Gouaro : le casse du siècle ?

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gouaro deva

Voilà plusieurs semaines que nous menons une investigation sur le dossier sulfureux porté par la SNC Casino dans le futur complexe hôtelier de Gouaro Deva. Très récemment, le « folliculaire monopolistique de la place » a évoqué quelques points concernant le montage du projet. L’hebdomadaire l’Éveil a quant à lui publié dernièrement des documents accablants mettant en cause l’ancien directeur de la SHN, Michel Quintard, ainsi que la gestion de l’actuel président de Promosud, Pierre Bretegnier, dans ce dossier.

Avant de publier, très prochainement, les résultats de notre propre enquête qui évoquera pêle-mêle quelques tractations financières sous enveloppes, des montages douteux, et une double comptabilité clandestine, nous partageons dès à présent l’analyse de Thierry Squillario qui jette la première pierre dans ce sombre dossier. Celui-ci semble avoir toutes les caractéristiques de ce qu’on pourrait d’ores et déjà définir comme rien de moins que le « casse du siècle »…

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Vu sur l’éveil hebdo :

Dans son édition de lundi, le quotidien annonce en une la création d’un casino dans le futur hôtel de Gouaro Deva. Un nouvel établissement de jeux dont on aurait pu penser que la gestion serait confiée à la Société des hôtels de Nouméa. Mais il n’en est rien puisque ce sera la sulfureuse SNC Casino, déjà épinglée dans un rapport de la Chambre territoriale des comptes, qui est encore l’heureuse élue. Vous avez dit combine ?

« Le casino permettra de créer vingt-cinq emplois supplémentaires, dont vingt pourront être pourvus localement, car ils ne nécessiteront pas de qualification particulière, se félicite Sonia Barket Babois. La SNC casino de Nouméa, experte dans ce domaine, qui va gérer ce nouvel espace, aura également en charge la formation du personnel. » Ces quelques lignes, dans l’édition du lundi 3 mars des Nouvelles peuvent paraître anodines pour le lecteur calédonien. Mais lorsqu’on prend la peine de s’intéresser de plus près à la société qui va donc gérer ce futur casino, il y a matière à se poser d’innombrables questions et à se demander encore ce qui se cache derrière cette opération aussi fastueuse qu’équivoque…

De quoi parlons-nous, en effet, lorsqu’il est question de la SNC Casino ? D’une société qui, à la fin de l’année 1995 a cédé 5% de son capital à Michel Quintard, alors directeur de la SHN, et la même part (5%) à Alfio Zuccato, entrepreneur bien connu. Deux participations payées 20 millions de francs chacune. Deux participations qui rapporteraient en moyenne 40 millions de francs à chacun des deux bénéficiaires. En 2008, soit treize ans après cette cession, la Chambre territoriale des comptes a rendu un rapport consacré à la gestion de PROMOSUD dans lequel elle consacre de nombreuses lignes à la SNC Casino…

= Le rapport de la Chambre territoriale des comptes 2008 (extraits)

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= En réponse à ces légitimes interrogations, PROMOSUD allait dans le même sens que la Chambre territoriale des comptes…

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A ces somptueux cadeaux de 1995, il va donc falloir ajouter, 20 ans après, puisque ce futur casino de Gouaro Deva est annoncé pour 2015, une nouvelle mirobolante offrande. Outre l’expérience de la SNC Casino, qui semble être davantage un prétexte qu’une réelle argumentation, qu’est-ce qui motive donc ce choix si troublant ? Nul doute que Pierre Bretegnier, l’actuel président de PROMOSUD qui vient de rejoindre l’UCF qui prône tant la transparence, ne manquera pas de nous éclairer. A moins qu’il y ait encore, comme en 1995, tant de choses à cacher que personne, pas même la Chambre territoriale des comptes, n’est parvenue à expliquer et encore moins à légitimer de telles faveurs accordées à messieurs Quintard et Zuccato. Faites vos comptes, ces deux chanceux ont en effet touché près de 400 millions de francs chacun en dix-huit ans grâce à cette SNC. Le gros lot en somme, appelé à devenir encore plus phénoménal avec Gouaro Deva. Il ne manquerait plus que le Haut-commissaire, si prompt à réagir pour régler les dossiers et éviter que certains ne se gobergent trop, s’intéresse de plus près à cette affaire…

Th. S. (lien vers la source)