Lagarde Vs Yanno, par Boy Naku

A comparer le portrait des 2 candidats aux législatives dans la 1ère circonscription, y aurait pas photo…

A ma gauche, l’outsider Sonia Lagarde. Son palmarès : pas vraiment de diplôme, une jolie carrière de speakrine à la télé, puis de commerçante en prêt à porter. Pas de mandat national, un simple titre de conseiller municipal… Sur la balance, ça fait combien ? Ben pas bien lourd !

A ma droite, le champion du monde, celui qui remet sa ceinture en jeu. J’ai nommé Gael Yanno. Etudes brillantes (je mets pas tout pour économiser du papier) qui passent par l’économie, les sciences politiques et l’expertise comptable. Un plongeon dans le bain RPCR avant même ses premiers émois amoureux, le fils spirituel de (tenez vous bien)… Jacques Lafleur. Député suppléant pendant des années, avant de prendre enfin la place du maître. Maire suppléant de la Ville de Nouméa pendant des années, avant de prendre un jour (c’est programmé) la place du vieux.

Alors, le combat doit-il avoir lieu ? Les forces sont tellement déséquilibrées que la pauvre Sonia va se retrouver vite fait au tapis avec le pif éclaté. C’est le massacre annoncé ! A moins que…

A moins qu’un combat se gagne à la rage, à l’envie. Parce que si on regarde bien, il les a gagnés comment ses combats le Yanno ? Par forfait, faut bien le reconnaître. Des adversaires battus d’avance par la machine à penser construite par le machiavélique Lafleur, et récupérée en ordre de marche par l’opportuniste frogier. Et puis il s’en est pris combien des coups de poing dans la gueule ? Ben pas beaucoup. Jamais tête de liste, à part aux dernières législatives, toujours à surfer sur le succès des autres. En fait, il connaît pas trop la douleur, il sait pas trop ce que c’est que mettre un genou à terre, se relever et continuer le combat.

Sonia, elle, elle s’en est pris des coups. Le combat ne lui fait pas peur, ça c’est certain. De toutes les oppositions, de toutes les indignations, elle a plus d’une fois montré son tempérament de puncheur. Et elle tient la distance. Aucun combat perdu par KO. Juste par défaut d’arbitrage. Faut dire qu’avec cette foutue machine à penser, les juges étaient un peu dépassés… Et puis, Sonia est une femme. C’est bien connu, les femmes gèrent mieux la douleur, elles savent souffrir parce qu’à un moment ou à un autre de leur vie, elles y ont été confrontées. Qu’est ce qu’il connaît de la douleur, le champion du monde ?

Alors bien sûr, on dit : Yanno a les faveurs du pronostic. Il est respectable, rien à voir avec son congénère de la 2ème. Il est le dernier rempart contre l’indépendance. Il est victime de la politique de coalition du RUMP Montdorien qu’il n’approuve pas. Il incarne le sérieux et la rigueur qui conviennent à l’assemblée nationale. Il est intelligent, cultivé et diplômé…. La machine à penser fonctionne encore !

Entre le mythe et la réalité, l’écart peut être abyssal. D’abord, Yanno n’est pas une victime. Incapable d’insurrection, il fait l’aveu, face aux brutes montdoriennes, d’une apathie navrante. Lui, n’est vraiment pas un puncheur ! L’essentiel est sa carrière, qu’il a commencée si tôt et si longtemps dans l’ombre que ça en dit long sur ses convictions. Il ne maîtrise rien, a perdu définitivement le pouvoir au sein du RUMP auquel il ne sert que de marionnette savante. Ensuite, notre dépité sortant montre quel bilan ? S’égarant dans des commissions peu en rapport avec l’avenir de la NC, il a surtout servi la majorité et son chef. Son cheval de bataille : la défiscalisation. Quand on sait comment ces « aides » à l’investissement ont surtout servi à l’enrichissement de quelques-uns (rémunération exorbitante des cabinets de défisc par exemple), sans rien changer au niveau des prix, y a pas vraiment de quoi se glorifier. Quant à la défense des intérêts de la NC dans la France, ben heureusement qu’on avait 2 députés loyalistes. On en serait où aujourd’hui sans eux ??

Alors, évidemment, on dit aussi : Lagarde n’a pas le profil pour être député. Elle n’a aucune chance d’être élue. Elle est inféodée à Gomès qui ne vaut pas mieux que Frogier. Elle est féministe dans un monde machiste. Elle manque de diplomatie. Une ancienne mannequin, quand même… Ouais ben justement. Sonia est tout sauf un rond de cuir. Les Calédoniens la connaissent depuis toujours et l’apprécient pour ce qu’elle est, pour ses passions, son engagement. Sa liberté de pensée, sa liberté politique, elle l’a gagnée depuis des années, et n’a pas grand-chose à prouver de ce côté-là. Son franc-parler, ce sont ses uppercuts qu’elle a commencé à asséner à notre Richard Virenque de la politique. Son idée de la Nouvelle Calédonie dans la France est intacte. Elle ne fait pas dans la grande braderie, elle. Et puis, la machine à penser commence à gripper. Elle aurait besoin d’un bon entretien, mais ses nouveaux propriétaires ne savent pas bien comment faire. Alors les Calédoniens retrouvent de la mémoire, et Sonia ne peut qu’en profiter. D’ailleurs, si j’étais elle, j’engagerais le 1er round à la télé, lors d’un débat télévisé. Le champion du monde ne pourrait se désister, et se prendrait déjà une belle branlée. Et là, le match ne ferait que commencer…

La cloche a sonné, finalement le combat se jouera en 2 rounds. Le champion est inquiet, l’enjeu est lourd. Une victoire, même aux points, le qualifie pour le siège de super champion, ceintures réunifiées. Une défaite annulerait l’avance que WBN vient de prendre sur WBMD. De son côté, Sonia n’est pas dans le calcul. Elle est là pour gagner. Elle sait qu’elle peut compter sur le soutien du public, et sur ses adversaires d’un jour qui lui ont permis d’accéder en finale. Mesdames et messieurs les bookmakers, engagez les paris. Moi, je mise tout sur Sonia, car j’ai horreur du risque…

Contribution écrite et publiée le 10 juin 2012…par le blogueur Boy Naku