Un gars et une fille

Ça y est les Calédoniens sont sauvés : l’union est faite ! Face au FLNKS, au Parti Travailliste, à dynamic-Sud, aux machins, aux choses, nous avons nos trois mousquetaires : Yanno, Lafleur, Blaise…

Parce que les non-indépendantistes ont toujours eu peur des lendemains (qui en 88 a voté massivement contre les Accords de Matignon sinon eux ?), ils se sont auto-suggérés que seule l’union pouvait nous sauver d’un danger. Ils sont donc prêts à gober n’importe quelle fadaise ou escroquerie du moment que cela a l’apparence d’un truc que l’on appelle « union » pour faire chouette. Pour cela, et parce que ça met du baume sur leur petite conscience politique, les non-indépendantistes ont cette capacité stupéfiante de tout oublier du passé, surtout et y compris lorsque ce passé, c’était hier !

Que sur une même photo, on puisse voir Gaël Yanno et Isabelle Lafleur, ça a fait s’étouffer les rares qui ont assisté aux obsèques de Jacques et qui eux n’ont pas oublié que Yanno était alors sacrément non gratta. Découvert par Jacques Lafleur, Yanno a quand même été de ceux du Rump qui ont fait les Ides de mars pour se débarrasser du père, tu quoque mi filli ! La fille ne semble donc avoir ni mémoire ni remords.

Mais au-delà de ces faits, dont il faudra reparler parce qu’il sont quand même loin d’être anecdotiques en ce qu’ils révèlent tout l’opportunisme de la démarche, il y a quand même derrière tout cela un fondamental coup de bluff. La politique est une chose trop sérieuse pour être confiée à des amateurs, or cette « union » n’est qu’un conglomérat de néophytes, à la vision limitée et aux idées courtes. Certains s’amusent à regretter que dans notre V^ème république nous soyons passés de De Gaulle à Hollande, dites-vous bien qu’en Nouvelle-Calédonie nous sommes en train de passer de Lafleur à Yanno, via Isabelle, Brial, Backes, Sangarné ! Ça fait froid dans le dos à tous ceux qui ont quand même quelques saines ambitions et de vrais rêves pour le pays !

Permettez-moi de répéter l’antienne qui est la mienne, que ça n’est pas parce que l’on saute sur sa chaise en criant « l’union, l’union, l’union », que l’on doit accepter tout et n’importe quoi et croyez-moi, cette union blougiboulgesque, c’est n’importe quoi. Qu’une Lafleur opposée au drapeau fasse équipe avec le type qui a décoré la mairie de Nouméa avec l’emblème FLNKS, c’est quand même fort ! Car finalement, sur quoi vont bien pourvoir s’entendre un gars qui parle du fédéralisme honni par Jacques Lafleur qu’il considérait comme une crétinerie, et une fille qui n’a jamais eu une idée à elle, et qui se contente de promotionner celle que son père avait défendue sur la fin de sa vie, à savoir le pacte cinquantenaire ?

L’avenir de la Nouvelle-Calédonie est entre bonnes mains avec cet attelage…

Caton