Au lendemain de la fin de la grève générale contre la vie chère, il règne dans ce pays une confusion, des sentiments contradictoires voire antagonistes quant à cette grève, sur sa neutralité politique, son utilité, son bilan. Ce qui semble surtout laisser des traces, c’est la non-union des syndicats et le refus de l’USTKE de joindre et soutenir la fronde sociale. La “victoire”, si on peut l’appeler ainsi, a quelque chose de bizarre, un arrière goût un peu amer. Ce qui devait être une grande confrontation, la grande mise au point entre le peuple et une certaine caste politico-affairiste qui nous écrase et ne nous entend pas, n’a pas vraiment eu lieu. On a l’impression d’être passé à côté de quelque chose.
Petit rappel d’histoire: on a connu un temps où l’ USTKE était à son apogée; le syndicat entrait dans un conflit et “faisait des propositions”, et accompagnait cette première expression d’une deuxième, qui était “l’USTKE pèsera de tout son poids” pour faire aboutir ses demandes. Ces deux expressions étaient intéressantes, chacune dans son sens propre, est dans la synergie des deux. La première était une façade, une vitrine médiatique; il fallait bien présenter en choisissant les mots qui ne choquaient pas. Une vitrine parce qu’en fait les “propositions” n’étaient autre que des exigences, et tout comme on accède aux demandes de quelqu’un, il fallait accéder aux “propositions”. Pourquoi ? la deuxième expression vous l’explique: “peser de tout son poids”, inutile d’expliciter, les Calédoniens garderont longtemps le souvenir de ce que cela voulait dire.
On a donc connu une USTKE à son apogée, combative, qui refusait de céder, qui gagnait à l’usure, mais malheureusement dans des conflits et pour des causes qui n’étaient pas populaires, plutôt discutables car comme on l’entendait souvent de la part de ses détracteurs, le syndicat “défendait l’indéfendable”; des motifs de sanctions, de licenciements probablement justifiés, auquel il répondait par de gros conflits sociaux qui avaient des relents d’une mauvaise époque, conflits sociaux d’autant plus impopulaires que l’on menaçait toujours de les étendre à tout le pays si on obtenait pas gain de cause; il fallait gagner coûte que coûte, c’était sa marque de fabrique. C’était la politique de l’excès, du disproportionné, qui a sans doute contribué à son déclin à partir de 2009 suite aux événements de l’aéroport de Magenta. De gros conflits sociaux donc, pour un licenciement ou une sanction pas acceptée. Un syndicat qui selon ses dires se plaçait du côté de ceux qui subissent l’injustice, mais surtout qui se battait rageusement non pas pour l’intérêt général mais pour des intérêts particuliers –celui d’un ou quelques de ses adhérents.
Mais au lendemain de la fin de la grève de mai 2013, quelle portée, éventuellement quel retour négatif son absence peut-elle avoir ? Car cette grève contre la vie chère, c’était un conflit social d’intérêt général, un conflit contre une injustice évidente subie par tous les gens de ce pays sans distinction de couleur, de classe: une population toute entière contre des forces, des intérêts qu’on peut qualifier d’oppresseurs, et acteurs d’une grande injustice. Cette grève, c’était une volonté de changer les choses qui devait fédérer tout le monde; pour une fois, tous les hommes et les femmes de ce pays étaient d’accord, ils auraient pu être tous unis derrière tous les acteurs sociaux pour une juste cause devant un gouvernement (dont on doute de la volonté et de la sincérité pour de bonnes raisons) qui ne répondait plus à nos attentes. Un bouleversement ( et non une explosion sociale) devait aboutir pour assainir un peu l’économie de ce pays, et améliorer notre quotidien.
Les Calédoniens auraient bien aimé qu’en ce mois de mai 2013, le syndicat “pèse de tout son poids” contre ces pratiques commerciales abusives qui consistent à voler dans leur porte-monnaie. C’était une cause on ne peut plus juste; car cette fois le peuple calédonien tout entier, dans toute sa diversité ethnique et sociale, était du côté de ceux qui subissent l’injustice, du côté de ceux qu’un certain patronat écrase sans scrupule, ce même patronat qui a toujours été l’ennemi juré et vaincu de et par l’USTKE du temps de sa splendeur. Ce conflit social devait être le premier conflit du destin commun. Et l’USTKE en a été la grande absente. Absente devant l’injustice et le mépris du peuple, absente devant la défense de l’intérêt général, absente devant l’union sacrée mais éphémère d’un peuple multi-ethnique qui essaie de se construire, absente devant les patrons voyous. Une fois n’est pas coutume, les Calédoniens regrettent que l’USTKE n’ait pas pris par à un conflit social; sentiment paradoxal, étrange, qui contribue à ce sentiment de confusion, de déception, que nous sommes passés à côté de quelque chose.
Au mois de mai 2013, on aurait bien aimé que le syndicat “pèse de tout son poids”, peut-être moins en terme de poids sur le nombre des adhérents, mais en terme de détermination, de combativité, pour exiger non pas 10% de baisse générale des prix mais bien plus, au lieu de venir après coup dénigrer — sans avoir tort, sans doute– cette maigrichonne victoire des 10%. Car venir dénigrer après coup n’aura pas rendu service à ce pays, n’aura rien apporté à la population . Est-ce que cela apporte quelque chose de bénéfique au syndicat, à son image ? ça, c’est à eux de voir. Aujourd’hui, il se justifie en rappelant sa participation à la “Commission Vie Chère”. Il est vrai que cette commission a une grande importance dans le coeur des Calédoniens puisque depuis que cette commission existe (et depuis que l’USTKE via le Parti Travailliste est entrée au Gouvernement et participe à cette commission) les prix en rayon n’ont cessé d’augmenter scandaleusement depuis deux ans. Je pense que, tout comme moi, nombre de Calédoniens doivent s’en foutre complètement de cette commission et attendent en lieu et place que ceux qui ont été élus pour diriger ce pays entrent dans le lard et agissent de manière directe, forte et sincère. On juge au résultat, et le résultat, il est sur les prix en rayons…
La plupart de nos “dirigeants” étaient en déplacement en Métropole; ceci est un autre sujet. Mais malgré la petite victoire, ce que retiendront les Calédoniens de cette petite page de notre histoire, c’est comme dit le proverbe, “les absents ont toujours tort”.
Mister Eric
lku ou la démocratie à l’africaine :tout pour ma gueule et les autres démerdez-vous!
pace salute
Chaque container bloqué au port, c’est 80.000 de manque à gagner pour loulou, parait-il.
Ceci expliquant celà …
quand je lis ce que je lis je me dis que peu de personnes ont lu le rapport sur la concurrence
jeme permets donc de joindre le lien
http://www.autoritedelaconcurrence.fr/doc/rapport_nvlle_caledonie_distrib.pdf
exemple parmi tant d’autres réglementation marge 20 % pour les grossistes…. lisez le rapport..
C’est pas une question de nostalgie de la bâche bleu konebien
( je te rassure, ça ne manque à personne… sauf à nonmaisalloquoi )
L’idée de mon sujet est ailleurs.
ps : c’est p’être Clark qu’a mis le feu aux bateaux… 🙂
ailleurs ?mais ou même question Clark est en mission ailleurs?
Et à part ce constat pessimiste, konebien, quel début de solution plus réaliste souhaiteriez-vous ?
eh bien, je crois que vous avez tout simplement raison.
faudrait convaincre le mister alors…
Tu n’as pas tort dans ce que tu as écrit.
en quoi cette récitation, cet enfermement idéologique a-t-elle un rapport avec le sujet, le point à discuter ?
Ont gagne combien pour siéger a la Commission Vie Chère, ou est-ce du bénévolat???????
Si quelqu’un a la réponse à cette question que je me pose aussi…
( s’il y a rémunération, reste à savoir si elle est …. “indexée”)
Mister Eric se dévoue pour nous expliquer combien l’USTKE a mal agi. C’est vrai qu’il faut bien répondre à leur dénonciation de la proximité Gomès-Guénant.
D’ailleurs Daniel Ochida et quelques autres du MEDEF racontent à l’envie comment s’est passée la signature des accords, avec un Guénant qui ne voulait pas signer alors que tout avait été accordé, il fallait qu’il s’absente 5 min pour aller téléphoner, et ensuite revenir pour signer finalement. On se demande bien de qui il a pu bien recevoir le “OK” au téléphone…
Guénant, Guénant!!!; je m’intérroge est-ce le PDG du FSH, qui est en même temps patron du soenc; ah oui ça y est d’un coté il crit au et fort qu’il faut augmenter les salaires, c’est bien ça bonne idée; et après il augmente les loyées pas con le mecs.
Bon allez, c’était moi. Mais ne le répète à personne !
Très amusant ! 🙂
RAB de savoir qui pilote qui…..personne ne se pose la question sur qui pilote le steakaeux et son bras politique……alors franchement RAB que Didier appelle son gamin pour lui dire que le paquet de timtam va baisser……le truc c’est qu’au bout de 2 ans de blocages, un accord a été trouve en moins de 48h et sans le steakaeux et FO tant pis pour eux, (a Croire que ce combat n’avait pas d’importance pour ces 2 la)……….un petit pas pour les syndicats, un pas de géant pour la population.
Mister Eric se dévoue pour nous expliquer combien l’USTKE a mal agi. C’est vra