Même le journal Le Monde en parle dans on édition d’hier. Comme vous le savez, tout ce qui se rapporte de près ou de loin à la Nouvelle-Calédonie est prioritaire sur ce blog, voici donc la retranscription de l’article rédigé par Xavier Ternisien.
Le gel du corps électoral pour les élections provinciales en Nouvelle-Calédonie, qui doit être débattu devant le Sénat, mardi 16 janvier, aggrave les divisions chez les non-indépendantistes. Le député (Rassemblement UMP, ex-RPCR) Pierre Frogier a créé un scandale en déclarant à plusieurs reprises dans la presse locale qu’il se sentait “totalement désengagé de l’accord de Nouméa”. Or, il est l’un des dix signataires du texte paraphé solennellement, le 5 mai 1998, en présence de Lionel Jospin, alors premier ministre et considéré en Nouvelle-Calédonie comme le fondement de la paix sociale.
“Le préambule de l’accord de Nouméa, c’est un peu chez nous l’équivalent de la Constitution américaine”, rappelle l’historien Ismet Kurtovitch, directeur des archives territoriales. Pour la présidente du gouvernement de la Nouvelle-Calédonie, Marie-Noà«lle Thémereau (L’Avenir ensemble, non indépendantiste), M. Frogier est “irresponsable” : “Quelle confiance accorder à quelqu’un qui signe un texte puis se désengage ? Pierre Frogier joue un jeu très dangereux. Il remet en cause un accord qui est le socle de notre vie quotidienne. Il faut qu’il en tire les conséquences et qu’il quitte le gouvernement.”
Pour Mme Thémereau, les mobiles de M. Frogier sont “purement électoraux”. Le camp non indépendantiste aborde les élections législatives plus divisé que jamais. Dans la première circonscription (Nouméa et les îles Loyauté), au moins quatre candidats (hors Front national) devraient se présenter à droite. Dans la deuxième circonscription (banlieue de Nouméa et la “brousse”), M. Frogier, qui a reçu l’investiture UMP, devra affronter Harold Martin (L’Avenir ensemble), qui se vante d’avoir une “investiture officieuse” de l’UMP, et le candidat du FN. Cet émiettement rend envisageable, pour la première fois, l’élection d’un candidat indépendantiste.
Répliquant à M. Frogier, le principal responsable indépendantiste, Paul Néaoutyine, se dit prêt, dans un entretien accordé à l’hebdomadaire 20 francs du 12 janvier, à faire “vivre l’accord” de Nouméa avec L’Avenir ensemble, rivale du Rassemblement-UMP. “Je considère que, si le RPCR ne veut plus honorer ses engagements, il y a d’autres signataires, dans d’autres formations politiques, qui peuvent et doivent assumer le rôle du signataire dans le camp non indépendantiste”, estime-t-il.
M. Néaoutyine y exprime pour la première fois une vision du “destin commun”, au coeur de l’accord signé en 1998 entre Kanaks, Calédoniens d’origine mélanésienne, et Caldoches, Calédoniens d’origine européenne. “Avec le destin commun, on dépasse complètement les notions d’indépendance ou de non-indépendance. On est dans la réalité du pays !”
Deux manifestations ont rassemblé les “anti-gel” et les “pro-gel”. Les premiers se sont rassemblés, vendredi 12 janvier, sur la place des cocotiers, au coeur du vieux Nouméa, en agitant des drapeaux bleu-blanc-rouge, au slogan de “Non au gel, oui à la France”. Le sénateur des Français d’outre-mer, Christian Cointat, qui participait à la manifestation, a déclaré craindre que le texte ne soit adopté devant le Sénat : “Mais j’ai bon espoir qu’il n’y ait pas la majorité des 3/5e au Congrès pour l’adopter.”
Les associations favorables au gel, soutenues notamment par le Palika et l’Union calédonienne, principales formations indépendantistes, ont défilé, samedi 13 janvier, vers le “haussariat” (haut-commissariat de la République), en agitant des drapeaux kanaks sur des rythmes reggae. Le héros du jour était Jacques Chirac : “Merci M. le président de tenir vos engagements et d’aller jusqu’au bout”, s’est exclamé Dick Saihu, secrétaire général du petit parti indépendantiste Libération kanak socialiste (LKS).
Chacun sent bien que l’enjeu du gel du corps électoral sur les listes de 1998 dépasse les élections provinciales de 2009 et de 2014. Les Kanaks en font une question de respect de la parole donnée par la République. Mais surtout, aux termes des articles 4 et 188 de la loi organique issue de l’accord de Nouméa, la restriction du corps électoral constitue la base d’une “citoyenneté calédonienne”.
Celle-ci doit être prise en compte pour favoriser l’emploi des Calédoniens dans les secteurs public et privé. Deux lois allant dans le sens de cette “préférence locale” doivent être adoptées au cours des prochains mois par le congrès de la Nouvelle-Calédonie. Enfin, pour les indépendantistes, la citoyenneté calédonienne constitue la base d’une future “nationalité calédonienne” dans le cas o๠le référendum d’autodétermination, prévu au plus tôt en 2014, déboucherait sur l’indépendance.
Merci pour le scoop Sylvain, pff j’ai meme pas le sat, vous comprenez pourquoi j’blogge autant 😉
Balladur vient de s’exprimer sur LCI il ne votera pas le texte.
Ce texte est bien plus pertinent que celui que tu avais produit sur le même sujet il y a quelques jours. Tu te présentais alors comme partisan du corps électoral glissant en faisant même référence à une certaine Mme LE PEN dans un des commentaires. Depuis les chiffres officiels sont sortis : il y a bien eu environ 3000 manisfestants mais divisés en deux groupes presqu’équivalents, moitié pour, moitié contre.