Le Rump, ce grand incompris !

Cynthia Ligeard vit donc sa première grande crise. Sa décision d’accorder Prony-Pernod à la SLN et Vale n’était pas seulement politiquement contestable, mais juridiquement critiquable et moralement condamnable. Ça fait beaucoup pour une seule femme ! Mais curieusement, si l’affaire choque l’opinion, avec raison, les Calédoniens ne semblent pas pour autant surpris par la méthode, comme si plus rien ne les étonnait émanant du Rump…

À la vérité, Prony-Pernod, avec ses accords occultes et ses dérives juridiques, c’est exactement le genre d’affaires qui ont conduit le Rump à sa perte. C’est justement parce qu’ils en avaient assez d’un système auquel ils avaient mis fin une première fois en 2004, puis à nouveau en 2012 et 2014, qu’ils se disent que ce qui reste du Rump est tout à fait capable de ce genre d’agissements.

Politiquement née sous Jacques Lafleur, le fait est d’importance, et propulsée à la présidence d’une collectivité majeure sans qu’elle en ait vraiment les épaules, Cynthia Ligeard a sans doute imaginé que tout lui était possible et qu’elle n’avait de compte à rendre à personne. Je crois aussi que, coupée des réalités du haut de son 4ème étage, la présidente Ligeard a cru naïvement qu’elle pouvait ne pas perdre les provinciales et que tout ce qu’elle avait mal tricoté durant sa présidence demeurerait secret.

Cynthia Ligeard est dans la tourmente, mais plus que cela : son image en a pris un sacré coup ! Jusqu’alors son sourire et ses discours lénifiants pouvaient faire illusion auprès d’une partie de la population, Prony-Pernord a remis les choses d’équerre et l’on a désormais une meilleure vue du personnage. Soit l’affaire Prony-Pernod a été négociée à l’insu de son plein gré, ce qui manifesterait d’une incapacité vertigineuse à bien gérer la province, soit elle a signé les accords secrets en parfaite connaissance de cause et là, l’affaire se corse et prend une autre tournure.

Prony-Pernod n’est pas un incident ni un accident de parcours, c’est le symbole fort de la façon parfois border line du Rump de gérer les collectivités dont il a eu la charge. Les exemples ne manquent pas et l’histoire du Rump est jalonnée de ces controverses, du Grand Tuyau à Prony-Pernod jusqu’au drapeau, où l’on passe en force et sans en informer quiconque, sans ce soucier de ce qui est juste et droit, sans trop de conscience non plus forcement de ce qui pourrait relever de l’intérêt général.

Le Rump qui, par la voix de son président, a annoncé qu’il s’opposerait à toute tentative d’ouverture des discussions sur l’avenir avant le retour en gloire de Sarkozy, va devoir assumer une affaire qui va assurément lui porter préjudice. En tirera-t-il des leçons ? Pas si sûr… N’oubliez pas que le Rump ne s’étonne même pas d’avoir vu sa représentativité se réduire régulièrement comme peau de chagrin au fil des scrutins. Que voulez-vous, il est persuadé d’être dans son bon droit et d’être incompris des Calédoniens !

Caton