L’UC est une religion

L’Union Calédonienne : plus vieux parti de Calédonie, Lenormand, Declercq, deux couleurs une seul peuple, Jean-Marie Tjibaou… l’UC, ça n’est plus de la politique, c’est même au-delà de l’histoire, c’est déjà du domaine du mythe.

Mais aujourd’hui le mythe est bien écorné. À Canala, réunis en congrès, les délégués et militants de l’UC se sont retrouvés pour parler des prochaines échéances municipales et provinciales. Gardez-vous bien des comptes rendus qui en seront faits dans la presse officielle, parce que la réalité est toute autre : en fait, des heures durant, les sections de bases se sont engueulées… Le combat âpre n’était pas idéologique, il ne concernait pas l’indépendance, il n’était même pas politique, on n’a à peine parlé du projet, il s’est agi de déterminer qui allait occuper quelle place sur les listes. Et croyez-moi, on ne s’est rien épargné !

Bien sûr nous retrouvons Wamytan, Tyuienon, Hnépeun, mais tout le monde n’est pas forcement d’accord. Dans le Sud, Wamytan n’est pas accepté partout ainsi à Yaté ou à l’Île des pins et tout le monde ne veut pas non plus de Lecren. Dans le Nord, le choix de Caroline Machoro aurait été bien plus judicieux. Quant aux îles, c’est la grosse bagarre entre les trois îles dont Jacques Lalié pourrait faire les frais. Tout cela a fait l’objet de plusieurs heures de débat au cours desquelles des noms d’oiseau ont été parfois échangés. Tout cet étalage pour montrer que tout ne va pas toujours bien à l’Union Calédonienne contrairement à ce que le plus important parti indépendantiste souhaiterait faire croire. Et ce n’est là que l’écume des choses. La réalité de l’Union Calédonienne, c’est que le parti ne laisse pas de place aux jeunes, mais à des vieux caciques qui n’ont plus rien à faire à dire ni à proposer. Les jeunes kanak diplômés ne se retrouvent pas dans ce parti qui n’a rien à leur proposer, eux qui n’ont pas l’intention de se contenter des quelques miettes que pourraient leur laisser des hommes qui n’ont ni leur instruction ni leur culture et à qui pourtant on leur demande d’obéir. Sans parler des femmes qui, dans ce parti qui n’a jamais beaucoup défendu la parité hommes femmes en politique, se trouvent souvent réduites aux rôles subalternes.

L’union Calédonienne, passée de Jean-Marie Tjibaou à Daniel Goa et l’on peut le déplorer, n’a plus grand-chose à mettre en avant, on cherche encore l’alternative qu’elle pourrait susciter. Politiquement, l’UC reste désormais étonnamment silencieuse. Et pourtant…

Et pourtant en effet, l’UC ne va pas disparaître pour autant. Bien au contraire. En mars et mai prochain, elle fera toutes ses voix comme elle en a l’habitude, parce que c’est écrit comme ça. Parce que l’on nait Union Calédonienne comme l’on nait catholique ou protestant, l’on se revendique de UC de génération en génération parce que l’UC est une religion… C’est un fait de société, un élément à ne jamais oublier lorsque l’on parle politique en Nouvelle-Calédonie. C’est juste pour que certains ne se fassent pas d’idées pou fasse croire des trucs aux Calédoniens, comme d’éradiquer l’indépendance et tout le bataclan.

Caton