Yanno attaque la falaise

Pour se détendre lorsque le stress de la campagne et de la politique est trop fort, Gaël Yanno va faire des longueurs à la piscine du Ouen Toro, et il compte les petits carreaux du fond du grand bassin. Cet aspect de sa vie, dévoilé dans le portrait que N 1ère lui a consacré, a pu faire sourire, tant il semblait désuet et un peu inapproprié. Cela montrait surtout combien finalement, Gaël Yanno est un peu hors de la campagne, comme s’il ne se sentait pas lui-même, personnellement impliqué.

Parce qu’il voulait évincer Jean Lèques, Gaël Yanno s’est déclaré très tôt, le premier, dès octobre dernier. Ayant intelligemment pris tout le monde de cours, il avait le moyen d’imposer le tempo à tous ses adversaires, les contraindre à marcher à son pas, son rythme, les obliger à s’aligner sur ses positions et donc à faire la campagne… Les choses ne se sont pas passées comme ça, parce que finalement rien n’était vraiment pensé, et qu’à défaut de propositions ou de bonnes idées, ce sont ses bourdes qui ont fait le buzz.

Qu’il le veuille ou non, l’affaire du déménagement de l’aérodrome de Magenta à Koutio a plombé sa campagne. Aujourd’hui Gaël Yanno cherche par tous les moyens à faire oublier qu’il a pu avoir cette idée saugrenue, mais des déclarations ont été faites et des flyers publiés qui prouvent qu’à un moment donné Yanno a cru qu’il fallait avoir ce genre d’idées pour l’emporter. L’incongruité de cette proposition lui a fait perdre toute crédibilité et le candidat Yanno est devenu la risée des dîners en ville…

Honnêtement, je crois aussi que le fait de se faire filmer dans des locaux municipaux devant du matériel municipal, ce que le code électoral réprouve, et de faire croire ensuite, y compris aux membres de son staff, que Jean Leques lui avait accordé une autorisation écrite a entamé sa réputation. Gaël Yanno est capable de ne pas dire la vérité pour masquer ses erreurs !

Ce qui grippe aussi la campagne de Gaël Yanno, c’est son intime et orgueilleuse conviction, qu’il a déjà gagné ! À tel point que le 1er adjoint s’est vraiment interrogé sur la nécessité qu’il avait à mener lui même la bataille. Ses vacances à Venise en janvier dernier pendant que d’autres battaient le pavé de la campagne, attestent de cette suffisance et ses équipes ont dû le rappeler à la raison.

Si cela peut sembler être l’écume des choses, Gaël Yanno fait aussi une faute politique majeure. Il croit que le fait d’avoir quitté le Rump et de se désolidariser de Pierre Frogier, l’exonère du passé. Il s’estime sauvé du péché d’avoir élevé le drapeau du FLNKS au fronton de la mairie, parce qu’il n’est plus au Rump ! Mais on ne peut faire campagne en misant sur l’amnésie des électeurs, les choses ne marchent pas comme ça. D’autant que la campagne de Gaël Yanno, que ses équipes mènent actuellement sans programme, est sans relief ni saveur. À l’exception des ralliés que sont Blaise et Lafleur, aucune personnalité nouvelle et de premier plan ne semble avoir eu l’envie de rejoindre sa cause. Les anciens du conseil municipal de Nouméa sont assurés d’être en position éligible. Du coup, le Nouvel Élan dont se targue Yanno n’emporte pas grand grand-monde.

Caton