Bourail : le curé témoigne

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devivies

Agressé chez lui la nuit précédent le 15 aout, le curé de Bourail raconte aujourd’hui son aventure. Malgré les circonstances, le père François Xavier de Vivies conserve son humour.

Ce texte du curé de Bourail, dont nous publions ici un extrait, a été diffusé dans un premier temps auprès des paroissiens de Bourail. Ces derniers, émus de ce fait-divers, ont souhaité que la Nouvelle-Calédonie tout entière soit mieux informée de ce qui s’est passé.
Nous laissons à votre jugement, ce récit…

Au presbytère de Bourail nous avons été régulièrement « visités ». La disposition des lieux permet de visiter les chambres lorsque nous sommes à la cuisine à regarder la TV. Un jour où je faisais la sieste, un gars est entré dans ma chambre pour prendre ma banane ( enfin vous voyez ce que c’est). Maintenant quand je me repose, je dois fermer la porte à clef. Une autre fois j’étais au bureau, et pendant les deux secondes où je me tournais vers le classeur il entrait et prenait la caisse. Plusieurs fois il s’était introduit par les fenêtres arrière en grimpant la descente de gouttière. Il avait passé aussi une nuit au presbytère en se cachant dans la chambre du fond et prenant le temps de fouiller pendant notre sommeil….

Je m’étais dit : « la prochaine fois où nos routes se croisent, je le dame » et j’avais préparé un bois « consistant », pas un manche à balai !

La nuit du 14 au 15 août des bruits suspects autour de ma voiture me réveillent. Je sors en slip avec mon bâton et je dame le mec. Comme il se barre par l’escalier et prend de la distance, je veux achever mon travail ( je suis consciencieux en tout) et lui balance le bois…
Mais il n’était pas « fini mort » comme on dit ici, et il prend le bâton et remonte l’escalier pour me damer à son tour ! Patrick me demande si c’était un remake de l’épisode de la joue droite de l’Évangile. Non, c’était plutôt la version calédonienne du boomerang australien !

Quand, au coup de cloche, les deux combattants se sont séparés après moult saluts, j’ai appelé la gendarmerie. La nuit ils sont injoignables, c’est redirigé sur le PC de Nouméa qui évalue et les appelle éventuellement. Je pissais le sang un peu de partout à cause des anticoagulants. Les pompiers appelés ont fait le premier nettoyage. Mes tatouages les ont impressionnés : ils m’ont demandé si j’étais un ancien légionnaire ! Je ne fréquente guère, encore si peu, que la Légion de Marie ! Au milieu de la nuit, je suis monté au dispensaire pour le certificat médical. J’ai eu droit à un ITT de 10 jours, mais c’était surtout pour pouvoir qualifier pénalement le délit.

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