Les cases kanak, édifiées près du Mwâ kâ, baie de la Moselle, ont été détruites mardi 13 novembre au matin par les services municipaux de la ville de Nouméa, sous la protection des forces de l’ordre. On clame partout que « force est restée à la loi ». Est-ce si sûr ?
Pour faire vivre la Fête de la citoyenneté calédonienne du 24 septembre, un accord avait été difficilement trouvé entre la mairie, le Comité 150 ans après, le gouvernement et l’Etat pour l’édification de cases, près du Mwâ kâ qui symbolise le retour des Kanak dans le périmètre urbain de Nouméa. Pendant la Fête de la citoyenneté, un collectif « La tribu dans la ville » se crée et une pétition est lancée pour le maintien des cases. A partir du 1er octobre, l’occupation du parking de la Moselle devient illégale. Les négociations piétinent. L’autorité coutumière semble impuissante, malgré la médiation du vice président du gouvernement, Gilbert Tyuienon, par ailleurs président du conseil d’administration du port autonome, qui propose un terrain au quai FED.
Le 13 novembre, sans avertissement, à 4 heures du matin, les cases sont détruites, à coup de bulldozers, sous le regard des membres du collectif et en présence notamment de Jean Lèques, maire de Nouméa, et de Gaël Yanno, premier adjoint. Le Haut-commissaire, Albert Dupuy, également sur les lieux, a confirmé que « l’Etat est présent en cas de troubles à l’ordre public ». Dans les engins de terrassement, les conducteurs portent une cagoule afin de préserver leur anonymat. La douzaine d’hommes à pied qui collectent les débris dans un camion benne évoluent également le visage masqué (Les Nouvelles calédoniennes du 14 novembre 2012). Les images sont belles. Sur fond de rivalité politique entre les mouvements non indépendantistes pour la conquête de l’électorat non Kanak de Nouméa, les déclarations médiatiques de fermeté se succèdent sur fond de cases détruites. Le droit contre l’illégalité. La parole donnée contre la fourberie. La belle histoire.
Sauf que la ville n’a pas demandé le minimum de l’Etat de droit, l’autorisation d’un juge. Elle s’est fait justice elle-même. Et l’Etat a apporté son concours à une opération illégale, certes indirectement, en prévoyant le maintien de l’ordre. La problématique juridique est ancienne et connue. C’est l’arrêt du Tribunal des Conflits du 2 décembre 1902, Société immobilière de Saint-Just. Le commissaire du Gouvernement Romieu avait dit dans ses conclusions « quand la maison brûle, on ne va pas demander au juge l’autorisation d’y envoyer les pompiers ». Il signifiait par là que l’exécution forcée devait être exceptionnelle et utilisée en matière d’urgence. La règle pour l’administration est d’utiliser d’abord la voie pénale, et si elle existe la voie administrative. Si aucune sanction n’est possible, il reste l’exécution forcée, car « force doit rester à la loi ». Il demeure la possibilité d’y recourir également en cas d’urgence. Le juge avait posé une condition de fond dans la jurisprudence de 1902, ne pas aller « au delà de ce qui est strictement nécessaire » pour assurer l’obéissance à la loi. On pouvait même ici utiliser contre l’action de la mairie la compétence exceptionnelle du juge judiciaire pour « voie de fait ».
La commune de Nouméa ne pouvait ignorer cette règle, car elle l’avait utilisée pour l’évacuation des cantinières du SLUA occupant illégalement le square Olry quelques mois plus tôt. Le juge administratif, constatant l’occupation illégale du domaine public, avait ordonné des astreintes et autorisé le recours à la force publique.
Ce jugement du Tribunal administratif de Nouvelle-Calédonie n° 12096 du 26 avril 2012 est disponible ici :
C’est volontairement que le recours à la force brute, en dehors de tout consentement du juge, a été décidé. Il fallait frapper l’opinion. Et on était face à des Kanak, peu organisés et en situation de division politique. L’occasion d’un coup d’éclat, à la veille de la première visite du ministre des Outre-mer en Nouvelle-Calédonie, était trop belle. Pour le maire de Nouméa, il s’agissait d’un « manquement à la parole donnée » qui revêtait « une signification très lourde pour le futur de la Nouvelle-Calédonie » (Les Nouvelles calédoniennes du 14 novembre 2012). L’histoire retiendra également que ce sont les non Kanak qui, les premiers, ont utilisé la force illégale.
Le collectif La tribu dans la ville ne pourra rien faire juridiquement de cette analyse. En effet, il ne saurait lui-même se prévaloir d’une situation illégale qu’il a engendrée. Le propriétaire de la paillotte corse « Chez Francis », édifiée illégalement sur le domaine public, n’a pu se prévaloir de sa destruction illégale par le préfet Bonnet en 1999 (Cour administrative de Marseille n° 04MA00182 du 21 février 2005, Compagnie Axa France). Mais, politiquement, la faute pèsera en sa faveur.
Il y a une double constance historique à cette querelle qui interpelle tant les Calédoniens que l’Etat : la première est la politique continue de la municipalité de Nouméa d’empêcher l’émergence d’une identité océanienne de la ville en s’appuyant, chaque fois que possible, sur les divisions des Kanak. La seconde est l’absence de protection des Kanak par les institutions de la République et le droit ; on ne convaincra jamais des populations de la nécessité du respect des institutions françaises, si ces institutions démontrent leur dévoiement dans le combat politique et leur perte de neutralité, à tout le moins de sang froid.
Mathias Chauchat, professeur des universités, agrégé de droit public.
on va en justice pour faire respecter ses droits.. pour une injonction de faire ou demander des dommages intérêts…
Encore faut il avoir un droit juridique à défendre (c’est comme l’histoire de fous de l’UMP) En calédonie pourrait on obliger la reconstruction des cases canaques ou se voir attribuer des dommages intérêts? poser la question c’est y répondre..
Oui Nouméa est prospère parce qu’y regnent les principes d’un style de vie et d’une économie de type occidental mis en oeuvre par des blancs et de plus en plus par des océaniens avisés qui y trouvent leur compte… et c’est tant mieux…
Nous n’allons pas nous excuser de vivre dans une ville agréable… ceux qui souhaitent vivre en tribus n’ont qu’à y retourner !!! puisque c’est si bien…
Et la solution dans le cas que tu nous site…. c’est l”évasion ?????
Tu ne penses pas que le plus simple aurait été de voir avec son avocat de quoi il en retournait…
On aurait peut-être pu se rendre compte qu’il s’agissait d’une erreur, ou encore d’un sursis “oublié” par le prisonnier modèle….!!!
La fuite, c’est exactement se qui résume l’exemple que tu as voulu donner…
Le problème ce n’est pas d’être le pot de terre, mais c’est d’être le pot de terre qui résiste pas celui qui fuit avant d’être brisé définitivement…!!!
Erreur ou pas erreur, si t’es sûre de toi tu restes et tu affrontes la situation…
Et ce n’est en rien un problème de culture ou de société d’origine…
Je n’ai pas plus que toi l’habitude des avocats et du système judiciaire en général, mais je sais une chose si tu n’as rien à te reprocher tu ne fuis pas…!!!
C’est bien trop facile toutes ces excuses à deux balles…
surement pas en essayant de le combattre avec ses propres outils
“Calme et bien vu”… C’est la moindre des choses quand on est condamné.. faire la malin en prison, continuer à se comporter comme on se comportait lorsqu’on a fait ce qui nous a mené en prison est une connerie très partagée chez les récidivistes… Dis-moi? il avait fait quoi pour être emprisonné ton “jeune détenu calme”?
J’avais un ami avocat, qui me disait: “si on écoute les détenus: il n’y a que des innocents en prison”… Pourtant: il les défendait…
les verts sont mous en calédonie
http://actu.orange.fr/une/aeroport-heurts-entre-gendarmes-et-squatteurs-a-notre-dame-des-landes-afp_1206412.html
Il y a des gens ici qui ne connaissent que le rapport de Force: tu as raison sur ce point.
Alors c’est normal qu’on utilise leur mode de “communication”.
Tiens: je le répète:
Il y a plus d authenticite au caillou bleu qu’ il n y en avait dans ces cases de carnaval!!!
Encore une fois?
IL Y A PLUS D’ AUTHENTICITE DANS LE SQUAT DU CAILLOU BLEU QUAND DANS LES CASES DU PARKING DU MWA KA!!!
encore une perle que j avais pas vue
” c est parce que noumea est blanche qu elle est prospere” c est plutot parce qu on gratte les montagnes des kanaks pour extraire le nickel que noumea est prospere
Mais mon pauvre ami, le collectif c’est LKU qui l’a mis en place et l’a soutenu….!!!
Sans déconner, tu crois que ce mini collectif est en mesure d’avoir les moyens de se payer une sono comme elle a eu pendant la durée de la manif….!!!
Pauvre pomme…
C’est assez comique comme situation, d’après toi Tipee, le collectif ne reconnaît pas “l’administration” importé…
Mais il me semble qu’elle ne reconnaît aucune autorité d’où qu’elle vienne…!!!
Elle ne reconnaît pas :
– Le comité 150ans, c’est pas de l’importé ça, non ?
– Le Sénat coutumier, qui n’est pas importé non plus, même si discuter au sein de la communauté mélanésienne…
– L’air Djubéa Kapone, ben là rien à dire…!!!
– Sans parler des responsables politiques indépendantistes…
Tu n’as donc pour tenir ta position que de piètres arguments…
eric , le senat coutumier a ete invente et finance par la france , le comite 150 ans n existe que parceque ya 150 ans la caledonie a etre colonisée , alors pour des independantistes qui veulent etre en accord avec leur convictions , le minimum est de ne pas reconnaitre ce qui est le fait du colonisateur ……
Faible, très faible, ce com Tipee. Pourtant Chauchat vous avait donné du bronze et du granit…