2014, la bonne année pour Hollande ?

En annonçant un « pacte de responsabilité » avec les entreprises et en préconisant de « faire avancer les dossiers » par décret ou ordonnance, le chef de l’Etat essaie de convaincre les Français de son volontarisme à tout juste quelques mois des échéances électorales, lesquelles seront un test grandeur nature de sa politique. François Hollande reviendra de manière plus précise sur ces mesures le 14 janvier prochain lors d’une conférence de presse.

On le disait affaibli, qu’il ne tranchait pas dans le vif, finalement François Hollande, sur la forme a tranché. En proposant un « pacte de responsabilité » avec les entreprises le chef de l’Etat en a surpris plus d’un en pleine période des vœux. Surpris, Jean-Louis Debré le très chiraquien et président du conseil constitutionnel, lors des vœux du président de la République aux sages de la rue Montpensier, a rappelé à « l’ordre » François Hollande. Celui-ci, d’après l’article 5 de la constitution de 1958, est le garant du respect de la constitution de la Vème République. Pas question pour Debré de voir des textes inconstitutionnels votés à la va-vite. Vingt mois après son élection, Président de la République le plus impopulaire de l’histoire, plombé par un ras-le-bol fiscal, menacé par la jacquerie des bonnets rouges en Bretagne et une gauche divisée, François Hollande a décidé d’assumer pleinement son côté social-libéral.

François Hollande sera-t-il alors le Gerhard Schröder à la française ? Sa majorité le suivra-t-elle sur cette ligne politique ? Rien n’est moins sûr. L’annonce en 2012 du « pacte de compétitivité » pour les entreprises et du CICE avait déjà été analysée comme un tournant dans sa politique. Faudrait-il que l’on s’étonne de cette rupture avec la doxa socialiste ? Non pas vraiment, car si on regarde de plus près le parcours du chef de l’Etat, dans les années 1980, cet ancien proche de François Mitterrand faisait valoir un discours détonnant, lorsqu’il disait sur les plateaux de télévision en 1986, que « l’Etat ne pouvait pas tout et que seules les entreprises étaient compétentes en matière d’emploi »

Moins de charges sur les entreprises, moins de dépenses publiques, moins d’impôts…Dans ces vœux hier matin devant les corps constitués, le chef de l’Etat a épinglé un Etat « trop lourds, trop lent, trop cher ». S’il faut attendre la grande messe du 14 janvier, pour connaître plus en détail les contours de son programme, on peut s’attendre à ce que la tournée rituelle des vœux présidentiels soit l’occasion de semer à chaque fois des petits cailloux allant dans ce sens.

A sa gauche, le secrétaire nationale du parti communiste français, Pierre Laurent, a qualifié de « désolants » les vœux de François Hollande. Le PCF fait pourtant encore cause commune avec les socialistes pour les municipales de mars prochain. François Bayrou, attendait ce genre de discours qui est venu un peu trop tard pour pouvoir s’allier avec lui. Cependant, cette réforme et la perspective de gouverner par ordonnances pourraient en faire tousser plus d’un à gauche, surtout lorsque l’on sait la fibre parlementariste des socialistes qui n’ont jamais vraiment accepté le régime présidentiel de la Vème.

Machiavel