Depuis plusieurs jours, la disparition d’un contenu vidéographique composite intitulé «Gaël Yanno : l’Ultime trahison» défraie la chronique des réseaux participatifs calédoniens.
Les modalités de cette disparition n’ont pourtant rien d’inhabituel, ni rien d’inquiétant, plusieurs milliers de vidéos désertant les écrans chaque jour dans les mêmes conditions. Du videoclip de Rihanna au sketch de Jamel Debbouze, les contenus télévisuels illégalement diffusés sur Youtube ou DailyMotion font l’objet de suppressions quotidiennes par les groupes audiovisuels qui portent régulièrement plainte au titre de «contrefaçon, concurrence déloyale, et parasitisme» ou «atteinte aux droits d’auteur».
La vidéo supprimée par le Groupe France Télévision l’est pour les mêmes raisons, celle-ci contenant des boucles audiovisuelles transformées et détournées de leurs contextes de diffusion initiaux sans l’accord de leurs ayants-droits. Le contexte de la disparition ne fait donc pas mystère puisque la suppression intervient dans un cadre de stricte application du Droit en matière de diffusion de contenus audiovisuels.
La levée de boucliers qui a suivi cette suppression doit donc trouver sa source dans la nature du contenu supprimé. Il faut donc ouvrir
l’information sur les restes de la disparue et les effets de sa perte sur son entourage. Le titre de la Vidéo supprimée énonce deux registres de sens que le récepteur a pour mission de rassembler : « Gaël Yanno : l’Ultime trahison ». Il cite nommément une personne publique que l’ouverture énonciative rapporte immédiatement à une fatalité : «l’Ultime trahison».
On remarque d’emblée que ces deux registres font appel à l’inconscient du récepteur, chargé de soupçonner d’emblée le personnage cité de manœuvres sournoises qui conduiraient à un cataclysme. L’emploi du terme «Ultime», magnifié par une majuscule, inscrit d’emblée la personne publique citée dans le statut d’auteur d’une sorte de Fin du Monde annoncée. Le motif de la «trahison» attise quant à lui la paranoïa du récepteur, forcément inattentif parce que trop sollicité par la corne d’abondance du Net.
Le contenu de la vidéo supprimée (qui circule toujours hors YouTube) renforce ce climat en énonçant en boucle une phrase balourdement répétée une dizaine de fois, superposée à des images d’archives télévisuelles dont les écarts temporels et les divergences de contexte devraient pourtant éveiller l’attention critique des récepteurs. Mais la paranoïa entretenue par le titre, comme par le contenu de la vidéo, est distillée, et la suppression légale de l’objet vient alimenter les fantasmes conspirationnistes déjà présents dans le clip supprimé.
En effet, l’article principal de protestation face au retrait de la Vidéo porte un intitulé qui conforte ce contexte d’incitation au soupçon : «Censure et muselage ?». Où est l’information — Bien Commun d’intérêt général, investigation objective — dans un tel titre ? Sa forme interrogative a pour effet de renvoyer de nouveau le lecteur aux soupçons conspirationnistes et fatalistes qui ont plus que jamais le vent en poupe sur les réseaux sociaux en cette année d’Apocalypse Maya.
A dire vrai, la nature de l’article démontre que l’information n’est jamais ouverte, l’unique manne demeurant celle d’une paranoïa entretenue. Les éléments contradictoires ne manquant guère, ils devraient pourtant questionner l’internaute quant à l’absence d’investigation journalistique de l’auteur.
Sur l’écran noir de feu-la-vidéo est énoncé (comme l’impose la Loi) la cause et l’auteur de la suppression : «Cette vidéo n’est plus disponible suite à une réclamation pour atteinte aux droits d’auteurs par France Télévision». Quid du mystère dans cette affaire ? Le blogueur convaincu de sa mission annonce d’entrée de jeu : «Ca peut paraître incroyable mais c’est comme çà… La vidéo « L’Ultime Trahison » aurait été censurée par je ne sais qui sur Youtube, il est vrai que cette dernière pouvait déranger à l’orée des élections législatives qui approchent maintenant à grands pas».
Ces commentaires hasardeux révèlent une forme d’aveuglement contraire aux règles d’une Information défendue au nom de l’Intérêt Général, car si l’on parle de censure, c’est bien que l’on en appelle à la défense d’un Bien Commun.
A l’évidence, ici, la seule information qui ne se cache pas est celle délivrée les auteurs de la suppression. L’on sait «par qui» : France TV. Tout comme l’on sait «pourquoi» : «atteinte aux droits d’auteurs».
La distorsion exprimée dans la vidéo supprimée, qui mêlait des images d’archives décontextualisées, non analysées, soustraites à toutes les règles de l’éthique journalistique, est reconduite dans l’article de défense de la même vidéo qui réfute (sans doutes par méconnaissance) l’application du Droit et échafaude sur les phobies et les fantasmes de la Conspiration finale.
Finalement, n’y-a-t-il pas là ultime trahison de la pensée critique ?
Auteur : Iomega
«Pour faire disparaître la vidéo, il faut identifier chaque serveur et lui sommer de supprimer le contenu, c’est une procédure très longue», explique l’avocat spécialiste d’Internet Arnaud Dimeglio. Et pendant que la justice demandera à un site de supprimer la vidéo, un autre l’aura très probablement republié, et ainsi de suite.
Double drapeau c’est bon juste pour nous, les gens d’ici.
Ailleurs, c’est un seul drapeau.
Logique et facile à comprendre.
Et je doute fort que IOMEGA puisse souhaiter être confondu avec toi OMEGA. Pas sûre que ce soit à son avantage !
drôle de méthode… tu croit que personne n’a compris ?
Tu t’enfonce… Fait comme les autres qui on essayé, DISPARAIT !!!
On ne juge que ce que l’on connaît !