On parle depuis quelque temps ici de nation. Sans trop savoir, il faut bien dire ce qu’on y met exactement. Près de nous, Calédonie Ensemble avait, on s’en rappelle, parlé pendant la campagne de 2009 de « petite nation calédonienne au sein de la grande nation française ». Magnifique contradiction sémantique, cet anathème défendu par le parti des députés semble concevoir la nation comme une espèce de « principe spirituel ». Une sorte de sentiment prétendument partagé au sein du peuple calédonien et qui ne répondrait en tout cas à aucun schéma institutionnel. Un joli slogan politique qui peut faire mouche, mais sans aucune base ou référence juridique.
Pour d’autres, en revanche, le thème de la nation ne semble être qu’un outil conduisant et favorisant l’indépendance de la Nouvelle-Calédonie. Pour autant, si ma mémoire est bonne et je crois qu’elle peut l’être, les indépendantistes n’ont jamais autant parlé de nation que depuis ce fumeux concept de « Bloc nationaliste » découvert et défendu récemment par l’UC.
Depuis quelque temps tous les observateurs de la vie politique, dans les médias ou sur le Net, se triturent les méninges pour déterminer les contours de ce bloc nationaliste. Mais si l’on s’arrête aux récentes déclarations des uns et des autres, le bloc nationaliste a une réalité, il a une apparence : ne serait-ce pas la poursuite, sous un autre vocable, de la coalition ? Je vous parle de ça parce que le fait d’avoir écouté Gérard Régnier et Sylvie Robineau sur NC 1ère et RRB cette semaine, m’a fait quand même me poser bien des questions.
Gérard Reigner a, en effet, été très clair. Il faut, a-t-il-dit sur le plateau du JT « passer le cap du nationalisme » en déposant une liste unique en Province sud « plus large que le FLNKS, ouverte aux progressistes, ouverte aux nationalistes » parce que, selon le SG de l’UC, « la nation, ce n’est pas simplement les indépendantistes ». La question qu’on en vient à se poser c’est : si la nation voulue par l’UC ce n’est pas que les indépendantistes, alors c’est qui d’autres ?
Un semblant de réponse, je crois, s’est fait jour dans les propos de Sylvie Robineau 48 heures plus tard sur RRB. La membre du gouvernement et de la coalition a déclaré : « Tous les gens progressistes dont nous faisons partie aujourd’hui, avec monsieur Martin et monsieur Frogier, tous les gens progressistes doivent, en tout cas, s’unir ». Elle a expliqué par ailleurs que cette union ne pourrait pas se faire avec ceux qui leur sont « radicalement opposés » et qui combattent la coalition actuelle. Suivez donc son regard vers CE et les déçus du RUMP emmenés par Gaël Yanno…
Dans un même temps, le FLNKS réaffirme son ambition d’obtenir les 3/5èmes des élus du congrès. Mais la mathématique électorale répond à des réalités qui contrecarrent parfois les ambitions politiques. Du coup et contrairement à ce que veut faire accroire le BP du FLNKS, jamais les indépendantismes n’obtiendront seuls les 3/5ème du congrès (Le FLNKS compte actuellement 23 élus sur 54, il lui en faudrait 33, soit 10 de plus, pour détenir les 3/5èmes du congrès).
Alors avec qui ? Voilà la seule question qui vaille. Avec qui ? Avec qui obtenir ces 3/5èmes que les indépendantistes attendent tel le Graal ? Et c’est là que mon esprit se met à divaguer… ou pas.
Car le RUMP de Frogier et son appendice l’Avenir Ensemble pourraient – oui pourraient – assurer cette force d’appoint, car même un RUMP-AE-Leroux éreinté, blessé et amoindri va, aux prochaines élections, engranger des voix chez les non-indépendantistes. Pas autant qu’il aurait pu du temps de sa superbe, mais en tout cas assez pour donner à ses futurs partenaires du « bloc nationaliste » les voix qui lui manqueront indubitablement.
Délire, divagation, hystérie ? Pas de jugements hâtifs. La ficelle n’est peut-être pas aussi grosse que l’on pourrait me l’objecter, même si, à un an des élections, tout reste encore un peu diffus…
CATON
Juste un truc qui semble t’échapper Caton…
La p’tite nation dans la grande c’est Jacques Lafleur et ça date de 1977…!!!
Du coup ton analyse garde tout son sens, mais CE n’est en rien à l’origine de cette notion ????
Par contre j’ai peine à croire que les Calédoniens non-indépendantistes suivent ce qui reste du RUMP dans une alliance avec les indépendantistes, d’autant plus qu’aujourd’hui on a la certitude que le mensonge est total et que l’écriture de la nouvelle constitution n’est en rien une affabulation…
Certain tentent de nous la mettre profond et puis c’est tout !!!
Selon moi, pour reprendre le texte de cet auteur; le RUMP est tout à fait capable d’apporter son soutien à l’UC et au reste du FLNKS afin de constituer une majorité “indépendo-nationaliste” au Congrès !
Aujourd’hui PF est acculé, isolé et affaibli alors il sera dangereux jusqu’au bout pour entrer dans l’histoire à n’importe quel prix et n’hésitera pas à faire tout ce qu’il peut; même si cela doit être le pire… Electeurs et soutiens du RUMP, souvenez-vous en !
Ben oui évidemment Caton, c’est pas un scoop, le bloc nationaliste c’est la coalition réchappée. Frogier était fou de rage aux mots de Régnier car les trois cinquièmes indépendantistes du congrès il veut en faire partie, encore, à nouveau ! Il s’est permis de pourrir Régnier parce que c’est un “pasdici”, facile à pourrir, et qu’il représente cette France dont il veut se libérer.
Pardon,
“quelles qu’en soient les modalités”
“a compliqué”
“une place”
“soit-il”
… ?
al là là, yé né pas changé…
tu sais que tu peux modifier?
J’aime bien l’expression: “Rump-AE-LEROUX”: y’en a un qu’est carrément tout seul…. En plus je l’aime bien, par rapport aux autres ….
N’empêche le discours du type “petite nation dans la grande”, c’était vraiment de la bouillie pour chat : par définition une nation ne peut être inféodée à une autre…
Wao, joli texte. Vous avez du talent vous !