Il n’y a pas eu que des bœufs, des poules, des tracteurs et la foule à la foire de Bourail. Il y a eu également des élus, beaucoup d’élus, des cohortes montées de Nouméa pour se faire voir et donner le sentiment que la brousse reste au cœur des préoccupations. À la vérité, les politiques publiques de ces vingt dernières années n’ont pas laissé grande place à ce secteur économique qui s’est réduit comme peau de chagrin pour devenir aujourd’hui une zone sinistrée. À l’exode rural, la hausse du foncier, la baisse des revenus, l’absence de statut et de protection sociale, aucune réponse n’a jamais été apportée au monde agricole qui aujourd’hui se désespère, se dépeuple et vieillit.
La méconnaissance des élus de ce qui a trait aux difficultés, voir même au fonctionnement de notre agriculture est abyssale. Elle tient au fait qu’électoralement la brousse a perdu l’intérêt qu’elle pouvait receler du temps de Lafleur. Tenons en pour preuve que la brousse, à quelques rares exceptions près, n’est guère représentée au sein des institutions. Du coup, auprès d’élus qui n’ont comme image de l’intérieur que son aspect folklorique, le monde rural a bien du mal à faire entendre sa voix. Or la situation est grave et si jamais il y eut un prolétariat en Nouvelle-Calédonie, il a aujourd’hui l’aspect du cultivateur, du stockman, et de l’exploitant éleveur…
Est-il trop tard ? Certes non, à condition qu’en effet les élus passent la surmultipliée et assurent au monde rural le cadre qui lui fait défaut et les conditions nécessaires à sa survie. Prêche dans le vide ? Pas pour tout le monde, car quelques-uns ont bien compris l’enjeu et l’intérêt qu’ils pourraient en retirer. À ce titre les résultats des dernières provinciales qui ont consacré la disparition quasi totale de la représentation Rump en brousse, au profit de Calédonie Ensemble, sont tout à fait significatifs. Comme l’est tout autant, l’implication d’une Sonia Backès qui préfère laisser Yanno à ses joyeusetés onusiennes, pour se concentrer sur le terrain, en dépit du fait qu’elle aborde les rives d’un monde qui lui est encore grandement méconnu.
Tout cela pour dire que les partis politiques auraient grand tort de laisser ce monde en jachère. Mais que voulez-vous, ces dernières années les élus se sont focalisés sur des idées saugrenues au détriment d’un vrai travail de fond sur le développement, le progrès, la modernité. Et si j’osais, je dirais que l’énergie dépensée à hisser des drapeaux improbables leur a manqué lorsqu’il s’est agi de maintenir les régimes sociaux en l’état, de proposer de vraies solutions éducatives et de venir au secours de nos agriculteurs et de nos éleveurs… Mais tout le monde va dire encore que j’exagère !
Caton
Pas grave! plus de bétail= plus de marquage, plus d’hormones, plus de rodéos! EPLP sera contente…
Évidemment qu’en 2014, aider l’agropastoral raisonné devient une urgence :
– pour avoir des produits sains & de qualité (à côté de machins industriels importés)
– pour préserver les sols de l’érosion, et donc conserver de l’eau potable…
– pour éviter la désertification spéculative, minière et climatique
– pour ralentir la crétinisation et l’obésité urbaine devant les écrans et chez McDo,
En bref, pour que la Calédonie reste une île habitable* le plus longtemps possible…
Mais, par manque de vision politique, par avidité à court terme, par stupidité chronique, n’est-il pas déjà trop tard ?… Bof !
*Voir ailleurs dans le Pacifique…
“l’énergie dépensée à hisser des drapeaux improbables” surtout qu’en brousse ils on moyennement apprécié l’épisode du drapeau FLN du RumpAE.