Du rêve à la réalité

Pierre Frogier faisait grise mine. Plus que davantage. Au soir du premier tour des élections municipales, il a pris conscience d’une réalité qu’il niait depuis trop longtemps : le Rassemblement n’existe plus. Sans doute sauvera-t-il sa peau au Mont-Dore et à Dumbéa, mais quel constat ! Le parti de Jacques Lafleur, le parti des accords, n’a quasiment plus aucune représentation en brousse, il va perdre Nouméa, George Naturel après seulement six ans de mandat ne fait que 37 %, quant à Éric Gay, le voilà contraint à un second tour… À quoi peut donc maintenant prétendre le Rassemblement pour les municipales ?

Gaby Briault faisait grise mine. Au soir du premier tour des élections municipales, il a pris conscience d’une dure réalité : il ne serait jamais maire de Nouméa. Comment d’ailleurs a-t-il bien pu y croire ? Fallait-il être éloigné des réalités de terrain pour imaginer une telle perspective ! Il n’y a donc jamais loin du Capitole à la Roche Tarpéienne ! Pour se sauver les miches, Briault n’a désormais plus à son crédit que quelques combinazione d’entre deux tours pour espérer une prébende et survivre encore un peu au discrédit.

Gaël Yanno faisait grise mine. Au soir du premier tour, il a pris conscience d’une dure réalité : l’UCF n’est pas un parti. Durant ces dernières semaines, Yanno et ses alliés nous ont vendu la soupe de l’union et du rassemblement, mais l’UCF n’existe nulle part ailleurs que dans les quartiers sud de Nouméa. Les candidats patraques qu’il est allé se chercher dans les communes de l’agglo n’ont fait qu’un petit tour et confirmé que l’UCF est un phénomène exclusivement nouméen ! Et cela aussi va peser pour les provinciales.

Jean Lèques faisait grise mine. Sans doute a-t-il pris conscience qu’en tant que candidat, il aurait fait un meilleur score que Briault. Et comment va-t-il faire maintenant pour empêcher Yanno, son ennemi intime, d’accéder à la mairie ?

Les indépendantistes à Nouméa faisaient grise mine. Au soir du premier tour, ils ont pris conscience d’une dure réalité : il ne faut jamais croire les sondages. Une enquête TNS réalisée en début d’année et qui circulait sous le manteau donnait Marie-Claude Tjibaou à 14 % ! Comment certains ont-ils pu y croire ? Elle ne dépasse pas la barre des 5 %…

Et pour le reste, que dire ? Maintenant que les électeurs ont parlé, il faut les entendre. Au Mont-Dore, à Païta, à Dumbéa, pour bousculer des systèmes en place depuis longtemps, il n’y a d’autre alternative que des unions, et déjà les candidats Calédonie Ensemble déclarent être ouverts aux discussions. Mais l’argument selon lequel dans ces communes, c’est une forte et évidente volonté de changement qui s’est exprimée, justifie-t-elle des alliances avec les candidats de Yanno et Lafleur ? C’est quand même un peu la quadrature du cercle…

Toujours est-il qu’il y a une place pour le changement dans les quatre communes de l’agglo. Encore faut-il que les électeurs se mobilisent, c’est ce sur quoi cette semaine vont travailler les listes en présence.

Caton