Que font nos sénateurs de leur réserve parlementaire ?

Les chiffres relatifs à l’utilisation de ces fonds par les sénateurs ont finalement été divulgués par le ministère du budget. Transparence.

Après les députés, c’est au tour des sénateurs de voir révéler au grand public la liste des bénéficiaires des subventions qu’ils ont attribuées. Les chiffres ont été diffusés par Bercy après une brève polémique retracée par l’association « Regards Citoyens ». Le collectif, qui milite pour la transparence de l’action publique grâce à la diffusion transparente des informations, s’est empressé de rediffuser les données dans un format informatique qui soit exploitable par tout un chacun. Dans la foulée, le collectif a publié les données sur le site officiel du Gouvernement français, faisant en quelque sorte un pied de nez à l’Etat qui les avaient initialement diffusées dans un format fermé, malgré l’obligation de transparence imposée par la loi.

Qui les sénateurs calédoniens ont-ils aidé ?

La lecture de ces documents est instructive. On y découvre que Pierre Frogier a subventionné quatre associations pour un montant total de 66 600 euros, soit près de 8 millions CFP en 2013 : l’amicale des anciens combattants d’outre-mer, l’association d’assistance aux animaux du caillou, l’association des parents d’élèves du collège de Bourail, et la SPANC, la société protectrice des animaux de Nouvelle-Calédonie.

De son côté, le nom du sénateur Hilarion Vendegou n’apparaît même pas dans le fichier diffusé, ce qui peut s’interpréter de deux manières. Soit l’ancien maire de l’île des pins n’a pas daigné utiliser cette faculté qui lui est offerte d’utiliser le budget national pour aider des associations calédoniennes dans le besoin. Soit le grand chef de l’île des pins paie ici son absentéisme chronique au Sénat, et se serait vu refusé les subventions demandées à son groupe parlementaire. L’élu du RUMP ayant pour le moins déjà été critique vis-à-vis des institutions nationales, il s’était d’ailleurs fait remarquer pour avoir proférer un célèbre « Ici, c’est pas la France ! » à l’attention des gendarmes de Kunié.

Cependant, si les enveloppes budgétaires versées représentent entre 130 000 et 150 000 par parlementaire, ce sont bien les groupes parlementaires, donc les partis politiques, qui les reçoivent et décident de leur utilisation individuelle. Le montant global alloué à chacun est donc un bon indicateur non seulement de son dévouement pour ses électeurs, mais aussi de sa côte de popularité au sein de son groupe… Les mauvaises langues ne manqueront pas de faire remarquer que, la même année, Philippe Gomès et Sonia Lagarde avaient reçu respectivement 129.890 et 111.514 euros, soit près du double de la somme distribuée par Pierre Frogier.