Poutine s’accroche à la Crimée

Jusqu’où ira le maître de la Russie ? Alors que l’ensemble des démocraties occidentales condamne les agissements belliqueux de la Russie, et que les pressions diplomatiques sur le Kremlin s’accentuent, Vladimir Poutine dénonce « un coup d’état inconstitutionnel » en Ukraine et se réserve le droit de recourir à la force. L’armée russe a pris le contrôle de la région de Crimée, sans heurt ni coup de feu, avec l’assentiment de la population locale. Mais revers de la médaille ,la monnaie russe, par effet boule de neige, s’effondre sans que le maître du Kremlin sourcille, cela ne semble pas, pour autant, le freiner dans son engagement contre le reste du monde démocratique.

Pourquoi Poutine s’accroche-t’il à la Crimée ?

La Russie de Poutine se considère comme le seul pays qui est dans la légalité dans cette crise. Pour le gouvernement de Moscou, le nouveau pouvoir de transition est illégitime et donc représente un danger potentiel pour la partie russophone de l’Ukraine. Pour les médias à la botte du Kremlin, le nouveau régime qui a suivi la chute de Viktor Ianoukovitch est ressenti comme un pouvoir « fasciste », « nazi ».

Pour la Russie, l’Ukraine est un enjeu économique, puisque l’accord d’association avec l’UE, qui n’a pas été ratifié par l’ancien président Ianoukovitch, aurait été pénalisant pour la Russie. Un tel accord aurait autorisé le transit de produits européens vers la Russie via l’Ukraine, renforcant ainsi la concurrence avec les produits russes.

L’autre enjeu pour Poutine est géopolitique. Si l’Ukraine se tourne vers l’UE et donc vers les Etats-Unis, cela mettrait l’OTAN au porte du monde russe, et c’est la hantise du président Poutine. Si l’Ukraine bascule du côté européen, cela créerait un précédent et un exemple pour les anciennes républiques de l’ex-URSS, mais mettrait également à mal l’union économique eurasienne voulue par Vladimir Poutine.

Enfin pour la population russe et ses dirigeants, l’Ukraine est le berceau de la Russie éternelle, dans le discours poutinien, l’Ukraine est le peuple frère.

Jusqu’au conflit armé ?

Poutine est un homme d’état rationnel, il n’a pas, pour l’instant, intérêt à entrer dans un conflit armé. Il s’agit seulement de faire monter la pression. L’occupation de la Crimée par les russes, n’est que stratégique, il recherche une négociation à ce conflit. Depuis des années, la Russie prône la non-ingérence et la souveraineté des états et c’est au nom de ce sacro saint principe, que Poutine refuse toute intervention dans le conflit syrien.

Que peut faire l’Union Européenne ?

La menace du boycott des préparatifs du sommet du G8, prévu en juin à Sotchi et la possibilité d’un retour au G7 sans la Russie, ne sont pas anodines. Depuis 1998, la Russie a retrouvé sa place au sein du G7, pour Vladimir Poutine, perdre cette place, c’est perdre l’image d’une Russie « grande puissance ». Le gel des avoirs russes est agité comme moyen de pression économique, cet isolement économique aurait un effet néfaste sur la population russe et surtout sur les oligarques, à un moment où la Russie est en pleine stagnation économique. Aujourd’hui le rouble s’écroule. Il sera dangereux pour Poutine de poursuivre dans cette voie sur le long terme.

Poutine n’a pas grand monde avec qui négocier, il n’a plus d’interlocuteur à Kiev, puisqu’il ne reconnaît par le nouveau pouvoir en place et du côté européen, il existe une certaine méfiance, voir un certain mépris, car jugé trop faible et sans aucune vision en politique étrangère commune. Mais le dialogue pourrait passer par l’intermédiaire de la chancelière allemande, Angela Merkel, car on connait les liens anciens qui unissent la Russie et l’Allemagne et surtout ces deux grands pays ont d’importants liens économiques.