Source Les Nouvelles Calédoniennes: « Isoler les séropositifs du Pacifique sur une île. » Le vœu du directeur de la santé publique de Niue a provoqué un véritable tollé, à l’heure où s’ouvre à Auckland la seconde conférence régionale sur le Sida.
Le mot tollé n’est sans doute pas assez fort pour qualifier la réaction de colère unanime des 120 représentants de diverses associations qui travaillent sur le Sida, face aux propos du docteur Finau qui envisage d’« isoler les séropositifs sur une île ». Ces représentants, venus des quatre coins du Pacifique pour participer à la seconde conférence régionale sur le Sida, « Pan Pacific regional Aids conference » qui s’est ouverte mercredi à Auckland, ne décolèrent pas. Surtout qu’un grand nombre d’entre eux sont porteurs du virus. Pour Maire Bopp-Duppont des îles Cook, directrice de la fondation Sida pour les îles du Pacifique, organisatrice de la conférence et séropositive depuis vingt ans, « ces propos sont gravissimes et inexcusables venant d’une personne telle que lui ». « Ils font reculer le travail que nous avons fait et tous nos efforts de dix ans. Dans le Pacifique, comme partout ailleurs, l’isolation d’une personne implique qu’elle a commis une faute. L’isolement signifie la stigmatisation et, à terme, la violence. Tout ce contre quoi je me bats depuis plus de vingt ans. » Le docteur Sitakeli Finau, est d’origine tongienne. Il a suivi ses études dans le Queensland en Australie, puis obtenu le titre de professeur à l’université Massey de Nouvelle-Zélande.
« Nous avons des camps pour les réfugiés, des réserves pour les indigènes, nous pouvons avoir des lieux réservés aux séropositifs »
Au cours de sa carrière, il a occupé des postes à responsabilité un peu partout dans le Pacifique. Pour lui, les séropositifs doivent être isolés comme l’ont été les lépreux au temps des léproseries. « Nous avons des camps pour les réfugiés, des réserves pour les indigènes, nous pouvons avoir des lieux réservés aux séropositifs. Selon moi, les programmes de prévention ne marchent pas. Et aujourd’hui, plus personne ne veut accepter la responsabilité d’être porteur du virus. Les séropositifs auront bientôt plus de droits que les personnes qui ne le sont pas. Ceux qui ont péché ont plus de droits que ceux qui pèchent contre eux. » Les propos du docteur Finau ont rapidement fait l’objet d’une réaction du gouvernement de Niue. « Le docteur Finau a émis une position personnelle qui ne reflète en rien la position officielle du gouvernement de Niue sur cette question », a précisé Crossley Tatui, le secrétaire général du gouvernement, avant d’ajouter que « Niue, guidée par les agences et les associations qui luttent contre le Sida dans le Pacifique, a adopté une politique vis-à-vis du Sida, basée sur les droits humains, pour l’éducation, la prévention et le soutien ». Le secrétaire général n’a pas souhaité faire de commentaires sur la façon dont le gouvernement de Niue envisagerait l’avenir du docteur Finau au poste de directeur de la santé publique. Enfin, Bruce Kilmister, président de l’association de soutien aux séropositifs Body positive s’est également insurgé face aux propos du médecin tongien. « J’ai l’impression d’être revenu vingt ans en arrière. A cette époque on entendait fréquemment ce genre de propos en Nouvelle-Zélande. La communauté gay les avait tournés en boutade : si l’île où on nous enferme s’appelle Manhattan, alors d’accord ! »
A Auckland, Jérôme Gavelle
Et une île pour les cons plutôt ça lui dit pas ? Il pourrait en être le premier habitant!