« L’homme autiste qui murmurait à l’oreille des sourds et des malentendants »

Telle pourrait être le titre de ce mauvais vaudeville auquel se livre depuis 2 ans notre sénateur Pierre FROGIER !

La situation devient tellement aberrante qu’elle mérite qu’on s’attarde quelques instants sur cette forme de schizophrénie politique.
Voilà un homme, qui depuis 2 ans, nous dispense de grandes leçons sur l’originalité subtile du consensus en Nouvelle-Calédonie, qu’il serait le seul à comprendre à pratiquer et à cultiver, et dont les arcanes n’auraient plus aucun secret pour lui.

L’acte 1 de cette mauvaise pièce se situe 2 ans en arrière avec la montée du drapeau indépendantiste.

Ce fût pour notre sénateur une séquence « émotions » avec force larmes et cérémonies.
Ce drapeau n’en finissait plus de monter. On commença par la Province Sud, le Gouvernement, on poursuivit sur les communes amies dont celle du Mont-Dore qui inaugura même une « place des accords » et on termina par la Mairie de Nouméa tout en fustigeant les communes qui traînaient (La Foa par exemple).

Rien n’était assez grand, rien n’allait assez vite. Il fallait tout, tout de suite car c’était ça le consensus et le préalable à l’avenir institutionnel du  territoire !

La preuve… à Ouvéa on avait monté le drapeau français !

« Ce marathon de la levée » qui aurait pu faire pâlir de jalousie notre multi-médaillé des jeux du Pacifique Alain Lazare, fut une consécration.
Au triple galop Pierre FROGIER enchaîna par son désengagement de la députation pour aller chercher un poste au Sénat sans passer par la case « suffrage universel » plus conforme à son rythme de travail quotidien (il fait, ou faisait un footing tous les matins quand même), par la mise au point de son « bavardage politique », par la visite au pape, pour terminer par l’onction du Président de la République, qui au passage précisa que ce drapeau était provisoire… !

Bref la vie et le destin souriait à cet homme qui nous avait engagé sur la voie du dialogue comme on s’engage en religion. Il développa son orthodoxie en désignant son « Torquemada » en la personne du maire du Mont-Dore impatient d’en découdre et de brûler sur le bûcher les hérétiques contestataires.

Nous entrions dans une nouvelle ère de paix et les indépendantistes n’en étaient plus vraiment, nous expliquait un Pierre FROGIER au sommet de sa prose. Nos anciens adversaires avaient enfin compris le message envoyé par la montée du drapeau indépendantiste et allaient gentiment accepter la proposition d’accord consensuel qui leur serait proposé courant 2014, car ils étaient devenus des partenaires.
Emporté par son élan hédoniste, Pierre FORGIER offrait à Roch WAMYTAN la présidence du Congrès.

Et c’est là qu’intervint l’acte 2,… les élections législatives !

Pour Pierre FROGIER ce ne fut pas un électrochoc… Les calédoniens n’avaient tout simplement pas compris et les candidats YANNO et GAY avaient fait une très mauvaise campagne.

Il était donc inutile de remettre en cause cette stratégie qui consistait à peaufiner le bavardage politique du chef !

La stratégie ainsi confirmée, Roch WAMYTAN devenait l’incontournable candidat du Rassemblement pour une nouvelle présidence du Congrès et sa réélection fut assurée par les élus du RUMP … et de Calédonie Ensemble !

La création du MPC, considérée comme une trahison, fut la conclusion de cet acte 2 où, pince sans rire, notre sénateur volubile, engagé dans une introspection salvatrice, déclamait par RRB interposé qu’il était le seul à pouvoir discuter avec les indépendantistes et qu’il n’y avait de toute façon pas d’autre façon de faire.

Il s’était permis entretemps d’imposer au Maire de Nouméa l’installation de la tribu dans la ville à la Baie de la Moselle avec les conséquences qu’on sait.

L’acte 3 fût la conclusion logique d’une déambulation erratique aux confins de la compromission avec la demande de Roch WAMYTAN, d’interdire de vote 6700 personnes dont les noms à consonances européennes, semblaient indiquer clairement leurs intentions de votes… !
Et là… fin du vaudeville et début de la tragédie.

Notre sénateur avec son état-major au complet découvraient qu’il demeurait des indépendantistes en Nouvelle-Calédonie…

Pour incroyable qu’elle fût pour eux, cette découverte imposait de faire quelque chose. Ainsi fût enfourché par le chef, le destrier du preux chevalier redresseur de torts.

Il partit à la charge de l’état et de ses représentants.

Non mais … que faisait donc le premier ministre hier encensé, et quelle mouche avait piqué …le FLNKS, car d’attaque contre son ami de la coalition WAMYTAN, il n’en était point question.

La tragédie prit l’ampleur qu’on lui connaît aujourd’hui, quand, du haut de ses presque 2 mètres, l’écuyer SANTA menaça à son tour d’aller chercher 6.000 noms à consonance Kanaks sur les listes électorales des communes du Nord.
Tout ça pour ça monsieur le sénateur !

Deux ans de comédie pour finir en tragédie car c’est bien de cela dont il s’agit. Une tragédie dont vous êtes en grande partie responsable, soit par angélisme, soit par incompétence.

Existe-t-il une morale à cette dramatique histoire qui voit le RUMP au commande depuis 5 ans se prendre le revers le plus prévisible et le plus pathétique qui soit, remettant en cause ce fragile équilibre institutionnel ?

Il n’existe à ce stade, malheureusement, que de simples questions.

Pourquoi Pierre FROGIER n’a pas respecté sa parole quand il écrivait dans son programme provincial de 2009 qu’il fallait un référendum en 2014, référendum qu’il dénonce aujourd’hui ?

Pourquoi Pierre FROGIER a-t-il cru qu’il n’y avait plus de revendication indépendantiste ?
Pourquoi a-t-il fait ce cadeau de la levée du drapeau indépendantiste sans contrepartie ?
Pourquoi n’a-t-il pas été capable d’anticiper ce coup bas de Roch WAMYTAN ?
Pourquoi croit-il que les indépendantistes ne veulent que lui pour négocier, après tous les cadeaux qu’il leur a fait ?
Pourquoi ses lieutenants n’ouvrent pas les yeux ?
Pourquoi se pose-t-il en rassembleur du camp loyaliste alors qu’à Boulouparis il n’est même pas capable de mettre de l’ordre dans sa propre structure laissant deux de ses soutiens se déchirer pour la mairie (Alain LAZARE contre Pascal VITTORI) ? Est-ce ça l’exemple à suivre, la cohérence politique ?

Quelle confiance peut-on conserver pour un homme qui vous dit la chose et son contraire avec le même aplomb en justifiant ses incohérences par des incantations politiques ?

Quelle place faut-il au final accorder au RUMP et à ses représentants pour ces élections qui s’annoncent décisives pour l’avenir des habitants de ce territoire ?

Et des questions il y en a encore tant d’autres …

Force est de constater que cet homme qui n’écoutait que lui-même, parlait à des partenaires qui faisaient, eux, semblant de l’écouter… !