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La charte du peuple kanak : un outil de combat

Par JNC -

27/04/2014

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Aucun responsable loyaliste n’assistait ce 26 avril à la restitution de la Charte du peuple kanak, édictée par le Sénat coutumier. Il faut dire que le texte est une sorte de constitution coutumière de Kanaky.

Les chefs coutumiers, réunis au sein du Sénat Coutumier, n’ont jamais accepté que l’accord de Nouméa cantonne leur institution à l’exercer qu’un rôle consultatif. Empêchés d’entrer par la porte, ils entrent par la fenêtre en délivrant cette Charte du peuple kanak, un texte qui consacre définitivement le Sénat Coutumier comme une émanation du FLNKS.

Remise en cause

La charte ne se cantonne pas de mettre par écrit certains points majeurs de la coutume, on n’en retient surtout les orientations politiques. Le Sénat coutumier se veut d’ailleurs le seul représentant du peuple kanak dont la seule aspiration demeure l’indépendance. Par le biais du Senat coutumier, les chefs coutumiers cherchent à outrepasser leur rôle, c’est ainsi que la charte précise que « la Légitimité coutumière Kanak est antérieure à la légitimité démocratique apparue avec l’État politique institué en France puis installé en 1853 en Nouvelle-Calédonie…/… Elle doit trouver les moyens de son expression dans toutes les institutions du Territoire et de l’État pour exprimer la sagesse, la morale, l’esprit de responsabilité et la spiritualité Kanak ».

Partant de ce principe, les coutumiers cherchent à imposer leur vue dans un certain nombre de secteurs. Ainsi en terme économique : rien ne peut se faire sans le « consentement préalable, libre, éclairé et en connaissance de cause » des chefs coutumiers et « ces exigences s’imposent quel que soit l’état de la législation provinciale, territoriale ou nationale en vigueur ».

Un développement économique entre parenthèses puisque « la terre fait partie d’abord d’un patrimoine culturel avant d’être un levier économique » ! Économie, éducation, relations avec les autres, mais aussi justice et les chefs coutumiers remettent en cause l’État de droit en réclamant que : « dans un souci de bonne administration de la Nouvelle-Calédonie, la coexistence et l’articulation des deux systèmes souverains d’administration de la Justice, l’un coutumier, l’autre national, doit être organisée ».

L’assemblée du peuple kanak

La Charte s’achève par l’annonce de la création de cette Assemblée du peuple kanak chargée « d’exercer les attributs de la souveraineté autochtone Kanak jusqu’à ce qu’un nouveau Contrat Social soit fondé avec les autres composantes de la Nouvelle-Calédonie » !

La charte précise à cet effet que « toute institution de l’État ou du Territoire dédiée à la gestion des composantes de l’Identité Kanak et de la Coutume devra nécessairement émaner des chefferies et donc de l’assemblée du peuple kanak ». Il n’aura échappé à personne que nulle part il y est question du suffrage universel et de la souveraineté du peuple à choisir ses représentants et ses chefs. La lecture de ce texte est vivement recommandée…