Coup de gueule d’une infirmière diplômée d’Etat

Je vous relaie le coup de gueule d’une infirmière diplômée d’Etat qui pousse un cri de colère avec grand calme vue la situation. Cet email anonyme est venu se loger dans ma boite email et je ne suis pas resté insensible à ces écrits. Une réflexion qui en dit long sur les nombreuses difficultés que rencontre ce corps de métier en Nouvelle-Calédonie et plus particulièrement en Brousse et dans les Iles Loyauté.

Dans ma vie mon travail tient une place importante.

J’y suis environ 40 à 45 heures par semaine, souvent plus. C’est un travail sous-payé. C’est un métier où la grève est trop rare… Et pourtant l’investissement de ceux qui l’exerce est énorme. D’ailleurs il n’y a pas beaucoup d’arrêts de complaisance dans le métier. Je suis à l’heure, par respect pour ceux que je relais. Mes problèmes personnels n’interfèrent pas avec mon professionnalisme. Des dernières actualités (à l’étranger comme à la tribu) aux dernières évolutions techniques, je renouvelle régulièrement mes connaissances. Je dois pouvoir répondre à de nombreuses situations et aux attentes de mes collaborateurs avec efficacité. Je porte une blouse trop grande. On peut y lire le nom d’un collègue parti il y a des années. Elle est auréolée par le temps et les « taches propres »… Je jongle avec les retards de livraison, le manque de matériel. Je fais avec ce que j’ai comme je peux. Je suis souvent confrontée à la colère, l’alcoolisme, la douleur et le chagrin des gens. Je n’ai pas honte de recevoir de l’urine sur les pieds, de nettoyer des plaies sales ou sanglantes, de ramasser la gerbe de quelqu’un d’autre.

J’ai souvent peur de ne pas assez bien faire, ou pire, de me tromper. Je suis infirmière diplômée d’Etat.

Pour ce travail, nous sommes quelques employés (4 sur le secteur où je me trouve) à qui l’Etat n’a pas versé de salaire depuis plus de trois mois !

A qui d’autre qu’à des infirmiers oserait-on faire ça ? Trois mois sans salaires !!! Même les médecins arrivés en janvier ont eu le leur !

Nous travaillons pour une des provinces, mais il semble que ça ne gêne pas que ce soit « pareil ailleurs »…

Nous pleurons après notre dû !

Nos factures en retard, nos frais bancaires, nos impôts, l’épicier qui me laisse garnir mon frigo à crédit…

Quelqu’un dans les beaux bureaux de l’administration n’a pas fait son boulot.

Nous en subissons les conséquences.

Mais ce quelqu’un s’est-il fait taper sur les doigts ?

Va-t-il payer mes majorations.

Décembre… Janvier… Février…

On nous annonce un salaire dans la semaine du 6 mars. Peut-on y croire ?

Ma colère n’a d’égale que la lenteur dont fait preuve mon employeur pour remédier à la situation. Et ceci n’est qu’une manière d’informer les futurs infirmiers du territoire et les patients du dispensaire.

De qui d’autre que des infirmiers peut-on attendre ponctualité et professionnalisme après 3 mois sans paye ?