes de parlementaires – aussi inutiles soit-il selon leur détracteurs – pourrait à elle seule résoudre les problèmes de la France et améliorer le sort de ses habitants. En période de crise et de défiance, il faut parfois se méfier des bonnes réformes quand elles sont faites pour de mauvaises raisons.

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Jeune internaute tout frais sorti d'un œuf de la discorde, Machiavel à la plume alerte des jeunes pousses. Techno-connecté, s'exprimant sur tous les réseaux sociaux, Machiavel représente cette génération 2.0 qui occupe naturellement le Net. Marqué à droite, ses premiers écrits tranchent avec le politiquement correct habituel en Calédonie. A n'en pas douter, au fil du temps, le plus jeune de nos contributeurs saura prendre sa place parmi les "grands".
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sakolote

Non il y a trop de députés, beaucoup trop de sénateurs, et le CES est franchement inutile.                                                                                                                                 Quant à leur rémunérations on ne les paie que s’ils sont présents au moins 75 % a chaque séance. Leur régime de retraite fait partie des régimes sociaux qu’il faut absolument réformer !!!!

Marco

Sauf que c’est faux de dire qu’il y a un ratio plus élevé de parlementaires en France qu’aux USA. Pour comparer, il faudrait egalement compter les legislatures car les EU etant une fédération, une bonne partie des lois se votent au niveau des Etats. Ce qui represente 1971 sénateurs et 5411 députés en plus. Et ils ont des salaires plus élevés.

Béru

Les parlementaires calédoniens s’illustrent traditionnellement par leur absence quasi permanente sur les bancs des Assemblées. OK, y a la distance. Mais la place de nos parlementaires est à Paris souvent, et à Nouméa de temps en temps. Pas l’inverse. Et le rôle des parlementaires calédoniens est avant tout de défendre les intérêts des Calédoniens. Et pas se perdre dans des commissions nationales sans aucun lien avec la Calédonie. A part Yanno, il faut bien le reconnaître, qui a beaucoup bossé pendant son mandat, les statistiques concernant les parlementaires calédoniens ont toujours été une honte pour l’électeur que je suis. 

Matteï

Et si on les payait au rendement…oui ,je sais :il y en a qui ne toucherait rien!!!!   Pace salute

Maender

Lorsqu’on voit l’activité de certains députés ou sénateurs, les nôtres par exemple, on pourrait parfaitement imaginer réduire le nombre de ces élus sans qu’il n’y ait aucune incidence sur l’activité de nos institutions… 

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