La solution institutionnelle, clé de voûte de l’avenir politique de la Nouvelle Calédonie, est aussi le seul outil à même de définir ce que veut dire le mot « calédonien » de manière durable. Sur elle repose la reconnaissance pérenne de l’identité de toutes les communautés vivant en Nouvelle Calédonie et notre avenir économique.
Malgré cela elle n’est que très peu discutée par le public. Combien d’entre nous en parlons ouvertement et largement avec nos amis ou en même en famille ? A cela, sans doute plusieurs raisons : le clivage politique traditionnel qui conduit ceux qui ont voté pour un parti à devenir moralement dépendants de ses propositions, par effet d’inertie intellectuelle, puisque ne plus y adhérer reviendrait à admettre que l’on s’est trompé, ce qui n’est facile pour aucun de nous. La complexité de la question, qui mêle des valeurs morales et humaines et des sujets politiques et juridiques. Le poids de l’histoire, qui fait ressurgir la peur des évènements lorsque la question est évoquée, par effet d’association d’idées.
Pourtant, s’il y-a un moment où cette question devrait être maîtrisée par tous les calédoniens, c’est bien celui que nous vivons aujourd’hui. Il y-a 25 ans, nous n’avions pas le choix. Deux blocs s’affrontaient, et les leaders de chaque bloc se sont naturellement imposés comme ceux qui devaient proposer et trancher. Aujourd’hui, cela n’est plus vrai. Les indépendantistes se rassemblent derrière le mot d’indépendance mais s’opposent sur ce qu’il recouvre. Les loyalistes sont divisés en plusieurs partis, chacun portant des lignes différentes qu’ils n’exposent pas toujours clairement. La situation nous impose, à nous calédoniens, de reprendre les affaires en main et de guider le politique vers nos aspirations parce que l’inverse ne peut plus se produire. Nous avons le choix des idées et des lignes, et cela nous impose de faire le travail nécessaire pour nous décider.
Heureusement pour nous, quelques développements politiques ont « simplifié » la question.
D’abord nous avons appris ce qu’était l’indépendance association, aidés en cela par la campagne législative de Calédonie Ensemble en juin 2012 et plus récemment par le jusqu’au-boutisme idéologique du Rassemblement, qui n’a plus rien à perdre et se dévoile un peu plus. Il s’agit pour un territoire d’acquérir son indépendance politique puis de choisir de se rattacher à un autre état auquel il confierait l’exercice de compétences qu’il se déclarerait incapable d’assumer seul.
Si le Rassemblement a choisi cette voie, au-delà des questions morales ou personnelles qui sont propres à la personne qui a pris cette décision en secret, c’est qu’elle est apparemment de nature à « plaire » aux indépendantistes, puisque dans un premier temps la Calédonie deviendrait indépendante. Même Calédonie Ensemble a expressément validé cette analyse lors de son dernier congrès (« L’indépendance-association, seule porte de sortie pour une solution consensuelle »). Si le Rassemblement a dissimulé ce choix, c’est précisément parce qu’il faut d’abord devenir indépendant mais aussi parce que contrairement à ce que Pierre Frogier avait pu déclarer, il n’avait obtenu aucun accord, même secret, des forces politiques indépendantistes sur la question. Cela pouvait éventuellement leur plaire en théorie, mais en fait il n’en savait rien.
Comme les leaders politiques indépendantistes le savent, mais le taisent auprès de leur base, la Calédonie ne pourra jamais assumer de nombreuses compétences sans sombrer socialement et économiquement. Ils pourraient alors, en toute dignité, choisir en tant qu’état indépendant de se rattacher à la France pour les exercer. Chacun est libre d’avoir son opinion sur le sujet, mais je pense que ce choix de rattachement a posteriori est totalement exclu. Comment assumer de choisir un rattachement à la France après avoir obtenu l’indépendance lorsqu’on dit que la colonisation « souille » son identité depuis 160 ans ? Personne ne peut assumer cela, pas même les moins regardants des politiques indépendantistes. Par ailleurs, une association est un simple contrat qu’on peut rompre si on change d’avis (ou si la Chine offre plus d’argent que la France). Elle ne fournit pas la stabilité dont nous avons besoin et ne règle pas la nature des compétences qui seraient dévolues à un pays devenu tiers. Elle est un aveu d’impuissance qui ménage maladroitement les uns et les autres au détriment du plus grand nombre.
En face, qu’avons-nous d’autre ? Jusqu’au 27 juillet dernier, nous n’avions rien. Depuis, nous avons la proposition du MPC, longuement décrite par Gaël Yanno lors du congrès fondateur de son mouvement : une fédération. Ce terme qui nous était jusque-là très peu connu décrit la situation symétrique de l’indépendance-association : des compétences partagées, la Calédonie assumant seule celles qu’elle a la capacité d’assumer, la République assumant les autres comme elle l’a toujours fait. Symétrique mais différente sur un point : elle se trouve juste de l’autre côté de la frontière invisible, celle qui délimite l’indépendance. Elle est très praticable, puisqu’utilisée par l’Australie, les Etats-Unis, le Canada, pays qui sont tous des fédérations. Elle serait juste poussée plus loin en Calédonie. Plus loin jusqu’où ? Exactement jusque-là où nous en sommes déjà aujourd’hui, puisque le travail de transfert de compétences, concession essentielle des loyalistes en faveur de la paix, a déjà été réalisé grâce à l’accord de Nouméa. La mise en place de cette solution, au-delà de la « cuisine juridique » nécessaire (à faire mener tout de même par les chefs étoilés du Conseil d’Etat plutôt que par un cuisinier du dimanche), ne changerait donc absolument rien dans notre vie quotidienne. Elle nous ouvrirait un horizon jusque-là absolument fermé : celui de l’avenir, puisqu’il ne serait plus question de bouleversement politique et institutionnel tous les 10 ou 20 ans.
Aucun parti loyaliste ne peut préférer l’indépendance association à la fédération, puisque ce faisant il franchirait la frontière invisible. Les calédoniens loyalistes le savent, ils ont exprimé cela dans leur vote aux législatives. Calédonie Ensemble le sait aussi, mais pour des raisons étranges, le parti a commis une pseudo annonce très creuse lors de son dernier congrès, parlant du nécessaire éclairage de la question mais sans fournir le moindre éclairage justement. Ce qui revient à entrer dans une pièce sombre, à dire que ce serait mieux s’il y-avait de la lumière, mais à ne pas appuyer sur l’interrupteur (le petit bouton juste à côté de la porte, à gauche en entrant). Cela reste extrêmement étonnant, parce que la petite nation dans la grande, pour un parti qui a combattu l’indépendance association, c’est le fédéralisme. Aller plus loin c’est franchir la frontière, et aller moins loin c’est déconstruire l’accord de Nouméa, ce qui n’est pas le style de la maison.
Je ne sais pas ce qui a retenu CE d’être plus dissert sur la question, je ne peux que faire des suppositions. Mais il est possible qu’il existe un courant interne à CE franchement favorable à la thématique de l’indépendance association, au motif que c’est la seule solution acceptable par les indépendantistes. Cela serait étayé par la proximité affichée de Philippe Gomès avec Paul Néaoutyne, par les déclarations de CE favorables aux transferts de compétence pourtant rendus non obligatoires par l’accord de Nouméa (le fameux article 27) et au transfert des titres miniers de la SLN aux indépendantistes. A ce stade, CE se retrouverait donc dans une situation politique impossible, avec des dissensions internes sur quel côté de la frontière choisir et une frange de son électorat à conserver (les déçus du RUMP) alors que le parti n’est plus certain de pouvoir leur offrir ce pourquoi ils ont voté en masse en juin 2012. Ce serait aussi cohérent avec la haine absolue entre PG et PF, le second ayant piqué son idée au premier mais sans avoir fait preuve du talent nécessaire pour la mener à bien.
Le seul élément qui soit tangible à ce jour, c’est qu’entre ceux qui pensent recevoir la lumière d’en haut et ceux qui hésitent à appuyer sur l’interrupteur, seul le MPC propose une solution claire qui soit en accord avec ce que souhaitent les loyalistes, des plus républicains aux plus autonomistes.
Le plafonnement des bénéfices du aux marges. Ce n’est donc pas de l’imposition mais de la non-ponction de notre Chère Vie.
Pour les hyper, ponctionnement de la marge supérieure due à leur centrale d’achat. Cette marge viendra d’une part en diminution de la marge supportée par les revenus de maison inférieurs à 300.000 F/mois. D’une autre part, servira à la continuité Territoriale des biens et des personnes.
Pour les auteurs de délits, crimes, privilège donné au remboursement par le travail des dus aux victimes. Genre, Prison Cité Dortoir. Un petit pécule leur reste acquis : 50 % s’ils ont une famille à charge. L’Etat Calédonien prenant en charge un emploi public pour l’individu.
Pour les petits délits, des TIG communaux doivent être possibles.
Nationalisation des entreprises de monopole.
Sélection d’une gamme de véhicules recommandés par l’Etat d’où pérénité, stock d’occas et neuf, prix intéressant.
Toi aussi tu prends tes sources en anglo-saxonnie ?
Ce que j’aime chez toi, c’est tes affirmations : les hommes politiques le savent… la population calédonienne le sait… donc si tout le monde sait ce que tu révèles… pourquoi le révèles-tu ?
Et puis pour appuyer sur l’interrupteur… il en faut déjà un.
Voilà de bonnes réflexions…
la frontière invisible……….. et pourquoi pas la ligne verte aussi ???…… ouais c’est çà, ben attention à pas trop la dépasser la ligne justement……… par ce que quand la porte va nous claquer dans l’dos, ben là……………………..
Et la petite nation dans la grande de Frogier et Gomès, elle est de quelle côté de la frontière invisible ?
De Lafleur, la petite nation dans la grande c’est de Lafleur, 1977…!!!
Va falloir que çà rentre dans vos têtes, et jusqu’à y a pas si longtemps, c’était une des valeurs que tu défendais en défendant le RUMP…
Oui jusqu’à ce que Gomès reprenne la théorie.
Et s’il n’avait jamais oublié cet élément majeur de la charte du RPC relayé par le RPCR puis le RUMP aujourd’hui…!!!
Oui mais il l’a reprise à son compte.
Comme il semble vouloir reprendre à son compte la solution consensuelle.
CE = Rassemblement = indépendance association
LOL
Je crois qu’à l’approche d’échéances cruciales, il serait temps que
les politiques disent la vérité aux calédoniens :
1- L’ADN est un accord de décolonisation dont le scrutin d’autodétermination est ouvert aux seuls électeurs du corps électoral gelé.
2- Il n’y aura pas de référendum parce que la métropole craint d’avoir un remake des « évênements de 1988 » avec l’épisode sanglant d’Ouvéa.
De ce fait, la seule voie possible, ce sera la solution consensuelle et pour cela, il faut que les loyalistes et les indépendantistes se mettent d’accord sur un projet de décolonisation.
“il faut que les loyalistes et les indépendantistes se mettent d’accord sur un projet de décolonisation.”
JAMAIS !!! (un coup du dis blanc, un coup tu dis noir…)
Il va enfin falloir avoir des c— au c… !
Une majorite silencieuse veut rester 100% Francaise, alors, comme dans toute democratie, nous voterons et les perdants devront la fermer leurs g… Il faudra des moyens pour assurer la paix civile mais ne reculons pas, n’ayons pas les ‘chocottes’, c’est notre avenir qui est en jeu et pas de retour en arriere possible, cette fois…
Oui, pour Mayotte, je t’ai déjà fait un petit briefing… t’as déjà oublié ?
Si tu laisses entendre que les Maorais ont voté leur départementalisation par amour pour la France, c’est que tu dois aimer te mentir à toi-même.
RMI…RMI…RMI…
Oui, nous nous sommes longtemps entretenus sur le cas de Mayotte… Maintenant, en ce qui nous concerne, il s’agira d’un ‘echange’ dont beneficieront mutuellement les deux parties, la France et nous-memes…
Au référendum de 1986, on a tous voté pour rester français et un nouveau statut prévoyait de sceller notre avenir dans la France. Et puis, il y a eu les “évènements” qui se sont terminés par le massacre d’Ouvéa!
Vous croyez vraiment que la métropole tient à organiser un référendum qui risque de se terminer comme en 1986!
L’histoire ne vous a rien appris!
Pisani, arrive en NC en 1985 prevoyait une independance-association (assortie de droit pour les non-kanaks), puis il y a eu le massacre de Hienghene (10 kanaks assassines don’t 2 de la famille Tjibaou) et Machoro tu connais ce nom? Desole de te decevoir, j’etais la, je crois que les raisons du bordel etaient tout autre…
Pourtant l’Etat vient de rappeler qu’il organiserait le référendum en 2018 comme c’est prévu dans l’ADN
référendum 1987 Gil, … 13 septembre… ou 23 je sais plus.
Qui est l’idiot qui m’a mis un vote négatif pour avoir rectifié une date ?
il veut parier sur la justesse de la date ?
Bravo pour cette analyse extrêmement lucide de Magellan.
Seule la conclusion pêche, en effet la solution qui plairait à tous les loyalistes (Fédération) devrait être avalisée par le partenaire indépendantiste afin d’avoir une chance de naître.
Or tout le monde sait pertinemment que cette solution (Intégration totale dans un état fédéral) serait automatiquement rejetée par les indépendantistes et n’a donc aucune chance d’aboutir.
La seule solution consensuelle viable, c’est la libre association, il n’y en a pas d’autre et les loyalistes seront obligés de faire cette concession s’ils veulent obtenir cette solution consensuelle, Gomès et Frogier le savent bien, comme Yanno.
Si Riigoberto, roi de la prévision avéré lors des derniers scrutins, nous dit que “cette solution (Intégration totale dans un état fédéral) serait automatiquement rejetée par les indépendantistes et n’a donc aucune chance d’aboutir”, il est raisonnable de croire que cette solution a une vraie chance d’aboutir. Et que donc c’est la seule solution vraiment viable, à discuter avec les indépendantistes, dans toutes ces discussions que prônent l’Etat et nos différents partis. Et si l’éclairage, c’était ça ?
On n’en veut pas de ton association! Tu vas pas nous l’imposer pour faire plaisir à l’UC et LKU. Toi tu as abandonné tes convictions par facilité, c’est pour ça que le MPC à été créé et qu’il rencontre un succès.
Rigo, une libre association suit la même logique, càd au bon vouloir de indépendantistes. Et actuellement, il semblerait que les indépendantistes parlent de s’associer avec la Chine, pour le nickel du moins.
Alors va te faire voir avec tes solutions associatifs et sensuelles à la con.
Pardon Floyd, j’aurais du dire : “Vive la libre association éclairée de la petite dans la grande”.
Je suis bien d’accord avec toi, Floyd. Le fait de parler de loyaliste est une facilité qui cache en fait un vrai problème de logique. Le souci, c’est que non-indépendantiste, en dehors d’être long et difficile à prononcer, c’est se décrire en confrontation avec les indépendantistes et ça ne me plaît pas du tout, presque aussi peu que d’être considéré comme une victime de l’histoire. Il y-a donc mieux à trouver comme terme mais je sèche. Peut-être faut-il assumer pleinement le terme “autonomiste”, mais alors plutôt après les élections 🙂
Les républicains?
+1
oui
Le terme utilisable est “Partisans” et nous savons de quoi il s’agit…. Commencons a l’utiliser pour nous familiariser avec ce joli synonyme de ‘loyalistes’…
Mieux encore serait d’etre partisan de la regionalisation, ou a defaut, de la non-independance…