MEDEF NC souhaiterait rencontrer bon parti

MEDEF-NC, DANS LA FORCE DE L’ÂGE, BIEN SOUS TOUS RAPPORTS, VIEILLE LIGNÉE CALÉDONIENNE HONORABLEMENT CONNUE, ACTIFS SOLIDES DANS LA PIERRE ET LE FONCIER, DANS LES COMPTOIRS ET LA MINE, NOMBREUSES ESPÉRANCES D’HÉRITAGES, SOUHAITERAIT ROMPRE SON ISOLEMENT ET SA SOLITUDE DEPUIS UN DOULOUREUX DEUIL ET AIMERAIT RENCONTRER JOLIE FORMATION POLITIQUE SANS TABOU, EN VUE DE RELATIONS DÉCOMPLEXÉES, DANS UNE GRANDE COMPLICITÉ, POUR UNE UNION ÉPANOUISSANTE ET DURABLE EN VUE D’UN MARIAGE SI AFFINITÉS.

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Medef-NC, Enncy pour les intimes, est bien ennuyé, bien chagriné, bien affligé. Sa fidèle épouse Erpécérump, qui l’a accompagné et soutenu depuis tant d’années, dans toutes les épreuves, contre vents et marées, est en train de le quitter. Sa famille lui avait trouvé à travers cette douce et dévouée compagne un bon parti, la femme idéale, une alliance puissante, le pouvoir et la loi sur mesure. C’était d’ailleurs une cousine, les familles se connaissaient depuis toujours. Et puis le temps avait passé, Erpécérump avait vieilli, avait changé. Elle avait commencé à s’absenter, à découcher, à maigrir, à se comporter bizarrement, à donner des explications incompréhensibles, parfois à délirer. Ces derniers temps Medef Enncy ne la reconnaissait même plus. Elle lui faisait même du tort. Erpécérump n’était plus que l’ombre d’elle-même, elle ne pesait plus que quelques kilos, elle dégageait une odeur de corruption avancée, elle sentait déjà la décomposition et la mort, bien qu’encore agitée de crises et de soubresauts, de plus en plus rapprochés, qui faisaient maintenant honte à Enncy, vomissant des cris et des insultes indistinctement sur tous ceux qui s’approchaient d’elle, comme atteinte du Syndrome de Gilles de La Tourette.

Depuis quelque temps on ne la voyait plus. La dernière fois qu’on a eu de ses nouvelles c’est à travers l’agenda du ministre Lurel, « Mercredi 29 Mai, 16h30, entretien avec cette pauvre Erpécérump ». Lurel avait pourtant le Conseil des Ministres et les questions d’actualité à l’Assemblée juste avant. Il s’est dévoué. Il savait qu’elle n’avait plus que lui, que le Pape ne voulait pas la voir, que Sarko était entre deux juges, que Copé lui aurait fait les pires outrages. Son cœur charitable a parlé, il savait qu’elle était malade, au bout du rouleau, qu’il ne la reverrait plus. Maintenant c’est fini, elle a disparu. On ne sait pas trop si Enncy a fait interner la malheureuse ou si il l’a déjà inhumée, sans publicité, sans fleurs ni couronnes. Ce qu’on sait c’est qu’on a vu récemment Medef Enncy au bras de plusieurs personnes qui le serraient de très près. Une brune aux manières assez libres, un peu sans-gêne, pilosité marquée, lunettes noires, que plusieurs témoins prétendent avoir entendu dire à Ennecy « Allez, venez, Milord, vous asseoir à ma table, on a des affaires à faire ensemble. Arrêtez de négocier, ça suffit, point final, on va négocier quoi ?! ». Et puis une blonde en tailleur, toujours une main occupée à envoyer des textos, une autre à tweeter, toujours « C’est moi qui ! » très fort, dans la rue, partout, toujours suivie d’un petit gros grisonnant, un oncle, un père ou un ex un peu collant, susurrant dans l’oreille d’Enncy « T’inquiète pas, t’inquiète pas mon chéri, on va t’arranger ça, défisc, subventions, baisse d’impôts et p’tite pépé ! ». Confidences imprudentes passées dans un de ses téléphones et publiées en raison de sa maladresse habituelle. Les deux belles seraient dans le business, les syndicats, un oncle ou un ex au gouvernement, mais seraient également deux jolis partis à épouser.

Mais Medef-Ennecy ne sait pas, il hésite. Il sait qu’il lui faut quelqu’un pour tenir son foyer, pour repasser ses chemises, pour arranger ses affaires. Il s’est retrouvé tout seul, tellement seul, récemment, dans ses affaires, dans son travail, dans ses conférences à la télé, à la radio, dans les journaux, dans ses négociations. Erpécérump n’était plus là pour le défendre, pour le sauver, pour faire la loi, pour mater tous ses adversaires, ses ennemis. Pour la première fois depuis le commencement des temps, depuis ses ancêtres Saint-Medef Ballande et Saint-Medef HigginsonSLN, canonisés par l’Évèque des Comptoirs et le Cardinal des Mines, on lui a manqué de respect, on l’a agressé, on l’a fait reculer. Lui ! Le rejeton illustre de tout ce glorieux passé de l’Empire Colonial, on va lui imposer des règles, des lois ! Même le cousin Pierre de Erpécérump, dit le Bretteur, deuxième Vice-Président au Congrès, ne lui est plus d’aucune utilité, lui dont le face amère semble trahir le même mal rampant et fatal que sa cousine et qui ne sait plus que faire rigoler ces mêmes gueux qui cernent et menace Medef Ennecy au Sud, au Nord, et même à l’Est et aux Îles ! Jamais du temps de son beau-père le grand Jacques on ne lui aurait fait un tel affront ! C’est décidé. Il va poster une annonce matrimoniale sur son blog http://www.medef.nc/ et dans son journal http://www.lnc.nc/. Ennecy doit se trouver un parti, un bon parti, un nouveau parti, que ce soit une blonde ou une brune, indépendante ou loyale, qu’importe ! Du moment qu’elle fait la loi pour lui et préserve son capital et ses bijoux de famille des assauts des sans-culottes.

Jeffrey Tardy