Pardon aux Kanak d’avoir emprunté leur parole. J’espère avoir su l’exprimer sans trop la trahir. Le texte qui suit est une fiction, il ne raconte pas l’histoire de quelqu’un en particulier mais il est fait de beaucoup d’histoires que l’on m’a raconté surtout sur la côte Est. J’ai écrit cette histoire pour m’évader des schémas de ma communauté, pour libérer mon esprit de ce qu’il faut croire quand on est une Caldoche. J’ai fait parler le Kanak qui vit en moi pour oser penser différemment, pour me sentir libre, pour être au-delà de mes déterminismes. J’avais le désir de faire vivre dans mon histoire le métissage culturel, qui fait exister tous les jours une dynamique sociale propre aux enfants du pays.
Les trois frères.
Nous sommes les derniers descendants d’un des plus hauts sommets de la région. Ce sont les nôtres qui ont installé ceux qui vivent ici. C’est pourquoi ils nous craignent. Ils savent que celui qui dit les généalogie peut en quelques phrases rétablir la véritable hiérarchie de la parole, rappeler à certains qu’ils ne sont que les derniers arrivés sur la terre qu’ils pensent contrôler; La voie de la coutume ne s’est pas encore totalement éteinte.
Garde toi bien de l’embarras des Kanak perdus qui nourrit leur colère. Tu es l’unique, le dernier descendant d’une grande lignée de chefs et de résistants. Je te l’ai dit ton ancêtre a tenu jusqu’au bout même s’il savait son combat perdu d’avance. Son monde qui jusque là avait résisté à cette nouvelle civilisation finissait d’être happé par celui des autres, pourtant il est mort insoumis, sans jamais avoir serré la main d’un Blanc. Il n’est jamais devenu un chef de pacotille à la solde du gouverneur. Le vieux était un sorcier rusé, mais aussi un homme droit. Il a choisit de renoncer à l’argent de la France plutôt que de devenir son vassal.
Près de cent ans après la prise de possession, il avait deux femmes, et savait encore parler à l’esprit des plantes qui commande les médicaments et les boucans. Le vieux qui dort tout près d’ici alla jusqu’à refuser de se soumettre au Jésus des Blancs. Pour lui le Rédempteur n’eut que le visage du catéchiste, celui qui vint un jour brûler sa case et les os de ses vieux qui jusque là avaient veillé sur lui. Le Kanak de service d’alors savait le moyen de le couper à tout jamais de ses protections mythiques qui expliquaient son univers, régissaient sa coutume, sa vie, son monde.
C’était juste avant la guerre, les prêtres envoyèrent chez mon grand-père leur chien de garde. Un Kanak déraciné qu’ils avaient emmené dans leurs valises. A la mission on ne supportait plus ce grand terrien qui boudait la messe. Ce fut pour lui une terrible épreuve. Il aurait préféré mourir en brave les armes à la main. Mais il était trop vieux, le temps des rebellions était passé. Il se laissa donc dépouiller et cacha sa rage quand sa case partit en fumée. Il n’avait pas les moyens de faire autrement. Il se savait affaiblit, seul contre tous. Quatre vingts ans après l’arrivée de l’Évangile, les curés avaient bien adouci les Kanak. La mission ne savait que faire du patrimoine foncier qu’elle avait accumulé.
L’Église morcela nos terres et les distribua aux Blancs les plus zélés dans la religion. Il fallait faire de la place aux colons. C’est donc avec une parfaite bonne conscience qu’ils donnèrent une leçon à un vieillard aveugle. On ne le tua pas et il se laissa spolier sans rien dire. Il avait comprit, qu’en la circonstance, l’essentiel était de rester en vie. Il voulait avoir le temps de se faire reconstruire une case ronde, où la parole circule librement. Il ne voulait pas mourir dans une maison carré. Cette dernière volonté prouva qui il était : un homme kanak libre. Comme notre peuple, il baissa la tête, il affronta l’épreuve plutôt que de la fuir dans la mort. Par son sacrifice, il nous adresse par-delà les ans une leçon de courage. N’oublie jamais que tu lui dois la vie.
Notre vieux à eu une vie dure, mais il nous a transmis à mon père et à moi la mémoire de notre terre et je te l’ai à mon tour racontée. Notre famille connaît l’histoire des clans et de leur périple le long des rivières. Nous sommes nés de l’union d’une branche mâle et d’une branche femelle, du mariage de sources pures aux eaux claires.
Notre clan est un arbre. Les lignées des grandes familles de terriens sont les racines. D’autres sont venus, accueillis ou imposés par les alliances ou le Gouverneur; ils sont les branches et les feuilles de l’arbre. Maintenant le feuillage pompe toute la sève, alors qu’au temps d’avant les feuilles et les branches faisaient la force de l’arbre. En ce temps là, nous avions assez d’enfants pour peupler nos terres.
L’amour et la sagesse des anciens gouvernait notre monde. Nous n’étions pas grignotés, envahis par les frères kanak qui avaient osé défier le nouveau pouvoir. Ici comme ailleurs, la puissance occupante a redistribué les populations et les clans rebelles ont été dispersés.
Après avoie été l’un des piliers de la branche mâle, nous les terriens, nous ne sommes aujourd’hui plus rien, où jadis nous étions les maîtres de la terre. Hier les maladies, la religion, la force brutale de l’état colonial, ont renversé l’ancien équilibre. La colonisation a favorisé les collaborateurs, pourchassé les résistants, effacé le chemin des alliances. De mariage en stratégie de pouvoir, rien n’a pu empêcher les autres de contrôler notre terroir.
Ne sois pas naïf, tu dois savoir que les descendants de ceux qui se sont approprié notre héritage te haïssent même s’ils te font bonne figure quand ils te rencontrent. Tant que tu vis, tu remets en cause leur légitimité. La vérité est une menace pour le monde du mensonge.
Je te l’ai souvent répété, chez nous il faut être prudent et éviter d’attaquer de face ceux à qui tu t’opposes. Au pays de la coutume, on ne déclare pas la guerre à un individu, mais à une lignée, à une histoire, à une légitimité. Les hommes d’hier veillent sur les vivants chez les autres aussi. De plus, notre île est petite, nous sommes tous conduits à recroiser nos ennemis. Nous savons que seules les montagnes ne se rencontrent pas. Sois prudent, et fais les gestes qu’imposent l’énergie de la terre des ancêtres, alors, leur esprit te guidera et te protégera. La prochaine fois je te raconterai l’ histoire des trois frères, une histoire du temps d’avant qui en dit long sur maintenant.
VAL
Toutes mes félicitations, Val !!!!
Avez vous lu les BD de Berger et Jar, “éternités.Langages.1878.écorces” ?
Bises.
Vous êtes trop bon mon cher et j’apprécie votre humour. Je n’ai pas été “telligente” mais peut être aussi que j’étais vexée que tu n’en dises pas plus car tu m’as habitué à des commentaires plus plus développés.
Sorry Clark, c’est vrai qu’à 6h, avant mon café, je suis pas agréable, pas bonne en grammaire (j’ai eu une grosse honte quand j’ai vu la faute de grammaire, confondre être et avoir ça craint! )et pas forcément jolie à regarder. Tout pour plaire quoi!
Mais je te l’ai dit: t’as pas idée d’écrire à des heures pareilles.. mais t’inquiètes: que celui qui n’a jamais fauté nous lance le premier Bescherelles!
celui qui ce coit intelligent ne l’est pas toujours, bonjour l’orthographe à 6 h du mat.
De grammaire, la faute…
Effectivement, Clark, après le faux popaul et le faux Éric, voilà un troisième (ou bien c’est le même ?)pot de colle qui, lui, écrit sous mon pseudo. C’est drôle (?) un moment mais pénible à la longue.
De plus, In “faux” rétif, vous ne connaissez manifestement pas la signification du la notion d'”obsession paranoïaque”.
Et d’ailleurs, je me demande bien pourquoi vous vous êtes ainsi adressé à moi… Vous auriez simplement pu dire que j’étais “casse-couilles”, mais “obsession paranoïaque”, même abusivement utilisé, ça “fait” plus intelligent(mais tout aussi vulgaire, au fond…).
Je ne pense pas qu’inforétif s’adresserait à moi ainsi.
Si cela vous rassure de le croire, n’hésitez surtout pas.
Un faux rétif? Je suis peut-être pas “rano”, mais vous n’êtes sûrement pas Inforétif..
Clark, vous manifestez des signes évidents d’obsession paranoïaque. Allez vous faire soigner !
Je suis chiant: je sais… faut pas écrire aussi tôt non plus! t’es folle toi?
Celui qui se croit intelligent ne l’ai pas toujours.
“Celui qui se croit intelligent ne l’ai pas toujours.”
…Aussi mal écrit que mal pensé.
Tu vois, Val: quand on veut asséner une vérité comme celle-là, on évite l'”hénauuuuurme” faute de grammaire ci-dessus!
l’eau qui coule de source n’est pas toujours bonne à boire !
Mwarf mwarf mwarf trop drole!
AH AH AH !! Eh non Inforetif ils n’ont pas tout trouvé !
J’ai la peau bleue, pas verte : méfiez-vous des imitations !
Pardon. Je voulais dire, bleue et verte. Parfois rouge et jaune aussi. Mais dans le noir uniquement !
lE DERNIER TEXTE JE LE SIGNERAI DE MON NOM
Merci frère,
J’ai écrit cela il y a 6 ans et ce récit dormait dans un tiroir et j’ai décidé d’en faire cadeau. Dans mon prochain texte je rentrerai dans le monde mythique. J’espère avoir su écrire avec l’oeil de l’esprit kanak, mais pet-on voir avec l’oeil de l’autre?
Le dernier texte je le signerai de nom nom.
Clark,
HAHAHAHA!Trop drôle.