De la schizophrénie identitaire, à l’impasse politique: De manière inconsciente beaucoup de Calédoniens d’origine européenne ont emprunté les fondamentaux de la coutume Kanak. Il n’y a qu’à voir comment ils jettent à tout bout de champ, à la figure des autres les générations qui les ont précédé pour revendiquer leur place, pour affirmer leur légitimité.
Ce qui m’agace le plus, c’est leur incohérence. Ils calquent le modèle kanak qu’il dénigrent. De cette schizophrénie identitaire, découle à mon sens une partie de leur manque de lucidité politique. J’ai souvent observé que les chantres de la Calédonie française sont les premiers à déblatérer sur les Zoreilles. Triste paradoxe, ils se nient eux même en défendant bec et ongle, une idéologie qui ne leur correspond plus tout à fait. S’ils étaient plus fidèles à ce qu’ils sont, ils auraient déjà trouvé le courage de réfléchir à un modèle politique qui leur ressemble plus.
Au pays des Accords, il est toujours mal vu de penser autrement. Ainsi, je me vois répondre que réclamer un tout petit morceau de terrain, sans mettre personne dehors, pour faire une place aux vrais coutumiers, c’est le premier pas vers le tout clanique, la négation de l’état. Je comprends que les revendications fassent peur, elles sont associées à tant de drames. Tristes souvenirs, qui devraient nous pousser a être plus imaginatifs.
Ce qui m’amène à dire que peut être (j’insiste sur le peut être),les vrais coutumiers ont un rôle a jouer dans la recherche d’un système original ou les intérêts du collectif doivent primer sur ceux du particulier. En effet, dans la vraie coutume, celui qui a le privilège est le gardien de l’équilibre entre les clans.
Pour que nous puissions être imaginatifs, pour tendre la main aux autres, encore eut-il fallut être unis, mais c’est le contraire qui s’est produit. La soif du pouvoir explique en partie la balkanisation du camps loyaliste, mais il me semble qu’il faut aussi y voir les effets d’un mal plus profond. Ne dis t-on pas que la classe politique est le reflet de la société qu’elle représente?
Les Calédoniens d’aujourd’hui sont dévorés par l’envie. On veut avoir le plus gros tout terrain, le plus gros bateau, on méprise celui qui a fait un peu d’étude si on a pas été loin à l’école, on admire l’argent, pas le savoir. Ici, comme ailleurs, c’est devenu le règne du paraître nous avons abdiqué notre identité. Finies les leçons de simplicité de nos vieux qui nous rapprochaient des kanak.
Nous sommes rentrés dans la grande course à l’avoir et avons invité tout le monde à nous suivre. Je me demande s’il faut voir dans cette évolution seulement les effets de la mondialisation qui a standardisé les modes de vie. Pour ma part, j’y vois aussi un désir de revanche de la part des « victimes de l’histoire » (j’utilise ce terme que je déteste) qui n’assument toujours pas leurs origines.
Je n’affirme rien, je m’interroge seulement, car j’entends déjà les levées de bouclier de ceux qui vont me traiter de traître à ma communauté. Les mêmes qui en 1985 insultaient ceux de la FNSC qui n’ont eu qu’un seul tord, celui d’avoir eu raison trop tôt. Par le passé, des hommes courageux ont mis en terre les graines de l’unité, mais au moment où se profilent des échéances capitales nous n’avons plus personne, des deux cotés, pour trouver un chemin d’entente qui nous ressemble. Les accords de Nouméa ont été une pause qui n’a pas assez servi à tisser les liens, les convergences qui auraient pu devenir l’assise d’une solution à long terme.
Les indépendantistes et les loyalistes ont fait leur lecture des accords et se sont partagé le pouvoir. Cela a produit les alliances politiciennes stériles actuellement en place. Cela ne donnera rien de bon, car il est rare que les mariages d’intérêt produisent des unions heureuses. Ce n’est pas le désir d’avancer ensemble qui rassemble mais la même convoitise.
Ainsi certains, dans le plus grand secret ont commencé à écrire les chroniques d’un largage annoncé, mais les calédoniens loyalistes ne s’en sont pas aperçus, on est jamais mieux trahi que par les siens. Du côté indépendantiste on a laissé faire, car ils ne défendent pas les intérêts de l’état auquel ils aspirent, aveuglés par le désir de s’emparer du pouvoir.
Pauvre pays,sera t-il condamné à revivre des heures sombres pour n’avoir pu regarder son histoire en face, pour s’être laissé berner par ses politiciens, pour n’avoir pas voulu transformer la main tendue en communauté de destin?
VAL 868
Merci val 868 et pébé pour cet échange constructif et interessant, emprunt de politesse et de respect. Cela nous change du niveau de Rigoberto…
Boobzit je ne suis pas un adversaire des deux drapeaux, il y a bien erreur de votre part.Je n’aime pas pi……. sur cette question.
Trop intellectuel pour moi, vous devez être trop “telligent”pour que les autres vous comprennent.
Il n’y a rien d’intellectuel là-dedans, c’est juste une allitération en “Nique” !
On dirait la chronique d’un anachronique de la vraie vie qui larmoie au sujet du nerf phrénique les frénétiques d’une “Calédonique” !!! Comprenne qui pourra ….