Pour l’avenir de nos enfants ?

Après des années de guerre politique entre loyalistes, on espérait que la dernière ligne droite de l’accord de Nouméa obligerait les grands partis à se montrer plus soucieux de l’intérêt des Calédoniens que de leur soif de pouvoir.

La palme de l’irresponsabilité, de l’égocentrisme et de la stratégie politicienne revient comme d’habitude à Philippe Gomes.

Il porte la lourde responsabilité d’avoir fait échouer l’Union des loyalistes dans le Nord. Ses communiqués et manœuvres de dernière minute ne tromperont personne. Il a franchi la limite inacceptable, démontrant que sa volonté d’hégémonie valait bien le sacrifice politique des calédoniens de la province Nord.

Si des sièges manquent aux loyalistes pour former une majorité au Congrès, il faudra lui rappeler la gravité de ses actes.

Pour démontrer qu’il a toujours raison, il se présente, dans ses propres discours, comme l’unique recours pour l’avenir de la Nouvelle-Calédonie. Sur le mode “après moi le déluge”, nous sommes heureux d’apprendre que les responsables indépendantistes “ne sont pas des poulets du jour” et qu’il est le seul candidat aux provinciales légitime et capable de dialoguer avec eux.

L’impasse politique dans laquelle nous sommes et la situation économique de la Nouvelle-Calédonie montrent qu’il est temps d’associer les nouvelles générations d’élus à la construction de notre avenir : ceux qui vivront la NC de demain ont au moins autant de légitimité que ceux qui l’ont dirigée jusqu’ici !

Le courage politique a cependant cruellement manqué à Philippe Gomes ces dernières années. Son équipe et lui sont restées bien au chaud, sans prise de risque : Éclatement volontaire du pacte républicain à la province sud, membres du gouvernement grévistes sous prétexte de secteurs “pas assez valorisants” (les fonctionnaires apprécieront), bilan parlementaire inexistant … Ne prendre aucune décision qui pourrait être impopulaire, ne participer à aucune réforme qui pourrait fâcher : Dénigrer et se cacher en attendant son heure.

Cette élection sera aussi l’occasion d’observer deux candidates qui se lancent dans la bataille des provinciales : Cynthia Ligeard et Sonia Backes.

Deux femmes courageuses, deux styles différents.

La représentante du Rassemblement-FPU a beaucoup de qualités mais a aussi un petit caillou dans la chaussure, une épine dans le pied : son Président Pierre Frogier.

Convaincue de l’impopularité de celui qui a affaiblit considérablement la grosse machine Rassemblement par ses initiatives politiques dangereuses, le choix a été fait de ne pas le faire figurer sur la liste en province Sud. Liste d’ailleurs uniquement composée des plus fidèles, qui reflète la peur de gérer la démocratie interne, peur de ceux qui pensent par eux mêmes … qui sont d’ailleurs déjà tous partis du rassemblement.

Plus de logo UMP, plus de bleu blanc rouge mais du orange et du vert qui sont par ailleurs les couleurs de l’UC ! une image lisse et féminine, un troisième accord mystérieux dont on découvrira le contenu après les élections …

C’est bien moins agressif que Calédonie Ensemble mais aussi insidieux : essayer de nous faire croire par cette manœuvre que Frogier n’est plus aux commandes, que le rassemblement est prêt à montrer plus de fermeté dans le dialogue avec les indépendantistes et à s’éloigner de “l’indépendance association”.

Pourtant la faiblesse de Pierre Frogier, qui n’est aujourd’hui qu’une épine dans le pied de la douce Cynthia deviendra demain infection puis gangrène pour la Nouvelle-Calédonie.

Reste dans l’arène une nouvelle formation politique qui a bousculé les équilibres. L’UCF, composée de candidats expérimentés et de nouveaux venus, suscite la curiosité et l’adhésion en réussissant plus de 15 000 électeurs lors des municipales après seulement quelques mois d’existence.

Même si l’équipe de Sonia Backes devra encore faire ses preuves lors de ces élections provinciales, il faut saluer d’ors et déjà le courage de ceux qui ont quitté le rassemblement dont ils ne partageaient plus la ligne politique, privilégiant l’union avec d’autres partis loyalistes.

Qu’on aime ou pas, c’est une façon différente de faire de la politique, de préparer une nouvelle génération aux responsabilités, de présenter un projet institutionnel clair, de rappeler sans complexe l’attachement de la NC aux valeurs de la République, de ne pas avoir peur de ses convictions et de prôner un dialogue ferme et respectueux avec les indépendantistes.

Nous sommes tous préoccupés par l’avenir de nos enfants. Le choix que nous ferons le 11 mai est essentiel. Il ne faut pas se tromper …