Prenez une feuille de papier. Ecrivez-y les grandes lignes de la vision de la Nouvelle Calédonie d’Harold Martin. Faites de même pour Cynthia Ligeard, puis pour Gérard Poadja.
Il ne s’agit pas de déterminer leur vision politique, protéiforme s’il en est mais abondamment commentée : anciennement pour la Calédonie dans la France, aujourd’hui pour la Calédonie très proche de la France, et demain certainement à un femtomètre de part ou d’autre de la ligne invisible séparant l’indépendance-association de leur future solution consensuelle magique. Mais concrètement, que souhaitent-t-ils faire pour la Nouvelle Calédonie dans les 18 prochains mois ? Dans les 5 prochaines années ? Et surtout, que souhaitent-ils faire quel que soit l’horizon de temps en question : quelle est leur ambition pour la Nouvelle Calédonie ?
Je n’ai pas beaucoup sali ma propre feuille de papier. J’ai d’abord choisi de la conserver pour la recycler en liste de commissions, mais j’en ai finalement fait un petit avion qui a silencieusement heurté le carrelage après une demi-seconde de vol.
Ces gens sont pourtant à la tête de trois des plus importantes institutions de la Nouvelle Calédonie. Ils y sont, selon leur personnalité, véhéments mais inefficaces, séducteurs mais repoussants ou sympathiques mais indolents.
Comme des plantes, ils occupent ces positions prestigieuses loyalement tournés vers la lumière de leur idole politique et ont confortablement glissé leurs racines dans une terre abondamment gorgée de tous les nutriments nécessaires à leur épanouissement. Leur triste ballet pourrait être rythmé par la musique du carnaval des animaux de Camille Saint-Saëns tellement ils sont pathétiques dans ce rôle où ils produisent tant d’efforts à paraître et si peu à construire. Un poisson ballon, une mante religieuse et un panda qui dirigent le pays, ça fait froid dans le dos.
Mais curieusement, c’est plutôt l’Ave Maria que j’entends alors que j’essaie de les écouter, et qu’après quelques secondes leurs lèvres finissent par bouger sans qu’aucun son ne semble plus en sortir. La prière, qui n’est pas forcément un réflexe naturel, semble à chaque fois la seule réaction logiquement acceptable.
Et je ne suis manifestement pas le seul à me sentir envahi par ce vide, qui ceinture la Nouvelle Calédonie depuis maintenant trop longtemps. Les syndicats se sont groupés il y-a plus de deux ans et ont produit à la place des politiques un manifeste socio-économique, véritable feuille de route, qu’ils ont réussi à leur faire signer. Comment peut-on obtenir la quasi-unanimité au congrès sur un texte d’accords économiques et sociaux aussi dense et impliquant ? Je crois que cela a été rendu possible pour trois raisons :
– Personne n’avait mieux à proposer ;
– Personne ne pouvait vraiment assumer de n’avoir rien de mieux à proposer, ni même d’avoir jamais eu l’ambition de proposer une vision aussi complète ;
– Chacun a cru devoir signer pour pouvoir retourner dormir, la bedaine encore vibrante du bon dîner pris le soir de la signature en récompense de la grandeur du geste politique accompli et aussitôt oublié.
En gros tout le monde s’en foutait, ce qui est une excellente raison pour signer, surtout pour ceux qui étaient censés ne pas être d’accord.
On pense à tort que tout cela n’est pas bien grave, que les prochaines élections remettront de l’ordre et que quoi qu’il en soit cette situation de faillite du politique est suffisamment habituelle pour ne pas devoir susciter trop d’émoi. Je ne suis pas d’accord avec ce constat désimpliqué et désabusé. Les trois personnalités politiques citées en exemple ont une caractéristique commune : nous ne les avons pas élues à leur poste. Alors devant qui sont-elles responsables ? Elles le sont, c’est humain, devant ceux qui les ont placées là : leur idole sacrée, leur gourou, c’est à dire d’autres politiques que tout le monde connaît et qui considèrent leur temps mieux utilisé à conduire leurs troupes depuis l’ombre.
Cette faillite du politique est la conséquence d’une faillite de la démocratie. Ce qui fait la force d’une démocratie, ce n’est pas la notion d’élection, que l’on retrouve dans de nombreuses dictatures (aussi appelées démocraties à parti unique), c’est la notion de responsabilité de ceux qui sont élus devant ceux qui les élisent. Et ce paramètre central échappe totalement à tout le monde :
– A Pierre Frogier, qui a « choisi » Cynthia Ligeard pour lui succéder, oubliant au passage que même si le Rassemblement avait la majorité nécessaire à l’assemblée de la Province Sud c’était bien à un vote d’assemblée d’en décider et pas à lui directement ;
– A Harold Martin, qui a oublié dans quelles conditions il a accédé à son poste actuel et qui ne travaille plus que pour lui seul depuis longtemps ;
– A Gérard Poadja, qui n’exerce manifestement la présidence obtenue sur les cendres chaudes de la coalition que dans l’optique de favoriser l’un des partis représentés au Congrès, et qui se justifie sans doute intérieurement en pensant que ce n’est qu’un juste retour des choses ;
– A l’Etat, quand il s’est agi de modifier l’article 121 de la loi organique pour empêcher les démissions successives du gouvernement, pérennisant ainsi un collège politique parvenu au pouvoir en utilisant justement la tactique interdite, APRES des élections ;
– Aux élus rendus « illégitimes » parce que placés au pouvoir par des manœuvres post-électorales, et qui pensent d’ailleurs encore pour beaucoup, à tort ou à raison, que les calédoniens sont dupes de leur action commando ;
– A ceux des élus « légitimes » qui ne mettent pas en œuvre, à leur poste, les orientations pour lesquelles ils ont été élus, qu’ils invoquent pour se dédouaner les manœuvres des autres ou qu’ils aient perdu toute motivation pour le faire ;
– A nous, les calédoniens, qui acceptons de nous lever tous les matins et d’aller travailler comme d’habitude dans un environnement qui n’a plus rien d’habituel depuis longtemps.
Seule petite lueur d’espoir dans ce carnaval où la démocratie est utilisée comme déguisement : la proposition de vote populaire pour ou contre la centrale à charbon de la SLN. Quels que soient les partis politiques, ils utilisent en effet tous ce débat sur le charbon comme marchepied vers les prochaines élections et brouillent le sujet en mélangeant et dénaturant les arguments. Ce ne serait qu’un juste retour des choses que la démocratie qui nous est confisquée depuis si longtemps nous revienne à nous directement, même sur un seul sujet. Je veux participer à ce débat, entendre les pours et les contres, et choisir en votant. Pour une fois j’aurai l’impression de voter pour un sujet qui touche directement les gens et pas pour donner du pouvoir à des politiques qui n’ont besoin de ça que pour se sentir exister.
D’une manière générale, et comme vous sans doute, je veux que ma voix compte et je veux être dirigé par ceux que le vote populaire a investis. Le carnaval c’est bien un jour par an, le reste du temps ce serait bien d’être un peu sérieux.
C’est un beau pavé dans la mare des municipales, Calédonie Ensemble qui met la SLN en demeure de construire rapidement une centrale à charbon : “En clair, la SLN est dans l’obligation de lancer, sans attendre, son programme de construction de centrale au charbon qui permettra de diviser par 15 les émissions de dioxyde de souffre.”
Mais il y-a sûrement une explication logique à tout ça : sur la photo Philippe Michel n’a pas ses lunettes, il n’a pas pu lire correctement ce qu’il signait.
Cela confirme les mensonges et revirements permanents de Calédonie Ensemble au gré des sondages et du vent.
Impossible de faire confiance à ce parti politique, ils font vraiment peur.
MENTEURS…………………….et OPPORTUNISTES
T’as peur Rigo?….vraiment.
Au fait quand je dis “PS”, ça ne veut pas dire que je suis pour le parti socialiste, c’est du latin, ça veut dire post scriptum.
T’as raison Tom, d’ailleurs j’ai beaucoup apprécié le réalisme et le pragmatisme de Poadja lorsqu’il s’est mis au garde à vous devant les deux poilus et les deux drapeaux le 8 mai à Koné, il a même dit qu’il trouvait ça bien.
J’ai aussi beaucoup apprécié son alliance avec l’UC et le PALIKA pour faire voter cette fameuse loi anti trust.
Gérard décidément dénote clairement au milieu des momies nullissimes de CE.
Et ben Rigo tu vois toute la différence entre un parti de buses enfermées dans un bunker avec un vieux tyran fou et un parti démocratique de gens libres avec des idées personnelles et parfois différentes. Ça te fait pas envie des fois ?
Pas du tout envie, je préfère garder mes distances et ma liberté totale de parole.
Lorsque tu es élu d’un parti, tu fermes ta gueule ou tu démissionnes.
Si Podja est allé à Koné, ce n’est pas de sa propre initiative, il a eu l’aval du grand gourou de CE, pour rattraper la vilaine campagne électorale anti drapeau Kanak.
Je suis trop anar pour courber l’échine dans quelque parti que ce soit.
Ben nan Rigo et je suis la démonstration contraire de ta lubie libertaire qui n’est qu’un alibi pour rien foutre et pas t’engager.
L’art naît de contraintes, vit de luttes et meurt de liberté, disait Gide. Il en est de même pour la pensée et l’action politiques.
Je me souviens en 2007 lors de la victoire des législatives du RUMP, Frogier est devenu président du Congrès de la NC, CE à remporté les législatives pourquoi ils auraient pas la présidence du congrès.
Puisque tu es un habitué du Congrès, tu te souviens peut-être de la tronche du côté CE de l’hémicycle quand Loueckhote a retiré sa candidature. Non seulement ils ne s’attendaient pas à ça mais en plus ils n’en voulaient pas de cette présidence ! Faut arrêter avec la vision bisounours des choses, la politique c’est un moteur sale et qui doit le rester (j’ai appris ça à l’instant grâce à un post de Tardy).
Le retrait de Simon à la dernière minute était un coup monté.
Tout le monde savait d’avance que Simon allait se retirer. Plus personne au Rump (sauf Frogier et Gay) ne voulait de Wamytan à la Préz. Meme Didou s’est abstenu.
Par la suite, personne en a voulu a Simon, comme si rien était du côté du Rump. Pas d’insultes, pas de commentaires contre Simon, rien. Le silence médiatique, bizarre non?
Wamytan et LKU avaient par la suite dénoncé ce coup de pute de Simon et du Rump.
Frogier et Gay par procuration avaient voté Wamy, par pitié.
“Les imbéciles aux mains propres n’ont pas de mains” : Au moins, ils ne se masturbent pas. Les politiques, eux, jouissent d’avoir le pouvoir en main. Droite ou gauche…
Ben oui, les mêmes causes produisent les mêmes effets. Sympa ta photo de famille.
T’es dur de comparer Poadja à Pétain…
La politique du “tout sauf …” semble vivre son heure de gloire en Calédonie.
Que ce soit le Rassemblement ou C.E, les deux répandent des idées qui ne visent que la médiocrité et pour le sacre d’un seul. Mais à part le nom de leur champion, les électeurs ne semblent pas avoir d’autres revendications (sans doute là, la plus grande victoire de nos “têtes pensantes” qui ont su hisser le choix du chef comme priorité absolue).
Et pendant ce temps le FLNKS continuait son chemin.
Pourtant ce n’est pas faute de le répéter, Petelo/Kuzco même combat.
G. Poadja a la tete du Congres est en effet un juste retour des choses.
Je vois pas le probleme et je ne comprend pas l’allusion faite aux animaux, …………….sauf pour Harold (l’ami des betes) et pour Cynthia en chat du Cheshire.
Hé !!!!! Cynth’chat du Cheshire, y’a un © dessus !!! 🙂
“Ben ouais, pour le message politique à nous, le social c’est pas nous, c’est pas à nous, ça sert à rien, et pourtant on le fait ! Alors c’est bon, foutez-nous la paix, circulez ! Voilà un peu ce que j’ai compris dans le ton doucereux et les doux sourires de chat du Cheschire de Cynthia au Pays des merveilles et de la merveilleuse NC9.”
22 février 2013 :
http://jeffrey-tardy.com/?p=1222
Un juste retour des choses au Rassemblement qui n’est plus comme cela le seul à ne rien faire.
C’est sur que si on ne laisse pas une chance aux jeunes, les éléphants (ou sangsues) seront tjrs la…….