Dans le cadre de la refonte des services informatiques de la CAFAT, des prestataires de l’organisme ont tenté frauduleusement d’empocher un contrat de près de 10 milliards de francs via une société-écran basée à Dubai. Escroquerie et trafic d’influence au pays du non-dit.
Nous avons un projet ambitieux de réforme de notre système d’information, avec la dématérialisation de nos relations avec les assurés, pour gagner en efficacité. (Eric Durant ce 26 aout 2014)
« Ambitieux » est le terme qui convient. Le nouveau président du Conseil d’Administration de la CAFAT a, dans le quotidien calédonien, évoqué aujourd’hui l’un des plus importants chantiers en cours mené au sein de l’organisme qu’il préside : la mise en place du nouveau Schéma Directeur du Système d’Information (SDSI). Initiée sous l’impulsion de la DASS – l’autorité de tutelle de la CAFAT – dans le courant de l’année 2012, cette réforme vise à refondre les services informatiques de la caisse locale afin de centraliser et de moderniser les actions de recouvrement et de l’administration de la santé (avec mise en place de télé-services administratifs et de services dématérialisés digne d’une « smart-city »). L’objectif fixé étant de parvenir à une dématérialisation totale des principales prestations CAFAT. Un bouleversement tel qu’une étude de faisabilité a dû être réalisée par un cabinet d’Audit & Conseil (Cf. page 176, rapport d’activité 2013 de la CAFAT) : la société ACADYS basée à Mulhouse. Selon les estimations de la Caisse, le chantier représenterait l’équivalent de 100 000 jours de travail et plusieurs milliards de francs de budget. Depuis lors, le SDSI avait été avalisé par le Conseil d’Administration en décembre 2012 et les recrutements correspondant avaient été votés.
Les prestataires définissent le marché… et se positionnent pour y répondre
C’est ainsi, alors qu’un marché gigantesque est en cours, que certains proches du dossier se rendent compte qu’ils ont déjà toutes les informations nécessaires à la réalisation d’une offre adéquate (puisqu’ils ont participé à l’élaboration du dossier d’appel). De plus, aucune entreprise calédonienne ne dispose des informations qui sont les leurs. Il faudrait pour cela qu’elles puissent avoir le temps d’étudier la demande ou qu’un partenariat entre les sociétés calédoniennes spécialisées se réalise… Mais cela, certains ont tout fait pour l’empêcher.
Courant 2013, une étrange société fait ainsi son apparition dans le paysage calédonien. Baptisée « Easy It Projects », cette SAS se présente comme la filiale du groupe « Easy It Internationnal » dont le siège est à Dubai. Or, il apparait que les deux sociétés ont été créées simultanément comme le démontre la création de leurs sites internet (septembre pour l’un et octobre 2013 pour l’autre). La filiale locale « Easy It Projects », présentée comme une « société de services internationale en cours d’installation en Nouvelle-Calédonie » passe alors plusieurs annonces légales dans le quotidien local pour recruter des opérateurs et des techniciens et s’installe dans les anciens bureaux de la SAS Citius, la filiale de l’OPT qui détient 51% des parts de Lagoon.
Recrutant du personnel, la nouvelle société était prête avant la fin 2013 à émettre une proposition de réalisation de l’ensemble de la prestation demandée par la CAFAT. Pour les professionnels du secteur, elle n’aurait été créée que dans ce sens. Selon plusieurs sources proches du dossier, on estime le coût global de la réalisation à 10 milliards de francs d’ici 2016. Cependant, la proposition est entachée d’illégalité. En effet, l’un des protagonistes de l’affaire a fait une erreur : il a acheté lui-même les deux noms de domaine de la société mère de Dubai et de sa filiale. Or, comme le prouve les copies d’écran ci-dessous, il s’agirait de Christophe Legrenzi, le Président d’ACADYS France, la société d’Audit et de Conseils qui a elle-même élaborée une partie du schéma directeur de la CAFAT.
Au regard du droit, si un prestataire a naturellement le droit de se positionner sur un marché d’un de ses clients, il a en revanche le devoir de faire connaitre son identité à ces derniers. Cependant, cachés derrière une société écran, les liens entre la société ACADYS et « Easy It Project NC» ne pouvaient pas être connus de la CAFAT. De plus, l’offre de « Easy It Project NC » ne respecterait pas la législation en vigueur. Dans son article 10.1.2, le code des marchés publics stipule en effet que :
L’acheteur public doit veiller à éviter de porter atteinte à l’égalité entre les candidats en reprenant dans le cahier des charges des indications techniques directement inspirées de celles présentées par l’entreprise initiatrice. (Sources : Légifrance.gouv.fr )
Dans le cas présent, la société répondant à la demande est précisément celle qui l’avait inspiré… combine ou escroquerie ?
Juillet 2014 : la direction de la Cafat réagit
Informée par des sources internes (des employés ayant travaillé en amont avec ACADYS et connaissant certains protagonistes), le Directeur de la CAFAT s’est alors tourné vers le gouvernement afin d’y voir plus clair. Dans un courrier de juillet 2014 adressé aux services juridiques, il y indique souhaiter obtenir des informations sur le procédé utilisé par ce « prestataire sorti de nulle-part »
Depuis lors, les sites www.easyitinternationnal.com, www.easyitprojects.com et www.easyitprojects.nc ont été fermés par leurs propriétaires. Ce dernier site est désormais en la possession d’un homme d’affaire local, spécialisé dans l’édition de logiciels pour le corps médical. Il était encore l’année dernière le Directeur Technique de « Easy It Project NC »… De même, le site d’Acadys France est désormais « introuvable ». Cependant, le Web oubliant difficilement, il reste sur Internet encore toutes les traces des différentes transactions et des changements des noms de domaine, notamment l’enregistrement du site www.easyitproject.net toujours hébergé à Al Jazeera, Al Hamra à Dubai.
Au début du mois d’aout, ces différents éléments, que certains cadres de l’organisme définissent déjà comme « une escroquerie en bande organisée », aurait été transmis à l’ensemble des représentants de l’ancien Conseil d’Administration de la CAFAT. Plusieurs prestataires de la caisse d’allocation familiale locale, et liés à la combine, seraient dans le viseur des services juridiques. Pas évident cependant que Eric Durant, le nouveau président du CA , élu il y a seulement dix jours, sache encore ce qu’il en est, lui qui a déclaré hier « Nous avons un projet ambitieux de réforme de notre système d’information ». Mais avec qui exactement ?
A propos d’Acadys France SA :
Créée en 1996, la société Acadys France SA est spécialisée dans le management des Systèmes d’Information (SI) au service de la performance des entreprises. Ses activités s’étendent de l’audit et du conseil des systèmes d’information à l’élaboration d’outils de mesure et d’analyse de la performance des SI au service de la stratégie d’entreprise.
http://www.acadys.fr/ (le site ne fonctionne plus…)
C’est idiot d’utiliser le site legifrance pour faire une recherche juridique alors que tout le monde sait que l’ensemble de la réglementation française n’est pas applicable sur le territoire et que nous disposons d’un outil de recherche juridique (juridoc) qui est vraiment de qualité.
Le pire ce n’est pas tant les magouilleurs, mais leurs défenseurs…
Vous qui n’avez pas de préjugés à courte vue, n’avez pas le goût malsain des lecteurs de ce blog, ne vous vautrez pas dans la diffamation et avez de l’instruction, qu’attendez-vous donc pour vous désabonner et supprimer votre identifiant ?
1. Les dispositions du code des marchés publics que vous citez dans votre article ne sont pas celles applicables en NC. 2. La jurisprudence autorise (sous certaines conditions) une entreprise de conseil d’une personne publique à répondre aux appels d’offres. 3. Votre article est intéressant sur le fonds et pose de bonnes questions mais effectivement pourquoi tomber dans la diffamation (“escroquerie et trafic d’influence” notamment) ? C’est dommage car cela n’apporte rien de plus.
Espèce de Cahuzac……
“Au passage, nous sommes sans doute la seule société de conseil de la place qui a fait gagner fin 2013 entre 500 millions et 1 milliard au contribuable calédonien en tout juste 2 mois ” => prime d’assiduité itou itou …
Bon alors ces économies ont les a faites sur quoi ?Et comment vous évaluez 0.5 à 1 MD le montant de celles-ci ?Tu vois l’ami, des questions simple finalement, qui n’appellent pas des réponses bien compliqués, non ???
Eh ben t’as de la chance de partir en vacance toi…???En fait, moi je n’ai qu’une seule question.Si ton matos est aussi performant pourquoi t’es pas en mesure de nous dire combien tu as fait gagner exactement à la CAFAT en 2 mois fin 2013… 500M ou 1MD c’est pas la même somme, non…!!!En gros je continu à penser que vous avez essayez de nous l’a mettre et que finalement, ben c’est mort…!!!
Et une petite de plus pour la route. J’espère que tout ceci n’est pas vrai car sinon on vous prévient, il n’y a pas de cellule individuelle au camp Est. Ben oui, on a mis tout le budget dans la rénovation du système informatique.Salam Alikoumps : ici ça pas être la France A fric aine
Et je précisai juste qu’ici c’est pas la France Africaine, je suis d’accord sur ce point, mais c’est pas le bled non plus………
salamivance n’est pas Vichy non plus yvan tu sais cette époque ou il était permi d’yvandre son voisin.bien a toi mon petit xeno.
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MODÉRÉ
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Les propos racistes, homophobes et déplacés sont interdits, nous ne cautionnons pas cette attitude
Je savais pas que manger du jambon était une insulte “raciste”, un peu d’humour… Le méchant blanc, le gentil arabe nanana nanana on connait le refrain
Créer des stés à Dubaï, c’est ça la modernité fiscale ? Si c’est faux, démentez et prouvez le car il s’agit de faits qui sont potentiellement graves et donnent vraiment l’impression que vous nous prenez pour des cons.Salam Alikoum
Dubai est un paradis fiscal notoire, fief de HSBC et son système opaque de off-shore banking.
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Les propos racistes, homophobes et déplacés sont interdits, nous ne cautionnons pas cette attitude
Juste un point de détail important : êtes-vous sûrs que la CAFAT est assujettie aux règles sur les marchés publics ? Ce n’est pas une administration publique mais une entité privée gérée par collégialité, je ne pense donc pas que cette histoire d’article 106 s’applique en l’espèce, je me trompe ?
une entité privé serait donc en droit de dilapider l’argent public par milliard ? j’en doute……
Oui CLARK ! Vous avez raison…La loi de
Parkinson (rien à voir avec la maladie du même nom) veut que plus une
entreprise grandit, plus elle engage des gens médiocres mais néanmoins
surpayés. Pourquoi ? Tout simplement parce que les cadres en place
redoutent l’arrivée de concurrents en puissance. La meilleure manière de ne pas
se créer de rivaux dangereux consiste à engager des incompétents. La meilleure
façon de supprimer en eux toute velléité de faire des vagues est de les
surpayer. Ainsi les castes dirigeantes se trouvent assurées d’une tranquillité
permanente. Edmond WELLS – Encyclopédie du savoir relatif et absolu, Tome II.