La flamme de la résistance

Au lundi 17 novembre sur mon agenda, il y est écrit : baccalauréat avec maths le matin et langues vivantes l’après-midi, venue d’Hollande, manif.

Manif ? Ah oui la manif… La résistance ! La résistance, le combat, le blocage, l’opposition, c’est le nouveau vocabulaire du Rump éructé par les petits marquis du parti qui n’ont pourtant des Évènements qu’une connaissance par ouï-dire. Voilà qu’ils se rêvent en Bayard, du Guesclin ou Jeanne d’Arc pendant que leur chef enrage de n’être que Frogier sans jamais être Lafleur. Appeler les Calédoniens à la résistance contre un État socialiste qui voudrait nous imposer l’indépendance, c’est donc la nouvelle option qu’a choisie le Rump pour occuper encore le champ politique et tenter de faire oublier l’incohérence de ses positions intenables.

Ridicule, sans doute ! Mais dangereux sûrement. Il s’avère qu’en Nouvelle-Calédonie, les termes combat et résistance ont une résonnance singulière dans les âmes de ceux qui ont eu à les vivre et les subir. Et cela interdit à ceux qui en ignorent tout, de les manier avec autant d’inconséquence, mais que voulez-vous, le Rump, après s’être abaissé à toutes les compromissions, se cherche une mâle assurance, une sorte de virilité politique, avec l’espoir qu’il sera convainquant.

Pour autant, je ne vois dans ce discours qu’une folle équipée régressive, car on ne peut pas se vêtir des oripeaux d’un passé douloureux sans courir le risque d’une résurgence des plaies que l’on a mis 30 ans à cautériser. Parce que c’est bien de cela qu’il s’agit, à vouloir dresser des comparaisons avec ce que les Calédoniens ont eu à souffrir, nourrit une épouvantable nostalgie d’où surgissent les images de nos morts et leurs noms. C’est bien pourquoi je conteste au Rump de s’arroger le droit de parler de ma France et de m’imposer la manière de revendiquer l’état de Français.

Laissons de côté, mais n’en oublions rien, que l’on nous réclame de manifester notre qualité de Français après nous avoir imposé le drapeau du FLNKS. Ce qu’aujourd’hui réclame d’être Français dans notre Calédonie de 2014, c’est d’autres comportements que ceux auxquels on nous invite à grand renfort de déclarations guerrières et tonitruantes. Et qu’est-ce que toute cette affaire va apporter de plus dans la défense de notre volonté de rester dans la République ? Demain, parce que les Calédoniens auront répondu aux sirènes de je ne sais quelle passionaria, seront-ils mieux ou moins considérés comme Français ?

La résistance, puisque c’est à cela que le Rump nous enjoint, n’a de sens que si ceux qui en lancent l’appel sont dignes de confiance et ont fait montre par leurs actions passées de leur capacité à nous conduire vers des rivages meilleurs. Et ça, c’est raté ! La question n’est pas la manifestation en tant que telle, mais le principe sur laquelle elle s’organise qui touche à notre vertu la plus cardinale : notre liberté d’être Français. Cela, qu’on en soit convaincu, ne se joue pas sur les désillusions électorales d’Harold et du Rump, leur volonté de nous punir de nos choix, leur pouvoir perdu.

Caton