DIVERGENCES ET CONVERGENCES ou LEONARD SAM’ PLAIT !!!

31
2237

divergence

Dans les partis politiques calédoniens, il y a ceux qui défendent les patrons, les grandes enseignes, les monopoles parce que les leaders y ont leurs intérêts et il y a ceux qui les combattent. Il y a ceux qui sont contre la loi antitrust qui va pénaliser les grosses compagnies et sociétés et il y a ceux qui sont pour car c’est un des outils pour lutter contre la vie chère. Il y a ceux qui réhabilitent l’habitat spontané et qui disent que les océaniens s’y plaisent et il y a ceux qui sont pour la disparition de cet habitat « indigne », qualificatif que les premiers attribuent aux logements sociaux. Il y a ceux qui pensent qu’on pourra construire mille, deux mille logements supplémentaires, voire davantage, le problème des squats demeurera toujours et il y a ceux qui pensent que c’est justement le manque de logements qui est à l’origine de la prolifération des squats. Il y a ceux qui disent une chose avant les élections et qui font le contraire après et il y a ceux qui disent et font la même chose avant et après les élections. Il y ceux qui changent de cap au gré du vent et il y a ceux qui gardent le même cap contre vents et marées. Il y a ceux qui font des alliances pour des postes et il y a ceux qui comptent uniquement sur le bon sens et la capacité à discerner des électeurs. Concernant l’avenir institutionnel du pays il y a ceux qui avancent à tâtons et qui s’en contentent et il y a ceux qui préconisent d’éclairer le chemin. Et la liste des divergences n’est pas exhaustive…

LÉONARD SAM
*****************************

1) Notre ligne politique c’est la justice sociale, une société plus juste, une juste répartition des richesses, le souci et le soutien des plus petits et des plus fragiles, le respect de l’expression et de liberté du peuple, la tolérance des différences, l’ouverture à tous et le progressisme laïque social et sociétal.

La leur c’est la collaboration avec les plus riches et les monopoles, c’est la soumission du politique à la finance, c’est le choix de l’indépendance et de la déréglementation qui décuplera les bénéfices et assurera l’impunité des amis capitalistes, qui réduira à trois fois rien leurs impôts ainsi que les couvertures, les charges et les règles sociales, comme dans les pays du Fer de Lance et dans la plupart des pays du Pacifique, qui n’est en fait qu’un tiers-monde océanien, c’est la manipulation, l’intimidation et l’exploitation du peuple, c’est l’intolérance et l’exclusion des minorités, des différences, des « pas d’ici », c’est la dictature et le culte de la pensée unique du Chef.

2) Notre ligne politique c’est l’autonomie de l’archipel au sein de la République française, dans le respect de l’esprit, de la lettre et du timing des Accords, mais en offrant au peuple et à son intelligence la possibilité de se prononcer sur une présentation détaillée de l’indépendance ou sur la solution élaborée de l’autonomie lors d’un référendum responsable et éclairée. C’est la formation d’officiers supérieurs calédoniens, de juges calédoniens, de diplomates calédoniens, capables d’exercer les compétences régaliennes sans que pour autant ces compétences régaliennes soient transférées à la Nouvelle-Calédonie, même si sur certains points, ces compétences peuvent parfois être partagées, c’est l’autonomie et l’indépendance de notre parti, de notre pensée et de nos choix politiques à l’égard des partis et des leaders de métropole.

La leur c’est l’incohérence fébrile, les embardées idéologiques et les écarts hystériques entre la violence irréfléchie d’une « purge de l’indépendance » et autres « rempart contre l’indépendance » et l’adoption brutale et autoritaire du drapeau du parti indépendantiste comme drapeau du pays, en passant par la préférence des partis radicaux et sécessionnistes aux mouvements loyalistes concurrents, par le mépris du peuple qui ne comprend jamais rien, par le mépris des syndicats et des consommateurs, par le choix de l’indépendance des Îles Cook et le choix d’un statut et d’une constitution déjà concoctée par des juristes inféodés et payés.

3) Notre ligne politique c’est l’humanisme et la reconnaissance des valeurs universelles qui transcendent les différences culturelles, dépassent les nombrilismes identitaires et priment sur les clivages communautaires : l’individu, la personne, la liberté, le choix, l’engagement, la tolérance. C’est le respect de l’homme comme de la femme et de l’enfant, dans la plus stricte égalité, ainsi que de leurs choix personnels de vie privée. C’est la reconnaissance et le respect des multiples racines mais aussi la reconnaissance de leur convergence progressive vers le tronc commun par lequel l’horizontalité terrienne se transfigure et s’érige en verticalité vers le ciel.

La leur c’est le conservatisme et la pérennisation des cloisonnements hérités du passé. C’est l’exploitation des égocentrismes communautaires et des lobbies égoïstes. C’est la négation de la personne au nom d’un clan, d’un groupe, d’un parti. C’est la négation de la liberté et de la révolte au nom de disciplines collectives, de soumissions aux traditions, de cultes de chefs. C’est l’entretien des particularismes, des divisions et des antagonismes, pour mieux contrôler une population.

4) Notre ligne politique c’est la prise en compte de toute la Nouvelle-Calédonie dans son ensemble, dans sa géographie, dans son histoire, dans sa population, dans son économie, dans son idéologie, aussi étendues, diversifiées, complexes et apparemment contradictoires soient cette géographie, cette histoire, cette population, cette économie et cette idéologie. C’est l’ouverture à l’autre, la compréhension des autres, sans apriori, sans préjugés, sans ressentiment, sans jalousie, sans rejet, sans exclusion. Rien de ce qui est calédonien ne doit nous être étranger, non partagé, que ce soit l’humiliation et la révolte kanak, la déchéance et la souffrance des déportés, l’exploitation condescendante des travailleurs importés, l’engagement des exilés volontaires, la revanche des humiliés et des déchus, la réussite des exploités et des exilés, cette viscérale volonté d’indépendance, cette fringale festive du Sud, ce beau succès industriel du Nord, cette l’individualisme hédoniste effréné et périlleux mais aussi cette enveloppe protectrice, utérine, tiède du clan et de la tradition. La possibilité d’un partage si exemplaire que chaque humain pourrait dire « Ich bin ein Calédiner ».

La leur c’est le tri et le repli sur quelques régions, quelques territoires, sur quelques secteurs, sur quelques aspects, sur quelques attributs, sur quelques prérogatives, c’est l’abandon et le sacrifice du reste, de ce qu’ils méprisent, de ce qui est moins intéressant, moins juteux. Ce sont des sélections, des choix arbitraires, des impasses. Ce sont des classements entre ceux d’ici, ceux moins d’ici, ceux pas d’ici, entre les femmes et les hommes, les riches et les pauvres, les puissants et les humbles. C’est la fermeture et l’enfermement, des propriétés à jamais privées, des domaines à jamais réservés, des chasses à jamais gardées, des rôles à jamais distribués, des situations à jamais figées, des signataires à jamais historiques.

JEFFREY TARDY

[poll id= »12″]