5 mn avec Dominique Pierre Mariotti

Le Pays Parle: N’en déplaise aux exégètes amateurs ou professionnels du non dit, le pays parle. Oui, il parle. Il a d’ailleurs toujours parlé, mais les sourds sont si nombreux. Christiane Gambey est de nouveau aux commandes des domaines dont elle avait la charge depuis son élection comme 3 ème Vice présidente de la Province Sud , auxquelles il faut ajouter le secteur du logement social jusque-là dévolu à Sonia Lagarde. C’est une bonne nouvelle ! Merci à tous ceux qui ont permis par leur soutien actif ce retour au bon sens et au respect du travail accompli.

Philippe Gomes nous prouve qu’il est un animal politique capable du pire : les législatives, l’affaire Monique Millet et ses conséquences, et cerise sur le gâteau l’affaire Dreyfus Gambey en porte témoignage. Mais il est aussi et c’est à porter à son crédit capable du meilleur : il est le créateur du concept de l’Avenir ensemble qui ne doit rien à Harold Martin et à Didier Leroux qui n’ont fait que monter dans un train en marche, il a su résister à Harold Martin qui voulait au lendemain des législatives non pas un accord cadre mais un accord de grouvernement avec le RUMP. Il nous montre aujourd’hui qu’il est capable de reconnaître ses erreurs et d’entendre la voix de son électorat qui veut l’application de l’accord de Nouméa au travers de la réintégration de Christiane Gambey dans ses prérogatives. C’est-à-dire un potentiel électoral de 72 % du peuple Kalédonien qui a ratifié par référendum l’Accord de Nouméa.

Contrairement à une idée reçue et répandue dans les milieux autorisés qui s ‘autorisent à penser, les kalédoniens ne souffrent pas de l’Accord de Nouméa mais sont en manque de son application. Tout comme en Europe les peuples souffrent surtout d’un manque d’une Europe des peuples. Ces électeurs qui travaillent au quotidien sur le chantier d’un destin commun partagé refusent le retour en arrière qu’est l’accord cadre, ils refusent le dynamitage du pont qu’est symboliquement Christiane Gambey créant la passerelle entre les tenants du maintien du lien avec la France et ceux qui se battent pour un Etat Kalédonien  « indépendant ».

Le retour aux affaires par la grande porte de Christiane Gambey sonne le glas d’un accord-cadre dont le seul bénéficiaire est le parti de Pierre Frogier et qui fut conclu à la faveur de luttes internes au plus haut niveau pour prendre le leader chip du parti. C’est un retour aux fondamentaux et c’est tant mieux. Philppe Gomes tire enfin les leçons de ses fautes politiques, il était temps et c’est tellement rare même à New York ou à Paris que cela mérite d’être souligné. Mais avait-il le choix ? avec Harold et Didier en embuscade prêt à faire feu au prochain congrès du pari avec l’aval d’une grosse partie des militants. La défaite des législatives porte enfin ses fruits. le mouvement spontané populaire autour de Christiane Gambey avec ses quatre mille signatures, ses 25 comités de soutient partout dans le pays rassemblant du RUMP au FNLKS lui a appris qu’il n était pas Jacques Lafleur et que le temps du pouvoir sans partage était définitivement révolu. La construction du pays est à ce prix.

Laissons le parti de Pierre Frogier perdre un a un les combats d’arrière grade qu’il livre. Depuis 20 ans l’histoire est en marche rien ne l’arrêtera. Tant pis pour ceux qui veulent maintenir l’image d’une France de Napoléon III qui n’existe plus, avec son esprit colonial garant de bénéfices rapides et juteux. Je rappelle aux amnésiques volontaires que la France de 2008 a rétrocédé 70% de ses compétences à l’Europe. Pourquoi la construction du pays déboucherait-elle obligatoirement sur une dictature de type bananier avec milices et tonton macoute ? Sous le prétexte fallacieux que nous sommes situé géographiquement dans l’hémisphère sud ? Au nom de quoi, les lois du pays seraient condamnées à créer une protection sociale au rabais, un enseignement aux diplômes sans valeur ? Alors qu’elles sont en réalité une formidable opportunité de bâtir des structures enfin adaptées à leur environnement sociologique et géographique, à condition bien sûr de tirer parti des leçons du passé. La décolonisation des esprits a progressé certes, mais elle n’est pas achevée. Toutefois les changements opérés dans la société Kalédonienne sont irréversibles n’en déplaise aux nostalgiques d’un passé colonial qui a vécu ou à ceux qui se complaisent dans un sectarisme ethnique dépassé. Ces changements sont les prolongements directs de la poignée de main entre Jean Marie Djibaou et jacques Lafleur dont on fête l’anniversaire cette année. Qui a dit que le pari sur l’intelligence serait un pari facile a gagner ? Personne ne fera le travail à notre place.

En tout cas les prochaines provinciales s’annonce passionnantes. La réconciliation entre un Philippe Gomes qui a digéré la première défaite politique de sa carrière et une Christiane Gambey qu’on ne prendra plus jamais pour une élue potiche est de bonne augure pour les provinciales de l’année prochaine. La confiance que lui témoigne aujourd’hui une grande partie des habitants du pays est due à ce qu’elle se préoccupe moins du sens du vent que de rester fidèle à ses engagements. Durant toute la crise qui s’étale de la bavure des élections de 2007 jusqu’à aujourd’hui. Elle est restée fidèle à la parole donnée, loyale jusqu’au bout elle a affiché publiquement ses convictions de tolérance et de respect, mères d’un avenir commun partagé, et ce malgré les tempêtes internes, le chant lancinant des sirènes et les éggos malmenés. Chassée comme une malpropre du GIE tourisme point sud, la Vice Présidente sans aucun domaine de compétence a répondue à la guerre qu’on lui imposait en tendant la main, comme Jean Marie Djibaou demandant la levée des barrages après la mort de ses frères assassinés dans l’embuscade de Hienghène. Elle n’a pas ménagé sa peine pendant les municipales. Répondant présente à toutes les invitations venant des candidats Avenir Ensemble ou Apparentés. Elle a parlé destin Commun partagé aussi bien à St Louis qu’à la Conception sans oublier Dumbéa, Bourail et Moindou. Mais attention Monsieur Gomes, les Kalédoniens en ont assez des discours eculés et creux sur le destin commun, ils veulent des actes et non des opérations marketing. Il reste un an à l’Avenir Ensemble pour convaincre et envoyer à la population des signaux sans ambiguité. Les élections de 2004 avaient comme toile de fond la rupture avec les dérives du système Lafleur qui nous menaient droit dans le mur. Celles de 2009 se joueront sur la capacité des responsables politiques a enfin oser parler et agir pays. Le message des municipales est clair. S’il n’est pas entendu le Rump risque fort en Province Sud de gagner une fois encore par forfait de l ‘adversaire. Votre électeur type n’habite pas les quartiers sud c’est un résidant de Rivière Salée. La bande des trois sera t elle capable d’un partage raisonné et raisonnable du pouvoir à l’intérieur du parti, c’est tout l’enjeu du prochain congrès territorial.

La victoire est possible encore faut-il s’en donner les moyens notamment par la constitution d’une liste exempt de candidats potiches ne représentant qu’eux même et toujours prêt à retourner leurs vestes du bon coté, aux profit de personnalités pas forcément encartée, mais plus crédible aux yeux de la population. Avant de distribuer les postes et les récompenses il faut gagner les élections. Pour en terminer, je tiens à remercier ici le Président de la Province Sud Philippe Gomes pour ce qu’il a fait à Christiane Gambey, donnant ainsi l’occasion aux quatre mille citoyens signataire de la pétition demandant sa réintégration, d’exprimer clairement leur refus de voir l’esprit de 2004 disparaître au profit d’une alliance sans lendemain avec le parti du passé.

Dominique Pierre Mariotti

Citoyen Kalédonien

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