Gomès a-t-il gagné ?

Je crois pouvoir affirmer que dans la phase politique dans laquelle nous sommes entrés depuis les législatives, et qui va nous conduire jusqu’en mai prochain, il y a désormais un avant et un après 22 juin.

Parce qu’en effet il s’est passé quelque chose qui n’était pas du cirque sous le grand chapiteau du parc Fayard, et que ce constat s’impose à tous, quoi qu’en en pense et quoi qu’on en dise. Mon propos du jour n’est pas de commenter ce qu’un référendum éclairé pourrait ou non apporter de plus à la Calédonie, ni de savoir si le projet que Gomès propose d’un « avenir en confiance aux couleurs de la France » est viable. Je pose juste en postulat définitif et péremptoire que Gomès a gagné !

Il a gagné parce que sa proposition, à laquelle on adhère ou non bien évidemment, étale douloureusement au grand jour la vacuité du discours, des positions et des postures de toutes les autres formations loyalistes. Piégés, les Frogier, Martin, Leroux, Backès et Loueckhote savent qu’il va leur falloir maintenant mouliner sec pour cacher qu’ils ne pèsent plus lourd dans le débat et ne sont irrémédiablement plus en capacité de dessiner l’avenir !

Il a gagné parce que le tout le monde ne parle plus que de son projet, alors même peut-être que les Calédoniens n’en ont compris goutte ! À croire que la force de la proposition tient davantage dans son existence même, que dans la compréhension de son contenu ! La vérité c’est qu’en conscience, les Calédoniens, qu’ils apprécient ou non Gomès, savent qu’il y a maintenant quelqu’un capable de déciller les yeux de chacun pour construire ensemble, de tracer un chemin, de fixer un horizon, et de poser sur de nouvelles bases les conditions d’un dialogue réel, sincère et apaisé. Parce que l’on ne va plus désormais que parler d’elle, la proposition Gomès s’impose comme l’alpha d’un nouveau langage politique.

Il a gagné parce qu’avec un projet politique nouveau, il prend un risque électoral, ce que se montreront toujours incapables de faire les démagogues qui nous gouvernent. Je crois qu’il faut quand même avoir ce courage-là que de reconnaître qu’il y avait effectivement un risque à rendre la parole aux Calédoniens, à les solliciter pour qu’ils construisent eux-mêmes leur avenir et de leur proposer sur les questions cruciales d’avenir et de société, un véritable choix. Surpris sans doute par l’audace, les Calédoniens viennent de comprendre, au travers de ce qu’il leur a été dit, qu’ils ont désormais la parole pour écrire un nouveau chapitre, qu’il ne sera plus possible de leur faire le coup du drapeau et qu’il faut bien autre chose pour créer un avenir au pays que les tribulations d’une inefficace et improductive coalition.

Mais au bout du compte, n’a-t-il pas gagné parce qu’une nouvelle fois, il a pris position sur un terrain délicat que par manque de courage, de hauteur de vue et de vision, les responsables loyalistes ont abandonné? Et puis certainement aussi qu’ils étaient persuadés que Gomès s’enfournerait dans je ne sais quelle théorie fumeuse crypto-indépendantiste facilement contestable, or il faut bien convenir que sa proposition n’est pas dénuée d’intelligence. Je crois en fait que c’est cela qui perturbe le plus ses adversaires.

Caton