Les négociateurs Vs les « va t’en guerre »

Les responsables des partis loyalistes qui appartiennent à la Koalition (RUMP/AE) tentent de faire croire qu’il y a désormais en Nouvelle-Calédonie, 2 types de loyalistes :

– D’un côté ceux qui, responsables, veulent continuer de discuter, de négocier avec les indépendantistes, Sylvie Robineau les a dénommés « les progressistes ». C’est selon eux le seul moyen d’éviter à tout prix le référendum « couperet » qui nous ferait retourner aux évènements tragiques que nous avons connus.

– De l’autre, il y a, toujours selon eux, les irresponsables, les « va t’en guerre », on y cite régulièrement Gomes et Yanno, qui, eux ne veulent plus faire de concessions aux indépendantistes, et veulent, soi-disant aller au référendum.

Je voudrais aujourd’hui poser une question simple à nos amis de la Koalition, à Pierre Frogier qui dit dans une vidéo intitulée « un avenir réconcilié », ne pas vouloir de référendum (ça fait quand même doucement sourire d’entendre ça dans sa bouche alors qu’il y a tout juste 4 ans, en 2009, il a fait campagne sur 2 slogans : « il faut purger l’indépendance » et « le référendum dès 2014 »), à Sylvie Robineau et à Didier Leroux qui appellent au rassemblement des « loyalistes qui veulent négocier ».

Je vous le demande :

AVEC QUI VOULEZ VOUS DONC NEGOCIER ?

Pour pouvoir discuter, pour pouvoir négocier, pour trouver une solution, il faut être 2 à le vouloir, 2 autour de la table, il faut être 2 à faire des concessions. Et là, qui sera votre partenaire de discussion :

– Roch Wamytan qui a défilé le 13 juillet dernier sous la banderole « Kanaky est en train de naitre » ou affirmé sur RRB qu’il fallait « aller au référendum » ?

– Sylvain Pabouty qui défile aujourd’hui avec la manifestation qui veut exclure encore plus encore de calédoniens du corps électoral?

– Ou Louis Kotra Uregei qui a dit sans ambiguïté le 1er mai 2012 « ce sera Kanaky 2014, y’a quoi à négocier ? » ?

– Ou même Paul Neaoutyine dont le candidat aux élections législatives a répété à l’envi qu’il fallait aller au référendum, et qui précise dans son journal du 5 avril dernier que « il s’avère incontestablement que dès 2014, le pays aura construit sa citoyenneté et devra décider de l’exercice de sa souveraineté »?

Si les indépendantistes demandent le référendum, c’est que, comme l’a indiqué Roch Wamytan sur les ondes de RRB, ils en acceptent le résultat. C’est la différence essentielle avec le référendum de 1987 que les indépendantistes avaient boycotté. Aujourd’hui, ils veulent ce référendum, ils le demandent presque d’une seule voix. Comment donc obtenir donc quelques concessions de leur part, alors même qu’ils n’ont pas « peur » du référendum ?

Alors je vais donner ici mon avis, le vrai, pas celui détourné par les autres responsables politiques :

Il est essentiel de trouver une solution pérenne, une solution de long terme pour la Nouvelle-Calédonie. Le développement économique demande de la stabilité institutionnelle. Les « à-coup » liés à l’inquiétude de la sortie des accords de Matignon et de Nouméa ont fait et font beaucoup de tort à l’économie, à l’emploi et donc au pouvoir d’achat des calédoniens.

Et cette solution, comment la trouver ?

Il ne faut pas exclure la discussion, la négociation avec les indépendantistes mais sur des bases claires : que souhaitons nous ? Sur quoi, n’est-il pas question de céder ? Que pouvons nous encore céder ? Pour être honnête, plus grand chose…

Mais cette discussion devra se faire dans les conditions suivantes :

– Avec un camp loyaliste uni sur l’essentiel, adversaire unique et fort des indépendantistes, qui, comme en 1988 et en 1998 dispose de la légitimité démocratique.

– Cette discussion devra se faire dès le lendemain des élections provinciales de 2014, et doit être limitée dans le temps (si au bout d’un an, aucune solution n’est trouvée, une année, 2, 3 ou 4 de plus, n’y changeront rien).

– Elle doit se faire sans avoir peur du référendum. Il faudra accepter d’aller au référendum dès 2015 si aucune solution n’était trouvée. Pas forcément d’ailleurs au 3 référendum dans la foulée, mais au moins au 1er. Une fois les résultats connus, la preuve à nouveau faite que malgré le gel du corps électoral, les loyalistes restent largement majoritaires, il faut se remettre autour de la table, discuter à nouveau. Et cela jusqu’au 3ème référendum si cela est nécessaire.

– Et il faut que chacun accepte dès le début des discussions que si les 3 référendums avaient lieu, et que les 3 étaient remportés par les partisans de la France, on en resterait là, on figerait la situation institutionnelle de la NC, on transformerait le titre temporaire de la Constitution Française dans lequel se situe la Nouvelle-Calédonie, en un titre définitif. On Accepterait TOUS que le statut actuel de la Nouvelle-Calédonie soit maintenu dans la France tant que la population calédonienne le souhaite.

C’est dans ces conditions que nous pourrons garantir aux calédoniens un avenir de paix dans la République Française.

Sonia Dos Santos Backes