Un homme politique n’est mort qu’une fois dans la tombe. Cet adage, Gaston Flosse le prend au pied de la lettre. L’ancien homme fort du Fenua prépare son grand retour pour 2018. Jamais fini cassé.
Pour cette saison des vœux Gaston Flosse a devancé le président de la République en adressant aux militants du Tahoera’a une longue litanie dont lui seul à le secret. L’ancien président de la Polynésie Française a revêtu ses habits de martyr, tel un Nicolas Sarkozy acculé par la justice, et se présente comme une victime d’un complot visant à l’abattre. Depuis sa défaite aux territoriales de 2004, Gaston Flosse a en effet vu son pouvoir s’effriter. Chiraquien de la première heure, il aura fait les frais de la guerre Chirac/Sarkozy car ce dernier, dès son entrée à l’Elysée, a voulu nettoyer les écuries de Tahiti par le biais des tribunaux.
Depuis lors, le vieux lion n’a pas digéré sa condamnation définitive dans l’affaire des emplois fictifs, jugeant cette sanction « excessive ». Depuis la perte de tous ses mandats électoraux, Gaston Flosse était devenu le conseiller spécial de son mouvement politique à l’assemblée territoriale de Polynésie. Mais voilà, la justice est encore après lui. Pour Gaston Flosse cette « acharnement judiciaire » est une nouvelle preuve d’un complot politique. Mais ourdi par qui ? Certain y voit la main de son ancien gendre et dauphin Edouard Fritch.
Tu quoque mi fili ?
Comme Martin pour Lafleur il était le gendre, l’éternel second, le dauphin désigné, celui qui attend son heure. Mais depuis l’éviction de « papa Flosse » et ses démêlés judiciaire, Edouard Fritch semble prendre de la distance avec son ancien mentor.
Et cependant, c’est dans ces moments difficiles que je croyais pouvoir m’appuyer sur celui que j’ai toujours considéré comme mon fils. (Gaston Flosse)
Gaston Flosse isolé ? Depuis son accession à la présidence de la Polynésie Française les deux hommes ne se parlent plus, même dans les couloirs de l’assemblée territoriale leurs rencontres sont exceptionnelles « Edouard Fritch m’ignore totalement » assène ainsi Gaston Flosse à celles et ceux qui le rencontrent. Le prochain congrès du Tahoera’a se déroulera au début de l’année 2015 et Gaston Flosse risque d’en perdre la présidence. Une épreuve que, non loin de là, son alter ego Jacques Lafleur avait connue en 2005 quelque part à la Rivière Salée, trahi par ceux qu’il avait formés et promus…
Il y pense tout le temps
Rien n’arrête le vieux lion, même pas la justice française, et pour Gaston Flosse la vie politique n’est pas finie :
Tant que j’aurai la vie, je me battrai pour ma population et pour mon pays. (Gaston Flosse)
La politique nationale ne vit que pour une seule chose : 2017. A Tahiti ce qui est dans tous les esprits ce sont les prochaines territoriales qui auront lieu en 2018. Ainsi, il n’y a pas qu’à Nouméa que cette date sera importante. Il se dit dans le microcosme de Papeete, que le vieux lion ne repense qu’à une chose « reconquérir le pouvoir ». A ceux qui veulent prendre sa place, ou le voir prendre sa retraite, l’ancien sénateur leur répond :
Je le dis tout de suite : la succession n’est pas ouverte (…) je compte bien assurer la victoire de notre parti aux prochaines élections. (Gaston Flosse)
Tout comme à Nouméa, Tahiti va vivre ces prochaines années dans une lutte d’égos et de chefs. Au final, les deux collectivités françaises du Pacifique n’ont rien à envier au milieu politique Parisien.
Des années de clientélisme et de copinage ont fait que le vote clanique en Polynésie est devenu la norme. En Calédonie, on voit le même phénomène avec le Rump, tant que le clan du Mt Dore tient bon, Frogier aussi.