La défense de Nouméa commence à Thio

Thio n’est pas qu’un village minier plus que centenaire. Pour toute une génération, c’est avant tout le lieu symbole des Évènements. Il traîne avec lui la trace sanglante de la violence, de la haine, du racisme… Tous ces maux épouvantables que les Accords nous ont fait oublier durant ces 25 ans.

Mais voilà, Thio et son cortège de douleurs se rappellent à notre triste souvenir ! Des inondations à répétition provoquées par l’inaction mercantile de la SLN ont suscité l’exaspération des populations du village et des tribus. Compréhensible, cette colère n’autorise pas néanmoins les débordements dangereux et violents d’une incontrôlable jeunesse.

Des tensions à Thio ? Le symbole est fort et porte en lui un message auquel nous ferions bien d’être attentifs. C’est pourquoi je dis que le lâche silence des autorités et l’ignorance coupable des médias ne tairont pas cette implacable vérité qui veut que tout peut basculer.

La faute à qui ? Montrons du doigt les responsables puisqu’on les connaît. Ce sont tous ceux qui depuis 2011 font croire à une jeunesse kanak déboussolée que l’indépendance est pour demain ! Ce sont le Parti Travailliste, l’USTKE, l’UC de Régnier, Wamytan, Lecren et Ronald Frère, mais aussi je le maintiens, Pierre Frogier et son fichu drapeau !
De Thio, Vittori et Tyuienon sont revenus décomposés et meurtris après avoir reçu en pleine face la violence de ces jeunes dont certainement, ils ne connaissaient jusqu’alors l’existence que par ouï-dire ! Cette jeunesse kanak à qui l’affaire du drapeau et les gages inconsidérés du Rump aux indépendantistes ont offert un nouveau champ d’action qu’elle a investi sans retard. Cette jeunesse bien décidée à révolutionner les codes, ceux de la coutume qu’elle ne comprend pas et à laquelle elle ne se soumet plus, et de la politique qu’elle ne conçoit plus que sur les barrages, les armes à la main, derrière le drapeau Kanaky et pour taper du blanc.

Il faut méditer Thio si l’on souhaite éviter que cette jeunesse et ses mentors en fassent un élément précurseur. Il faut vite tirer les conséquences de cette semaine de Thio et ne pas se cacher qu’il y a là peut-être les signes avant-coureurs d’un tsunami. C’est un cancer dont on ressent aussi les premiers symptômes dans ces faits-divers urbains plus nombreux et violents, qui mettent en scène des hordes de jeunes toujours impunies, se référant encore à « Kanaky 2014 ».

Le constat est glacial, mais il est véridique. Aux partis, surtout aux indépendantistes, d’y vraiment réfléchir et ne pas abandonner à certains des leurs la folie de surfer électoralement sur le désespoir de la jeunesse. Lors d’un débat célèbre le 19 mars 1980, Daniel Balavoine asséna à François Mitterrand : « La jeunesse désespère. Elle est profondément désespérée. Sachez que le désespoir est mobilisateur. Et quand il devient mobilisateur, il est dangereux ».
Cette phrase demeure chez nous d’une douloureuse actualité…

Caton