Religion et politique ont toujours entretenu des liaisons dangereuses. Guerres, massacres, dictatures, censures sont inévitablement à la clé d’un tel mariage contre nature. La France a mis trois siècles pour gagner la laïcité et pour se libérer des chapes de plomb de l’hypocrisie et des morales superficielles, insincères et opportunistes de la religion d’état. Quelle mouche a piqué Faberon de nous resservir le couvert et les plats périmés de ces temps obscurs ?! Son étrange colloque sur « religion et société » injurie la religion et à la société, essayant de nous refourguer Dieu dans un monde libre et laïque qui a délivré la cité et la politique du fanatisme et des intolérances et qui a replacé le sacré à sa juste place dans le cœur de chacun. Pourquoi organiser ce séminaire et ces pince-fesses où évêques, généraux, pasteurs et élus se congratulent et se gobergent ? Pour que l’Église évangélique, les églises, décident pour nous, à la place des citoyens, à la place des électeurs, à la place de la démocratie, de nommer notre pays “Kanaky-Nouvelle-Calédonie” ?! Belle avancée ! Pour que Frogier et Wamytan retournent se ridiculiser devant le Pape ? Pour qu’ils caricaturent et ridiculisent à nouveau notre pays ? Quelle honte !
Religion et politique
Le religion et la question du sacré, de Dieu, de l’Homme, de la vie, de la mort sont du domaine du personnel, de l’intime, du profond, du mystérieux, de l’absolu, de l’infini, du tragique, du magnifique. C’est une insulte à la religion, qu’on croie ou qu’on ne croie pas, de la mêler à la politique, de la mettre au service de la politique et du pouvoir. La politique et la démocratie sont de l’ordre du collectif, du rationnel, de l’objectif, du relatif, de “l’autre”. C’est une insulte à la démocratie de la mêler au religieux et de mettre la politique au service de la religion. La recherche de bénédiction de la stratégie politique UC-RUMP par le Pape fut grotesque et insupportable. La dénomination “Église évangélique de Kanaky-Nouvelle-Calédonie” alors que le terme “Kanaky” n’est qu’un slogan politique, et qui plus est un slogan d’exclusion, est encore plus odieuse, prémices évident d’une possible “religion d’état”.
Art et politique
Art et politique ont eu également des relations malsaines et déplacées, surtout au cours du siècle passé, les artistes mettant souvent leur art au service du politique et le soumettant même aux pires dictatures. L’art comme le sacré ne sauraient être réduits au rôle utilitaire d’illustration et de faire valoir du pouvoir ou d’une quelconque idéologie. Par le biais des subventions, des commandes, des distinctions honorifiques et des cooptations gratifiantes, l’art s’est aussi mis aux ordres du politique en Nouvelle-Calédonie. Et plus particulièrement la littérature, en raison de la forme explicite de son expression. Une “littérature d’état” et un “art d’état” sont apparus, bien qu’assez tardivement, en Nouvelle-Calédonie, peu après les “événements”, et comme pour la religion, à partir des années 80 et 90, l’art a été pénétré et imprégné par l’idéologie, les personnalités et les faits politiques. Le “destin commun”, leitmotiv politique des Accords, se devait et se doit encore d’être omniprésent dans toutes les productions artistiques. Les œuvres trop “européennes” ou trop éloignées de cette thématique ne reçoivent pas, en quelque sorte, l’imprimatur, leurs auteurs étant poliment ignorés et discrètement rejetés du cercle des heureux bénéficiaires d’invitations à des salons littéraires, à des colloques, à des débats sur les ondes, à des expositions, à des voyages à Ouessant. Adieu billets d’avions, hôtels et restaurants pour les impudents insoumis n’ayant pas fait allégeance à la ligne politique artistique toutes les deux pages ou toutes les trois vignettes de BD. Un art partisan, un art politique, même un art engagé de rébellion, à fortiori un art engagé d’approbation, est évidemment une insulte à l’art. Ces foires à « l’écriture d’état », pour un art bien pensant et moralisant, donneur de leçons de société pour plateaux de télé, ces réunions instituées et subventionnées, sont une insulte à l’art. Répétitif, sclérosé, convenu, attendu, lassant, agaçant, mécanique, ridicule, froid, mou, fané… cet art est l’antithèse de la beauté, toujours libre, imprévue, insolente, inouïe, comme le surgissement d’une fleur. Une politique d’image et de com, aux contours “prédécoupés à détacher selon les pointillés”, en forme d’images d’Épinal ou de cartes postales sépia patriotiques est crûment une insulte au citoyen, à son intelligence démocratique et à la liberté de ses choix républicains.
Tu m’as ramené quoi de Fukushima ?!
Les limites de cette bien-pensance artistique et intellectuelle ont été atteintes lors du dernier Salon International du Livre Océanien. L’anecdote n’est certes pas tragique mais elle est cependant révélatrice de l’irresponsabilité que peut engendrer un art obéissant et conformiste. Apparemment les trois écrivains invités d’honneur japonais du SILO 2013 ont peu apprécié l’humour de la clownanalyse des Bataclowns chargés, moyennant voyage et finances, de tourner en dérision, après coup, les ateliers et discussions des participants du SILO. Après avoir écouté des échanges en atelier avec la participation des Japonais, les Bataclowns n’ont rien trouvé de mieux que d’imaginer la saynète suivante :
Un voyageur ayant fait du tourisme au Japon ramène un étrange souvenir à son copain :
– Tu m’as ramené quoi de Fukushima ?!
– Ça !!!
Et l’autre de sortir un crane de son sac de voyage…
Colossale finesse !… La chute du sketch ne fut pas du goût des trois ressortissants nippons, et on peut les comprendre, l’incident diplomatique a été frôlé, ambiance plombée, même si l’une des organisatrices, très allumée comme à son habitude, a trouvé cet humour “libre et décapant” ou quelque chose comme ça… Dur dur la littérature… Omerta sur l’incident, no comment général, expression verrouillée : bien pour un Salon de l’Écriture ! Que des intellectuels et artistes soient à ce point étrangers aux règles de l’hospitalité et au respect des souffrances engendrées par un tel drame laisse pantois. Pourtant les tics, les manies caricaturales, le nombrilisme, la fréquente autosatisfaction du milieu, l’entre-soi, la petite bulle pour happy few etc… fournissaient amplement matière à de sains jeux d’autodérision si l’on voulait vraiment donner dans le genre et faire de l’hygiénique clownanalyse, non ? Un tel humour sur les victimes de Maré ou d’Ouvéa aurait-il pu germer dans l’imagination de ces amuseurs ? Nos artistes ont beau ponctuer leurs textes d’ « Avenir Partagé » et “d’Identité” toutes les trois phrases, sous peine de ne pas obtenir l’agrément « écrivains calédoniens », il ne semble pas que nos invités japonais aient eu droit au même traitement, au même partage et à la même reconnaissance identitaire. L’humanisme et le respect du destin commun, tout religieux et artistique soient-ils, ne seraient-ils pas universels et seraient-ils limités à la barrière de récifs ? Est-ce ainsi que les artistes vivent ? / Et leurs baisers au loin les suivent ? / ou pas ?…
Art, religion et politique, la totale
Mais le mélange des genres ne s’arrête pas là en Nouvelle-Calédonie ! Si les religions d’état et les artistes complaisants envers le pouvoir politique ne sont pas rares à travers les différents pays de la planète, notre archipel a accompli le tour de force de mêler étroitement art, religion et politique, les trois à la fois, dans un étrange retour vers la soupe sociale première de l’humanité initiale, où les peintures des chasseurs de Lascaux, à la fois conjuraient le mauvais sort, s’appropriaient magiquement la puissance et déterminaient des hiérarchies, où les masques, les formules, les atours et les sculptures conféraient à la fois l’esthétique, le mana, la magie et le pouvoir social. En effet, les “événements” et surtout “Ouvéa” ainsi que la suite rédemptrice de “la poignée de main” et des “Accords” ont pris figure de faits sacrés et leurs anniversaires se succèdent désormais selon un calendrier quasi liturgique qui se doit d’être commémoré religieusement par les artistes, les photographes, les réalisateurs, les cinéastes, les pasteurs, les politiques, les organisateurs d’événementiel en tous genres. L’immense toile étalée sur l’Hôtel de la Province Sud représentant Tjibaou et Lafleur pour les 25 ans de leur poignée de mains témoigne de ce culte et de la puissance conférée à ceux qui le célèbrent.
Un destin vraiment commun
Art et religion ne sont pas les lieux d’un destin commun politique mais bien au contraire ceux d’une aventure solitaire, intérieure et libératrice. Une religion d’état ou même un athéisme d’état n’ont pas lieu d’être et sont aux antipodes du libre engagement individuel religieux, athée ou agnostique, ce n’est que de l’asservissement. Un art d’état, de propagande et partisan est l’opposé de l’art et du beau, ce n’est que de la laideur. Un système où le politique noyaute à la fois l’art et le religieux est un système totalitaire. Il est pourtant des lieux où le partage, l’échange, la solidarité collective, la démocratie partagée, la politique orchestrée et le destin commun ont toute leur place : c’est la cité, le travail, l’école et l’hôpital, un destin vraiment commun celui-là, cet hôpital où, face aux souffrances, aux chagrins, aux peurs et aux angoisses, le destin commun n’est pas, n’est plus un calcul et une posture mais une évidence toute simple, simplement humaine, sereine, souriante, et si réconfortante, sans art, sans artifice et sans catéchisme.
Encore un exemple que ce que ni la politique, ni la religion ne peuvent réaliser pour la Nouvelle-Calédonie et que “nous” réaliserons avec encore plus de force dés que vous m’aurez rejoints dans ce combat pour le peuple.
Très interessant, bravo.
Destin commun, promotion partisane, promotion ethnique… L’art pour l’art est un idéal bien lointain.
“Telle est la situation de la politique, que le fascisme traduit en esthétique. Le communisme répond en politisant l’art.” W. Benjamin
Les élucubrations de Tardy commencent à lasser le lectorat du blog, à peine mille lecture et 17 interventions dont 9 de Tardy lui même, ça frise l’égo trip transit…
Bah au moins t’as lu c’est l’essentiel !!! 🙂 Alors monsieur 8% t’as bien dormi ?
J’ai même pas lu, cela m’a paru de loin d’un rébarbatif…
Je suis contre CE donc mon parti fait 73 %.
Oui je sais Rigo, tu ne lis que quand c’est écrit gros et quand y’a des images.
Ce que je trouve vraiment dommage par contre c’est que les deux excellents billets sur la police et la mairie de Nouméa “lettre ouverte au maire” et “ingouvernable police” réunissent à peine 1000 lecture et 10 à 20 commentaires. Il y a pourtant là un problème crucial et toute l’illustration de l’incompétence, des compromissions et de l’impuissance de la mairie RUMP de notre capitale. Que ce soit Lèques, Yanno ou Briault…
http://video.planet.fr/a-la-une-mourad-boudjellal-il-y-beaucoup-de-gens-qui-oublient-que-dieu-c-est-hypothese.355293.12214.html
Bof ! Si la religion n’a plus le droit de l’ouvrir en politique,
je me demande
– de quoi parleront les pasteurs au temple le dimanche
– qui gueulera contre le mariage pour tous et contre la pilule
– qu’ess que justifie encore l’existence du FN
– comment les curés trouveront-ils du boulot pour leurs gosses
… et le pauv’ PF perd les 6% qui lui restent (Rire)
C’est vrai, t’as pas tort Sagamore (tiens ça rime !), mais t’as vu, les culs bénis homophobes anti mariage pour tous, et bah ils sont bien sortis de la politique et ils sont bien rentrés à la maison, la honte pour eux tous…. For the times they are a-changin’
Destin, oui, commun, pas sur… Ou qui avec qui?
Désolé nam mais votre prose est complètement décousue, c’était mieux avaan…
Vous vous demandez à quoi servent les églises, temples, synagogues et autres : moi aussi. Mais je sais à quoi ils ne servent plus, depuis 1905 ils ne servent plus à orienter politiquement leurs fidèles dans leur choix démocratique de société.
Oui Inforétif, mais pour une fois que j’ai des réponses sans insultes et sans rengaines… 😉 Et cette réponse ouvre quand même un peu le dialogue.
La présence de Jean-Yves Faberon à la tête de l’organisation de ce synode “politique et religion” n’est pas anodine. Le grand prêtre juriste du RUMP à même été chargé de lancer cette affirmation gratuite et complaisante “Ici, la religion fait consensus.”. Si notre savant savait déjà les conclusions de son ruineux colloque, à quoi bon l’organiser ? Va-t-il être aussi chargé de monter un nouveau voyage organisé au Vatican pour son chef ?
Ne pas oublier que dans le nouvel organigramme du RUMP Faberon avait des responsabilités et une mission bien précises…
Nouveauté dans cet organigramme, la création de deux comités. Un comité d’éthique qui, explique Pierre Frogier est composé d’ « anciens » du parti et qui est « garant des valeurs du Rump ». On y trouve autour de Maurice Ponga, Georges Naturel, Pierre Maresca, Yves Tissandier, Françoise Xolawawa ou encore Eliette Cognard. Un autre comité est chargé d’élaborer le projet institutionnel de l’après 2014-2018, autour de Bernard Deladrière avec notamment Pierre Bretegnier, Guy Agniel, Léontine Ponga ou Jean Yves Faberon et Michel Quintard.
Ah ! Quand Jeffrey prend de la hauteur, je le trouve bon, paradoxalement bon.
Mes chers parents je vole ! 🙂
Attention au soleil.
Rien que du vrai dans ce billet de Tardy, hélas pour la Calédonie.
Oui, en vérité je vous le dis…