LE PROMESSOMETRE

Faut-il respecter des promesses électorales irréalistes ou rompre le lien de confiance démocratique avec les élus et futurs élus ? C’est un peu la question qu’il faut se poser à l’orée des échéances électorales qui pointent le bout de leur nez et auxquelles nous allons être confrontés. Après tout, ne dit-on pas que “les promesses n’engagent que ceux qui y croient”… J’aurais aussi pu poser cette question pour introduire mon billet: Est-il plus grave de respecter ses promesses électorales au risque de rompre avec la réalité ou bien de rester en phase avec la réalité en rompant avec ses promesses électorales ? Vous l’aurez compris chers amis, j’aimerais qu’on s’intéresse ici aux promesses électorales qu’on nous fait ici et là dans le seul but de se faire élire, prendre le pouvoir et gouter à ce doux nectar de la haute société calédonienne.

Je crois malheureuement que tout politique devant se faire élire a l’obligation de mentir – c’est la loi de l’économie électorale de marché – et le devoir, une fois élu, de justifier le plus habilement possible ses virages à 90 ou à 180 degrés. La question essentielle restant évidemment, pour tout homme qui se veut responsable, l’obligation de résultat. Au bout d’un mandat, le peuple calédonien se porte-t-il un peu mieux qu’au début, ou est-il en train de mourir guéri ? Tout le reste est babil et salivations.

Bien entendu, les thèmes de campagne, par la force des choses, sont abandonnés une fois élu, vous l’aurez remarqué j’espère.. : après avoir promis la réduction de la fracture sociale, la suppression de la délinquance et l’augmentation du pouvoir d’achat, il faut bien reconnaître que les choses ne sont pas si simples, et qu’il y a surtout l’héritage des prédécesseurs plus lourd que prévu (il n’y a qu’à voir l’affaire du drapeau). En revanche, il existe un culte du « programme », des « 50, 80, 100 ou encore 110 propositions » qu’on s’engage à réaliser envers et contre tout. Rien n’est plus absurde, pourtant, que cette obsession du programme ! Réaliser le programme garantit souvent la défaite électorale mais n’est en revanche jamais la cause d’une réélection. Une fois aux affaires, le jugement du public porte sur la capacité à gouverner, à faire face aux défis de l’histoire en marche, à se tenir au plus près de l’intérêt général. A cet égard, ne pas savoir renoncer à une promesse de campagne lorsqu’une situation historique nouvelle l’exige n’est généralement pas porté au crédit d’un gouvernant, je pense bien entendu ici à Philippe Gomès et son entêtement pour ériger son fameux drapeau commun

On ne peut pas enfin exonérer les électeurs de leur responsabilité ; on ne peut pas à la fois affirmer que le peuple est souverain et qu’il est irresponsable. Le programme est conçu en vue de l’élection : il contient donc ce que les électeurs ciblés attendent, ce qu’ils désirent qu’on leur promette. S’ils désiraient autre chose, on leur promettrait autre chose. L’électorat est une clientèle, et le client est roi. Les promesses électorales sont donc le reflet de la maturité ou de l’immaturité de l’électorat à un moment donné de l’histoire.

Je crois sincèrement qu’il n’y a pas un citoyen, aujourd’hui, qui croit à la sincérité totale des élus qu’ils soient indépandantistes ou non indépendantistes. Une fois pour toutes, qu’on le sache : après chaque discours, les électeurs ont corrigé d’eux-mêmes. Ils voteront pour celui ou celle qui leur semblera le plus proche de leurs humeurs, de leurs colères et de leurs arrières-pensées. Puis pinailler sur les différences entre Frogier et Gomès ou encore Yanno pour ne citer qu’eux revient quelque part à s’interroger sur la quantité de vaseline nécessaire pour lubrifier l’orifice des calédoniens. Ca ne va pas plus loin.

Je vous laisse conclure ce billet par le biais des commentaires en essayant pour une fois de vous respecter les uns des autres. Je ne dis pas qu'il faut fermer tout les débats mais si l'ambiance continue à être pourries par deux ou trois individus, je ne prendrais pas de pincettes avec eux et sans préavis car il en va de la "survie" de calédosphère.