Tout cela sent mauvais

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caledosphere - gouvernement harold martin nouvelle caledonie

Il y a dix jours encore Stéphanie Boiteux était directrice des services fiscaux. Aujourd’hui, son cas est devenu une affaire politico-administrative dans laquelle très bientôt la justice va devoir fourrer le nez !
Ce dont il est question est symptomatique du climat délétère que nous connaissons aujourd’hui et de l’errance de nos élus et du gouvernement.

Si l’on se réfère à ce que l’on sait de cette affaire, et non pas à ce qu’Harold Martin nous en dit sur l’antenne d’RRB qui de toute évidence lui est largement ouverte, on comprend rapidement que le dossier est vide, et que la justice, pénale et administrative, aura tôt fait de remettre tout ce petit monde dans l’axe.

On sait ainsi que les mails professionnels de Stéphanie Boiteux qu’Harold Martin, certains de ses collaborateurs, Sonia Backes et quelques fonctionnaires se sont arrogés le droit de lire, ne sont guère de nature à justifier une sanction disciplinaire. On sait également que l’élu, dont le contrôle fiscal aurait été indument dévoilé par Stéphanie Boiteux, avait lui-même informé ses collègues en commission de la tenue de ce contrôle. Et tout est à l’encan…

Non, si cette affaire ne sent pas bon, c’est davantage pour le duo Martin-Backes qui semble s’être fourvoyé dans un règlement de compte dont il sortira peut-être lui-même en charpie. D’abord la justice va enquêter puisque le gouvernement, mais également Stéphanie Boiteux elle-même et Didier Leroux ensuite devraient porter plainte ! Et il n’est pas certain que la justice, sur la base de cette affaire, ne commence pas à dérouler une pelote qui la conduise très loin. En effet, et Didier Leroux l’a clairement laissé entendre lors de la séance du congrès du 13 juin, il semble que les véritables raisons qui auraient poussé le président du gouvernement à se débarrasser de la directrice des services fiscaux, seraient liées notamment au délicat dossier politico-économico-financier de la défiscalisation ! Et faut-il rappeler les liens qui existent entre le président du gouvernement et l’un des plus gros défiscaliseurs de la place ?

Indubitablement, cette affaire aura des répercussions politiques. L’UC, qui assure à tout le monde que la coalition est désormais morte, n’apprécie plus le comportement d’Harold Martin et de Sonia Backes. Certains leaders du parti font état de la volonté de l’UC de mettre enfin un terme à cette aventure gouvernementale, et la rumeur s’enfle chaque jour davantage du dépôt d’une motion de censure. D’autant que rien ne peut laisser supposer qu’aujourd’hui le Rump défendrait corps et âmes, une équipe gouvernementale qui agit désormais davantage comme un repoussoir électoral que comme force de proposition.

D’ailleurs, dans une de ses nombreuses prises de parole, Pierre Frogier déclarait militer pour un renouvellement des élus. Je me demande s’il n’est pas temps de lui donner raison.

Caton

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Observateur attentif de la société, Caton n'est dans ses analyses ni obtus ni extrémiste. Appartenant à une génération calédonienne qui en a vu d'autres, féru d'histoire, ce contributeur tranche au scalpel d'une plume acerbe et aiguisée nos idées reçues sur la vie politique locale. Adepte du Old School, Caton transmet au blog, depuis la fin de l'année 2012, par courrier postal une contribution portant sur un thème d'actualité qui est mise en ligne chaque semaine. Cité par Elisabeth Nouar, dans une de ses chroniques, Caton est l'un des "Sept salopards du net"