Démission du haussaire : ce que va dire la ministre

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george pau langevin

Tirant les conclusions du manque de soutien du Gouvernement, le Haut-commissaire Jean-Jacques Brot aurait donc proposé sa démission à la ministre de l’Outre-mer. Embarrassée, George Paul-Langevin va essayer de se justifier ce soir au JT. Eléments de langage.

« C’est un choix personnel », « ce n’est pas le sujet du moment », « personnellement, je souhaite qu’il reste mais ce n’est pas de ma responsabilité». Voilà certainement en substance les arguments que la nouvelle ministre des outre-mer ne manquera pas de formuler ce soir face à l’annonce, non-officielle encore, de la démission du représentant de l’Etat en Nouvelle-Calédonie. Invitée du journal télévisé au terme de sa visite de trois jours sur le territoire, George Pau-Langevin tachera de faire bonne figure même si elle présume déjà que son voyage sera entaché par cette dissension entre elle et le représentant du Gouvernement sur le caillou. Ardent partisan d’un Etat à l’initiative face aux enjeux de sortie de l’accord de Nouméa, Jean-Jacques Brot avait, en février dernier, déjà eu maille à partir avec Victorin Lurel, le prédécesseur de l’actuelle ministre. Ce dernier, soutenu par plusieurs hauts fonctionnaires, ne cachait pas son agacement quant à la gestion et aux propos du haussaire sur le dossier du corps électoral. L’ancien Premier ministre Jean-Marc Ayrault ayant désavoué à l’assemblée nationale Victorin Lurel en renouvelant sa confiance à Monsieur Brot.

L’Etat préfère-t-il un soliveau ?

Habitué des bons mots, Jean-Jacques Brot avait dès son arrivée en Nouvelle-Calédonie déclaré ne pas vouloir être un « soliveau ». Conscient de la place particulière du représentant de l’Etat au sein des institutions, persuadé que pour engager sereinement les discussions sur l’avenir du pays l’Etat se devait d’insuffler une dynamique et devait prendre des initiatives, il avait choisi pour se faire d’adopter un style opiniâtre et souvent audacieux. Se créant de solides inimitiés au sein du monde économique et politique local, notamment vis-à-vis de l’ancien vice-président du gouvernement, l’indépendantiste Gilbert Tyuienon (qui a par ailleurs déposé une plainte à son encontre). Face à lui, d’influents haut-fonctionnaires parisiens proches du parti socialiste n’ont jamais véritablement admis que ce gaulliste-chrétien reste en fonction durant la mandature qui verrait l’aboutissement de l’accord de Nouméa, signé sous Lionel Jospin et « chasse-gardée » de la gauche française.

Une lettre explicative

Selon les informations de NC1ère, Jean-Jacques Brot aurait hier remis une lettre argumentée à la ministre Pau-Langevin lui expliquant les raisons de sa démission. Gaulliste dans l’âme et dans la forme, ses proches estiment que cet ancien élève de l’ENA n’a jamais  » en 35 ans de carrière  » exercé une fonction en désaccord avec ses principes et ses valeurs profondes.

Je ne veux pas cautionner le largage annoncé de la Nouvelle-Calédonie (…) Je préfère démissionner

Si ces propos recueillis de la bouche du haussaire par l’ancien sénateur Simon Loueckhote créent déjà la polémique sur les réseaux sociaux, les observateurs de la vie politique locale prévoient déjà une reprise en main de la parole de l’Etat par les proches d’Alain Christnacht. L’ancien conseiller de Lionel Jospin et co-rédacteur de l’Accord de Nouméa est en effet attendu bientôt sur le caillou. Une façon pour le gouvernement Valls de reprendre en main le dossier calédonien et de se placer dans les traces de la ligne Rocard-Jospin afin de mettre en place un probable nouvel accord.

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Officiant en free-lance pour plusieurs périodiques et médias calédoniens, cette pigiste professionnelle a rejoint l’équipe des contributeurs de Calédosphère depuis 2013 sous son nom de plume « Rita ». Spécialisée dans l’actualité quotidienne, elle se plait à y dénicher des sujets non-traités par les autres médias et à couvrir les évènements sensibles. Synthétique, réactive et parfois provocatrice elle essaie toujours d’écrire de manière claire, précise mais avant tout vivante. Son crédo : « Si ça pique, c’est un bon sujet »