TNS & Quid Novi : les marabouts des sondages

Alors que les résultats du 1er tour de scrutin des municipales sont tombés dimanche dernier, le comparatif avec les prévisions des deux grands instituts de sondage de la place démontre l’étendue de leurs erreurs. Reste à savoir qui leur accorde encore de l’importance.

Souvenez-vous, Sonia Lagarde était derrière Gaël Yanno. Non pas dans la réalité mais seulement dans le sondage de Quid Novi dont les Nouvelles Calédoniennes, toujours bien inspirées, avaient fait leurs gros titres en décembre 2013. De même, Georges Naturel, le maire sortant de Dumbéa, avait lui été crédité de 45% par l’institut TNS. Malheureusement pour ses militants il a fait 8 points de moins le 23 mars, une paille ! Quant à Frédéric De Greslan, les Nouvelles estimaient son score à 14% pour le 1er tour. Manque de bol (la boule de cristal des crypto-analystes devait être sale) les électeurs de Paita lui ont attribué pratiquement le double soit 26,8% des voix ce dimanche. On espère que le directeur du groupe LNC n’a pas payé trop cher ces sondages quelques jours avant de titrer « Paita reste fidèle à Martin ». Le journal écrivait alors « 66% se disent d’ailleurs prêts à voter pour le maire sortant » ; Or il s’est avéré que 65% c’était justement la proportion d’habitants de la commune qui n’ont pas voté pour Harold Martin… Il est vrai que le président du gouvernement reste dans les petits papiers de Philippe Demazel, l’inénarrable directeur du groupe LNC et commanditaire de ce sondage. Il faut dire aussi que, dans certains milieux, lorsqu’on peut faire plaisir à un ami on ne compte pas et on se gêne encore moins. Les lecteurs oublient tellement vite.

À prix d’or pour les cadors

Encore heureux que ni Gaël Yanno (crédité de 28% des voix par TNS et de 22% par Quid Novi) ni Sonia Lagarde (créditée de 30% par TNS et de 21% par Quid Novi) n’ont tenu compte des analyses de ces marchands de chiffres assermentés. Ils ont en effet chacun fait entre 8 et 15 points de plus que ce que les sondeurs avaient prévu. Sur Nouméa, la marge d’erreur représente entre 2500 et 5000 voix, soit respectivement autant que toute la population de Boulouparis ou de Bourail. Notons que Gaby Briault a d’ailleurs triplé le score qui lui était attribué par l’institut TNS (15% au lieu de 4%) Ne parlons même pas du dernier sondage réalisé au mois de février et qui plaçait Marie-Claude Tjibaou à 13% sur Nouméa. Qui a dit charlatan ?

D’autant plus que ces instituts vendent à prix d’or ces sondages et les enquêtes qui vont avec. Les politiques et les grands médias sont, en effet, totalement accros à ces prévisions qui s’apparentent plus – en tout cas sur le territoire – a des prédictions de diseuses de bonne-aventure qu’à des analyses précises de l’état de l’opinion. Naturellement, l’argument bateau selon lequel « un sondage n’est qu’une photo de l’opinion à un instant “t” » sera immanquablement répété à l’envie par ceux-là même qui, pour des fortunes, espèrent bien continuer tranquillement à fourguer leurs précieuses études au plus offrant.

Sondages : le net est la solution

De notre côté, la rédaction de Calédosphère avait mis en place des sondages pour ce 1er tour des élections municipales dès le début de l’année. Sur Nouméa, avec moins de 500 votants et un logiciel adapté aux technologies modernes, notre sondage, auquel les internautes avaient répondu, avait placé Sonia Lagarde en tête à 36%. Soit son score exact de ce dimanche.

Le coût de ce sondage en libre accès a été de 0 Fcfp.