L’agitation grandit chaque jour à mesure que les échéances approchent. Chaque camp affute ses armes, que l’on espère verbales, afin de croiser le fer à partir de 2014. Les oriflammes et les étendards se dressent fièrement et se parent de leurs plus beaux slogans : Démocratie, Droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, souveraineté, citoyens calédoniens, de Kanaky-Calédonie ou tout simplement citoyens français.
Quels beaux préparatifs et quel beau spectacle. Cela fait chaud au coeur de voir ces mouvements de troupes qui s’amassent pour la plus grande partie de dupes que la Nouvelle-Calédonie n’ait jamais connue. Car finalement, c’est bien un remake de “petits arrangements entre amis” que l’on va jouer bientôt. Et oui, le hold-up du siècle, avec comme victime principale le peuple calédonien.
L’enjeu doit être de taille car les préparatifs de cette « comedia del Arte » sont visibles à tous les niveaux :
– Les ultras indépendantistes :
Ils revendiquent une kanaky qui se voudrait bien mono ethnique mais qui n’ose pas l’avouer publiquement. Ils s’arrogent le droit de parler au nom de tous les mélanésiens ou plutôt, veuillez excuser cet écart de langage, au nom de tous les Kanaks. Pourtant, il semblerait bien qu’une partie des mélanésiens ne soient pas d’accords avec leur vision.
Mais qu’à cela ne tienne, seul le but ultime compte. Leur crédo est simple : « Nous serons libres, nous sommes légitimes, nous décidons ». Nous pouvons cependant légitimement nous interroger sur leur crédo : Ne sont-ils pas aveuglés par un idéal politique a piori louable – le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, qui les conduit à occulter les principes fondamentaux de fonctionnement d’un pays (économie, santé, social …). Dès lors, leur projet peut apparaître comme vide de contenu et provoquer naturellement des rejets.
Pour eux, le dogme serait limpide : L’Accord de Nouméa conduit inévitablement à Kanaky, c’est écrit, qu’il en soit ainsi et qu’importe ce que pensent les autres, fussent-ils majoritaires. Dès lors, une question impertinente nous brûle les lèvres : « Comment nous expliqueriez-vous le mot démocratie si vous deviez nous instruire? »
– Les indépendantistes Kanada-dry : (avec un K, pour le politiquement correct),
Ils sont rejoints plus ou moins ouvertement par une frange non indépendantiste qui verrait finalement d’un bon oeil l’exercice de compétences dignes d’un Etat. Cela leur permettait également de mettre un coup « de pied au cul » aux empêcheurs de tourner en rond, ceux qui pensent différemment.
Au nom du consensus de la consensuelle ou de la fraterno calédonienne, ils nous emmènent gentiment mais sûrement vers un pays où ils seront les vrais décideurs, les sachant avec, en vitrine, l’étendard du consensus pour amuser la galerie.
On retrouve ici l’indépendance association, la libre association, la vraie fausse indépendance et, plus récemment, la constituante.
Notez que les justifications avancées à ce niveau sont subtiles : il pourrait y avoir des troubles, il faut trouver une solution … Ah oui, c’est un peu comme demander à un malade s’il veut la santé. Si vous en trouvez qui répondent non, faites moi signe.
Le plus troublant à ce niveau c’est que leurs arguments évoluent également vers un déni de démocratie : “il ne faut pas que le résultat du référendum s’impose à une partie de la population”, “la résolution 154 signifie automatiquement un glissement vers l’indépendance”.
On joue à demi-mots sur la peur de l’autre, le risque de dérapage, tout cela étant parfaitement relayé par une minorité de jeunes déboussolés et manipulés dont les frasques savamment étalées donnent du crédit à leur argumentaire politique.
Grosso modo, entre le consensus et l’inconnu instable, fait ton choix camarade. Notez qu’en Algérie, ils ont eu le droit à peut près la même chose : « voulez-vous la paix ? Et si la paix passe par l’indépendance voulez-vous l’indépendance ». Je laisse à l’histoire le soin de détailler ce qui s’est passé ensuite.
Pour compliquer encore le jeu qui se met en place, il faut ajouter le lancement du DALLAS Calédonien avec une lutte fratricide entre les deux frères ennemis que sont Philippe Gomès et Pierre Frogier. « Deputy vs the Senator », c’est presque le titre d’une série B. Au passage, je laisse au lecteur le choix d’affecter les rôles entre Bobby et JR. Il y aura bien entendu un gros lot à gagner pour celui qui trouve qui est Pamela et qui se cache derrière Sue Elen.
Blagues à part, le renvoi de balles actuel et les liaisons plus ou moins sulfureuses avec les différentes composantes indépendantistes laissent pantois. J’espère au moins qu’ils n’imaginent pas une seule seconde qu’ils auront le dernier mot dans leur stratégie d’alliances et de contre alliances. Ils ont vraiment la mémoire courte nos deux frères ennemis : Pierre Frogier s’est copieusement fait avoir par le PALIKA avant 2004 et Philippe Gomès a également vu les limites de son rapprochement avec l’UC. Peut-être ont-ils pensé qu’en échangeant leurs partenaires cela se passerait mieux. Va savoir …
Ne me faites cependant pas dire ce que je n’ai pas dit. Il est essentiel de discuter avec les partenaires indépendantistes mais pas au travers d’alliances éphémères ou de petits arrangement qui, au final, nous conduisent dans un mur.
Quoi qu’il en soit, le « c’est pas ma faute, c’est l’autre », « il veut ma mort », « oh le traitre, il veut me voler mon sac de billes et me piquer mon poste» nous renvoie l’image de gamins immatures qui ne pensent qu’à leur place sur le podium. S’ils avaient eu un peu plus de finesse politique, ils auraient pu tirer le parti d’un désistement au profit de l’autre qui aurait redoré leur blason. Mais non, surs de leur fait, ils pavanent tels deux coqs qui chantent sur un tas de fumier.
Bon, ben avec tout cela, on fait quoi ? Je ne sais pas si vous avez remarqué mais il manque quelqu’un dans tout ce beau spectacle. Allons, vous ne voyez pas ? Ben les « nous z’autres » tout simplement.
Individuellement, nous ne sommes pas grands chose, c’est vrai. On nous traite parfois de manière dédaigneuse quand l’un d’entre nous esquisse une question ou émet une proposition. Mais en nous regroupant nous pouvons faire entendre notre voix. Nous ne sommes pas qu’un simple bulletin dans une urne et nous avons aussi la capacité à infléchir le cour de l’histoire … A moins que certains aient déjà décidé de se passer de notre avis et nous préparent de sombres lendemains.
La situation actuelle est quasiment inextricable d’un point de vue politique. Mais que que l’on soit pour ou contre l’INDEPENDANCE est une question de convictions profondes qui rend difficile la recherche d’un consensus tant que l’on n’a pas d’autres choses à partager. Cela peut même créer des situations de rejet.
Or, aujourd’hui, sincèrement, qu’avons nous à partager ? A quand remonte la dernière fois où vous avez été fiers de l’autre, de ce qu’il fait au quotidien ? Mis à part les divisions et l’impossible grand écart entre indépendance et autonomie au sein de la république, que voit-on dans les médias ?
Alors posons nous les bonnes questions. Avons nous vraiment la maturité pour exercer des compétences Etatiques ? Ne sommes nous pas comme des adolescents qui veulent leur autonomie, voire leur indépendance, tout en sollicitant leurs parents quand ils font un caprice ou lorsqu’ils ont une querelle avec leur frère ou leur cousin ?
Et si on laissait tout cela de côté ?Commençons d’abord par construire une SOCIETE CALEDONIENNE qui soit autre chose qu’un mille feuille communautaire et dans lequel chacun a sa place.
Le reste se décidera naturellement (dans un sens ou dans l’autre). Cette société est pour moi PLURIETHNIQUE, une société où chacun a les mêmes droits et les mêmes devoirs. Et si cela fait un peu trop ‘liberté, égalité, fraternité’ et bien tant pis, j’assume. Les droits de l’homme et du citoyen ne sont pas un idéal ou un concept abstrait. C’est l’ADN (Accord De Nouméa ?) de tout démocrate et de tout républicain.
Alors, Peuple calédonien, réveille toi et sort aussi tes étendards. Ta voix compte, les solutions ne sont pas écrites ni décidées par avance. Si tu n’es pas d’accord avec ce qui se passe actuellement fait le savoir et exprime le haut et fort. Envoie un message clair : « nous ne voulons pas de cette impasse dans laquelle vous êtes en train de nous enfermer».
Nous avons la chance de vivre dans une démocratie forte, un pays qui permet l’expression de toutes les sensibilités, minoritaires ou majoritaires, dans le RESPECT des uns et des autres.
Usez et abusez de ce droit inaliénable si vous ne voulez pas un jour vous réveiller avec une gueule de bois et des vautours qui viendront se repaître de nos richesses en contrepartie d’une ou deux valises de billets versée aux potentats locaux.
La Nouvelle-Calédonie, ce beau pays, vous le rendra au centuple … et vos enfants aussi.
Rien de nouveau, que du réchauffé à la vieille sauce !
Tu as raison mbret, nous ne sommes pas des moutons… nous sommes des moutons martyrisés.
“pourquoi un Médipole à Nouméa ?”
A votre avis, Laurent ?
Inforétif, bonjour,
Dis-moi, répondre à une question en me la retournant, c’est un peu fainéant comme démonstration, non ?
Tu vas me dire qu’il y a 100.000 personnes à Nouméa, et donc que c’est mieux que le Médipole soit là plutôt que près des 150.000 restants avec peut-être une chance qu’il soit plus proche que Nouméa et le CHT.
Tu vas me dire que le CHT est full : normal, il travaille pour 250.000 personnes. Si on ne lui laissait que 100.000 peut-être cela serait-il plus fluide.
Et tu vas me dire ?
CE qui est encore plus daté, c’est le serment d’Hippocrate, que tous, toutes ont lu, mais que je conseille a beaucoup de mes confreres, de mes consoeurs de relire…
Oui, et en particulier cet article-ci du serment de L’Ordre français des médecins (de 1996):
“Je donnerai mes soins à l’indigent et à quiconque me le demandera. Je ne me laisserai pas influencer par la soif du gain ou la recherche de la gloire.”
Et bien, c’est sur en ce qui concerne son fonctionnement…
Lorsque je vois qu’une journée d’hospitalisation coûte 45.000 F par jour… Monsieur Calcyt, êtes-vous versé aussi dans le coût hospitalier ? Parce qu’un jour j’ai fais le calcul sur le nb de personnel et le coût d’amortissement du matériel et des murs… et franchement à 45.000 F (minimum), je trouvais qu’ils s’en sortaient bien… Mais justement aussi, c’est qui ces, “ils”, logiquement la Nouvelle-Calédonie ?
Moi, ce que j’ai trouvé pudique, c’est “la couverture sociale appropriée”… Pourquoi la Cafat ou le Ruamm ne suffisent pas ?
Ouh là ! Pas très clair, me semble-t-il. Pour ce qui est du financement des hôpitaux par le biais de la DGF ( 20 milliards donc environ par an dont 70% par la CAFAT), des différentes branches de la CAFAT, RUAMM notamment, je vous suggère de jeter un oeil sur l’ouvrage ” Tableaux de l’économie Calédonienne “, publié par l’ISEE… Vous y trouverez tous les renseignements utiles. 🙂
Cela aurait été plus clair si vous m’aviez expliqué ce que vous vouliez dire par 20 Mld pour coût de fonctionnement.
Et Faites-moi rire… pourquoi cela ne m’étonnes pas qu’il y ait des surcoûts ?
Donc en fait, pour la couverture sociale approprié, la carte B suffirait à être hospitalisé dans cette clinique alors ?
Alors moi, ce qui me ferait rigoler, c’est si les coûts des chambres est le même… et comme la CAFAT doit être plafonné en montant de remboursement… je pense qu’il faut plus un portefeuille ou une très bonne couverture sociale approprié…
Quoi que je déconseille sérieusement à cette Clinique privée d’aller se mettre à Nouville pour le bien-être de ses patients.
Les aides médicales sont financées par les Provinces… Même suggestion que mon post précédent. 🙂
Et alors ? Qu’elles soient financées par les provinces… cela veut juste dire que la Province Nord et les Iles prennent plus en compte leurs administrés car ils n’ont pas à payer les 10 % de participation aux soins.
Donc bravo les provinces Nord et Iles.
Non, je me moquais juste de ta “pudicité” par rapport aux avantages que procurent l’argent.
“Et oui, ceux qui avaient le pouvoir à l’époque étaient plutôt du genre… esclavagistes.”
Oui mais on est en 2013 et il faut juste évaluer si l’indépendance va encore améliorer les conditions sociales et de “liberté-égalité-fraternité-sécurité-démocratie” existant AUJOURD’HUI, ou juste les maintenir ou enfin les dégrader. Dans le 3° cas vaudrait mieux le statu quo, non ?
Franchement, Inforétif, excuse-moi pour l’entrée en matière : ce que tu m’expliquais, c’est que ..
Et pour les prévisions à 200.000 à Nouméa en 2020, soit dans 7 ans, veux-tu dire que les calédoniens de Nouméa vont faire 50.000 enfants dans les 7 ans qui viennent ?
Côté exode rurale, les gens vont plutôt se rapprocher de Koné maintenant…
Et si tu veux dire “importation de zors”, je dirais alors, heureusement qu’il y a quelqu’un qui a pensé au gel électoral.
“Côté exode rurale, les gens vont plutôt se rapprocher de Koné maintenant…”
de Koné oui, mais toujours et encore plus de Nouméa (d’autant que les squats avec voirie et approvisionnés en eau et électricité, ça se rapproche des conditions de vie en tribu).
Mieux que la tribu et moins cher que la ville mais … en ville … fin valab’ non…? Et à tes frais en plus ! Il est pas beau le ” gang océanien style ” ?
tu vois, Inforétif, avoir une petite baraque avec un petit terrain, l’eau, l’électricité, c’est franchement le summum. On n’a pas ça dans les cages à poules de la SIC que l’on doit payer tous les mois de surcroît et sans pouvoir capitaliser cet argent. Moi, je donnerais bien les 57.000 F de mon F1 pour une petite place comme ça.
Je sais qu’il y en a qui préfèrent les pavés de la Baie D et de l’Anse mais moi un petit trottoir en herbe, c’est parfait.
Rétrograde ? Non, simple.
Quel est l’intérêt de ce texte ? Je me le demande. Il peut se résumer en trois phrases :
1) Les indépendantistes sont indépendantistes, et c’est pas bien.
2) Frogier et Gomès c’est du pareil au même.
3) Le peuple doit décider.
Tartes à la crème, portes ouvertes enfoncées, lapalissades, truismes…
En fait, sous ce gros chou à la crème rance et bon marché, dégoulinant de faux bons sentiments, la récurrente rengaine antiparlementaire des ringards frustrés.
Sors de ce carcan Jeffrey, libères toi, ne te contentes pas de ce que tu as appris, ouvres ta fenêtre il y a encore tant de choses à apprendre et même de belles choses, fais preuve d’ouverture d’esprit que diable.
C’est déjà fait mon petit Bréte : je suis sorti du Rump ! 🙂
Je te comprends Jeffrey, mais je ne compare pas les voix en tant que tel. Si CE ou le RUMP s’était désisté, ils en auraient retiré un large bénéfice …
Et pour le reste, en tant que calédonien et citoyen, je ne veux pas que l’on s’arrange la cravate dans mon dos.
Mon nom est Jean Aymare. Et oui, ce texte engagé n’engage que moi et c’est déjà bien. Le texte ne dit par ailleurs pas que les usines n’appartiennent plus aux multinationales. Il regrette simplement la notion de pensée unique qui nous amène inexorablement vers une impasse.
Conquistadore moderne, payés avec l’exploitation des conquis. Quand ils en seront à se bouffer entre eux ça va faire mal.
Alors, cette image ?
Désolé, j’arrive pas à poster. Suivez le lien
http://zupimages.net/viewer.php?id=3/880191278.jpg
Quoi çà, une autre révolution place Tarir bis ?
Commence ta révolution en descendant le premier dans la rue mais je crains fort que tu ne soit vachement esseulé copain.
Il ne s’agit pas de révolution mais d’expression populaire et démocratique. La nuance est quand même importante. Personnellement, je préfère être maître de mon avenir plutôt que de laisser d’autres le négocier sans concertation.
Nous ne sommes que de simples citoyens mais nous avons autant le droit au chapitre que les sachant et autres responsables politiques. Comme nous n’avons pas de velléités de pouvoir, nos réflexions sont tout simplement pragmatiques et nous pensons avant tout à nos familles et nos enfants avant de dire ou faire n’importe quoi
Vous parlez de révolution là ou je vous parle d’expression. Il y a un monde entre les deux. Si déjà les gens faisaient un peu plus entendre leur voix, cela se passerait différemment je pense.
Quand au peuple, il a élu des gens sur un programme. Aujourd’hui, il doit se prononcer sur son avenir. Ce qui n’est pas tout à fait la même chose. Et puis, il n’a plus que quelques mois à attendre pour s’exprimer, donc c’est le moment …