Pendant la polémique sur la réforme du barème de l’impôt sur le revenu, tous les chiffres que le gouvernement et Calédonie Ensemble se sont échangés ont toujours été exactement… les mêmes. Le débat repose donc tout entier sur la notion de classe moyenne. La seule source fiable et récente trouvée à ce sujet est le rapport Lieb sur la réforme de la fiscalité calédonienne. Il se base sur la définition du CREDOC selon laquelle la classe moyenne représente la moitié de la population, encadrée en dessous par les 30% de calédoniens les moins riches et au-dessus par les 20% les plus riches.
Et les chiffres de revenus qui vont avec ces ‘bornes’ sont assez édifiants. Si vous et votre conjoint gagnez plus de 375.000 F par mois, vous n’êtes déjà plus dans la classe moyenne, vous êtes donc « riches ». Pour être « pauvre », il faut gagner moins de 130.000 F par mois et par personne. Autrement dit, selon les chiffres du très respectable rapport Lieb, aucun calédonien qui a un travail à temps plein ne peut être considéré, statistiquement, comme pauvre, puisque le SMG est à 151.985F. Même s’il n’est pas en couple d’ailleurs, puisque la classe moyenne commence à 108.000 F de revenus mensuels pour une personne seule.
Tout le monde sait, ou se doute, que la répartition des revenus est très déséquilibrée dans la population calédonienne. Mais se rend-on compte à quel point la barrière entre les pauvres et la classe moyenne est simplement l’emploi ? Il ‘suffit’ de trouver un job, n’importe lequel, pour sortir de cette enclave statistique.
Alors que tout le monde est centré sur la fiscalité pour résoudre les déséquilibres, et « rétablir l’équité », comme l’UC le clame, il apparaît évident que seul l’accès à l’emploi peut faire la différence. On peut penser que c’est un raisonnement de droite, c’est en tous cas la position exprimée par Marie Pierre Goyetche dernièrement à la télévision. Et maintenant que la loi sur l’emploi local existe, elle ne pouvait bien sûr avoir aucune arrière-pensée politique…
Quoi qu’il en soit, nous sommes dans une situation où aucune réforme de la fiscalité ne résoudra jamais rien. Parce qu’il y-a beaucoup, beaucoup plus inégalitaire que la répartition des revenus : il y-a la répartition de l’impôt sur le revenu. Les 3⁄4 des calédoniens les moins riches, y compris la classe moyenne, ne paient, tous ensemble, que 10% de l’impôt sur le revenu. Ce sont les 10% des calédoniens les plus riches, donc ceux qui sont au-dessus de la classe moyenne, qui paient à eux seuls les 3⁄4 de l’impôt. La fiscalité actuelle des revenus s’adapte donc déjà très bien aux inégalités de revenus : elle prend l’argent là où il est.
D’ailleurs, comme le rapport Lieb le montre, la tranche basse de la classe moyenne est… non imposable. Ce qui est parfaitement normal, parce que selon le CEROM, le seuil de pauvreté relative se situe à environ 158.000 F par mois, donc dans le bas de la classe moyenne. La classe moyenne calédonienne pourrait donc se situer plus haut que ce que les critères internationaux, mis en œuvre dans des pays aux revenus moins inégalement répartis, ne le laisserait penser.
Dans la polémique sur le barème, ces constatations devraient pouvoir faire avancer les choses. L’UC et Calédonie Ensemble reprochent aux réductions d’impôt d’être trop importantes pour des revenus élevés, mais au-delà d’un certain revenu, l’avantage plafonne et n’évolue plus. Par ailleurs la réforme s’accompagnerait d’une suppression de niches fiscales, qui bénéficient surtout à ceux qui sont au-dessus de la classe moyenne. Faisons les comptes : 3 milliards de réforme pour la classe moyenne et la « classe moyenne plus », moins 1,5 milliards de suppressions de niches fiscales, qui ne vient que des riches et de la « classe moyenne plus ». Le Congrès doit pouvoir corriger encore la différence en diminuant un peu le seuil d’entrée dans la tranche fiscale à 40%. Mais pour ça, il va falloir donner une définition précise, et bien étayée économiquement et politiquement, de la classe moyenne en Calédonie.
Bon courage.
Ils me rendent du pognon pour que je puisse le dépenser comme je veux, c’est ca ? Mais ca fait combien de temps qu’ils me le pique pour m’empêcher de le faire ? Jveux un audit, ils en faisaient quoi, avec?
Il n’y a rien de plus désagréable que L’impôt sur le revenu, surtout
quand il est injuste et détourné des besoins initiaux.
vous savez quoi? quand il s’agit de payer des impôts tout le monde trouve que c’est au voisin de payer plus ;vous savez quoi? ça fera plus de pouvoir d’achat pour un plus grand nombre de personnes.vous savez quoi? ça ira plus dans les poches des importateurs distributeurs et si au global ça fait baisser les prix comme dit la pub je mange mon chapeau…
Tu écris 375000cfp, alors que j’ai moi entendu et lu 600000cfp… !!!
Finalement c’est quoi la fourchette, la vrais ?
Je ne peux que te dire d’où je tire les chiffres dont je me sers : rapport sur les propositions de reforme sur la fiscalite directe de JP Lieb, page 25.
Ah oui Lieb…
Mais ce Gouv ne parle pas de 375000cfp, mais de beaucoup plus !!!
Il me semble plus judicieux d’utiliser non pas les chiffres de Lieb, mais bien ceux du projet en cours, non ?
C’est ce même Lieb qui avait préconisé la TGA avec un taux et la fiscalisation des petits revenus jusqu’ici non imposable…!!!